Saint Charlemagne
par Jean Vaquié
Je voudrais donc vous donner quelques explications sur deux termes que l'on rencontre fatalement quand on lit des textes de l'époque retranscrits dans les histoires modernes romancées ou pas. Ce sont les deux termes de :
- MANZER
- et de CONCUBINES
Voyons donc la signification réelle de ces deux mots : concubines et manzer, dans les textes anciens.
CONCUBINES
Dans l'Antiquité romaine et jusqu'aux Carolingiens on nommait concubine une épouse parfaitement légitime du point de vue des lois civiles et religieuses, droit impérial, droit canon, mais qui n'était pas de naissance égale. Ce pouvait être néanmoins une fille noble. Mais si un FILS DE ROI épousait une femme qui n'était pas une FILLE DE ROI - cette femme fut-elle noble - était dite "CONCUBINE".
MANZER
Le terme "manzer" est d'origine hébraïque. Il était employé, chez les Latins, pour désigner les enfants des concubines. De nos jours, on traduit souvent MANZER par BÂTARD en lui donnant ainsi la connotation d'IL-LÉGITIMITÉ. C'est une erreur. Un enfant "manzer" n'est pas "illégitime" puisque la "concubine" n'est pas une femme illégitime.
Nous allons donner quelques exemples.
1 - CHARLES MARTEL était fils d'une Concubine car sa mère n'était pas d'un rang égal à son père. Il était donc MANZER mais non pas BÂTARD.
2 - Sainte HÉLÈNE, la mère de Constantin, est dite "concubine" de Constance-Chlore parce qu'elle n'était pas Romaine (elle était de Bithynie, Pont-Euxin). Elle avait épousé Constance-Chlore quand il n'était encore qu'officier dans la garde prétorienne. Lorsque Constance-Chlore accéda à l'Empire, il répudia sainte Hélène parce qu'elle n'était pas Romaine, ce qui n'empêcha pas leur fils Constantin d'accéder à l'Empire, proclamé Empereur par les troupes de Grande-Bretagne, de Gaule et d'Espagne.
Le sens de ces deux mots Manzer et Concubine doit être connu quand on lit l'histoire de Charlemagne. Dom Guéranger s'est beaucoup intéressé à la question des CONCUBINES de Charlemagne. Il a montré qu'il avait été plusieurs fois veuf et qu'il s'était remarié plusieurs fois.
Ce qui est certain c'est que Charlemagne a été CANONISE. Sa canonisation a eu lieu le 29 DÉCEMBRE 1166, c'est-à-dire 352 ans après sa mort. A cette époque, les canonisations n'avaient pas encore été mises au nombre des CAUSES MAJEURES et donc réservées au Saint-Siège. Les canonisations étaient opérées par les ORDINAIRES. La Canonisation de Charlemagne fut faite par Renaud, archevêque de Cologne et Alexandre, évêque de Liège. Ils enlevèrent la terre et exposèrent les ossements de Charlemagne à la véné-ration des fidèles. Ce jour-là, 29 décembre, est celui où le martyrologe romain fait mention de saint DAVID qualifié de "Roi et Prophète".
La coïncidence de cette canonisation et de cette fête milite pour suggérer :
- que ces deux Rois sont revêtus de la même Royauté,
- et que la royauté franque (française) est de la même NATURE SURNATURELLE que la royauté davidique et qu'elle prend sa suite.
La canonisation est le 29 décembre mais la fête de saint Charlemagne fut fixée au 28 janvier, jour anniver-saire de sa mort.
Nous allons voir que la canonisation du 29 décembre 1166 fut marquée par un MIRACLE PUBLIC extrême-ment symptomatique.
On peut lire dans les ACTA SANCTORUM à la date du 28 janvier, ce qui suit :
"La troisième nuit, après la canonisation de Charlemagne (c'est-à-dire dans la nuit du 31 décembre 1166 au 1er janvier 1167) TROIS FLAMBEAUX, divinement allumés, parurent au sommet de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle où repose son corps. Brillants d'une clarté admirable, ces trois flambeaux ont été vus d'une multi-tude de gens. Ces mêmes flambeaux, de splendeur céleste, firent trois fois le tour de la CROIX qui surmonte le sommet de cette église. Et ils illuminèrent des lieux fort distants en tous sens". (fin de citation)
Ce passage des "Acta Sanctorum" fait donc état, à trois reprises, du chiffre 3 :
- la 3è nuit après la canonisation,
- les 3 flambeaux,
- les trois tours décrits par les flambeaux.
Comment ne pas voir dans ces 3 chiffres 3 le symbole et donc la manifestation de la SAINTE TRINITÉ.
Expliquons le symbolisme du chiffre NEUF.
La Sainte Trinité peut être symbolisée numériquement de plusieurs manières.
On peut la symboliser par le 3.
On peut la symboliser par le 9.
Il y a DEUX CHOSES A SYMBOLISER :
- la DISTINCTION DE PERSONNES in Personis Proprietas
- et l'UNITÉ DE L'ESSENCE in Essentia Unitas
La Distinction des PERSONNES est symbolisée par la TRIPLE RÉPÉTITION d'un nombre. Reste à choisir ce nombre.
L'Unité de L'ESSENCE sera symbolisée adéquatement si le chiffre pour la triple répétition marque bien que : UNE PERSONNE A AUTANT QUE TROIS. Et ce résultat n'est pas obtenu avec le chiffre 1. Mais il l'est avec le chiffre 3. - Un bon symbolisme de la Sainte Trinité est donc : 9 : 3-3-3. D'où la TRIPLE INVOCATION DU KYRIE. D'où aussi l'heure de la mort de Jésus : "et il était environ la 9è heure".
On peut donc bien dire que cette nuit-là, 3è nuit après la CANONISATION, la Sainte Trinité s'est manifestée en faveur, en confirmation de la FOI de Charlemagne. Et elle l'a fait par des Flambeaux pour bien montrer que Charlemagne avait été un ILLUMINATEUR (ce que nous savions déjà par son nom de CAROLUS).
Les ossements de saint Charlemagne se trouvent dans la chambre du TRÉSOR d'Aix-la-Chapelle, au côté des reliques des vêtements de la Sainte Vierge, les deux reliquaires étant placés côte à côte. Aucune révo-lution, aucune invasion, n'a profané ni l'un ni l'autre de ces deux reliquaires. A noter que le CHEF de Charlemagne a été soustrait et donné à la cathédrale d'OSNABRÜCK (à la frontière germano-hollandaise). L'évêché d'Osnabrück avait été fondé par Charlemagne dans l'ancien pays des Saxons dont il fut à la fois le conquérant et l'Apôtre.
La fête de Charlemagne, au 28 janvier, est restée inscrite au propre de beaucoup de diocèses en France, notamment au diocèse de Paris et de Rouen. Aujourd'hui elle ne subsiste plus qu'au diocèse d'Aix-la-Chapelle. Il faut noter qu'à Rome il existe encore aujourd'hui une toute petite église dédiée à Charlemagne conjointement à saint Michel. Elle se trouve auprès de l'entrée de la Basilique Vaticane, du côté Sud, der-rière la colonnade du Bernin.
Un dernier trait, confirmant la Sainteté de Charlemagne (et donc l'authenticité de sa canonisation). Quand Jeanne d'Arc fut à Chinon, en présence de Charles VII, parmi les paroles qu'elle adressa au Roi, on remar-que celles-ci : "Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple car saint Louis et saint Charlema-gne sont à genoux devant Lui en faisant prière pour vous".
Trois Jalons symboliques accompagnent la CANONISATION de Charlemagne :
1 - l'occurrence de la saint David le 29 décembre,
2 - le miracle des Trois Flambeaux,
3 - la mention de saint Charlemagne comme intercesseur de Charles VII auprès du Trône de Dieu.