Le massacre de la légion thébaine – 6600 Hommes – qui eut lieu aux temps du tyrannique empereur Dioclétien que j’extraie de « La Fleur des Saints » du Père Ribadeneira, nous est rapporté par saint Eucher, évêque de Lyon, dans une lettre adressée à l’évêque Salvius.
Pourquoi un tel massacre ? Parce que le prince Maximien avait ordonné à cette légion – qu’il avait fait venir d’Orient spécialement – d’aller, avec d’autres troupes, enlever les chrétiens, parmi lesquels des hommes, des femmes et des enfants de tous âges, et de les conduire à la mort.
Devant le refus motivé des chefs chrétiens de la légion, le tyran exerce une première contrainte : il fait décimer (un sur dix) la légion, ce qui provoque le massacre de plus de 600 soldats chrétiens.
« La fureur qu’elle excita dans l’esprit de ce prince fut si violente, qu’il commanda sur –le- champ qu’on décimât la légion, afin que ceux que le sort aurait épargné, épouvantés par le danger qu’ils venaient d’éviter, et par la vue de leurs compagnons égorgés à leurs yeux, se résolussent d’obéir ; mais ni ce triste spectacle, ni la crainte d’une pareille destinée, ne purent les ébranler. Ils s’écrièrent tous qu’on ne verrait jamais leurs mains souillées du meurtre de leurs frères, ni fumantes de leur sang innocent ; qu’ils détestaient le culte impie des idoles, qu’ils étaient des adorateurs du vrai Dieu, et qu’ils endureraient les dernières extrémités, et la mort même, plutôt que de faire quelque chose contre la religion qu’ils professaient. »
Le premier massacre n’ayant en rien l’attitude des légionnaires, et leurs propos ayant été rapportés à Maximien, il exerça une nouvelle contrainte : il fit décimer une seconde fois
« Cela ayant été rapporté à Maximien, il ordonna qu’on décimât une seconde fois, et qu’on ne laissât pas ensuite de contraindre ceux qui resteraient à exécuter ses premiers ordres. La légion fut donc encore décimée ; mais le reste, sans s’étonner, persévéra toujours dans le même refus ; les officiers et les soldats s’exhortent mutuellement les uns les autres à demeurer fermes dans une si belle résolution. Mais celui qui leur inspirait le plus cette admirable fermeté, était saint Maurice, leur colonel, auquel se joignirent Exupère, maréchal de camp, et Candide, prévôt de la légion. Ces trois officiers ne cessaient de leur représenter la sainteté du serment qu’ils avaient fait à Jésus-Christ, la fidélité qu’ils lui devaient comme à leur véritable empereur ; qu’il était beau de mourir pour la défense de la loi de Dieu ; que l’exemple de leurs compagnons qu’ils voyaient étendus sur la poussière, comme autant de victimes sacrifiées à Dieu, les devait merveilleusement encourager ; que du haut du ciel, où ils venaient de monter, ils leur tendaient la main, et leurs montraient des couronnes toutes pareilles à celles qu’ils apercevaient briller sur leurs têtes. Ces trois grands hommes n’eurent pas de peine à allumer dans le cœur de leurs soldats, ce feu divin dont ils brûlaient eux-mêmes »
Leur foi, non moins que leur déférence vis-à-vis de l’autorité est parfaitement illustré par les motifs invoqués :
« Tous soupiraient après le martyre. Ainsi animés de ce beau feu, ils firent présenter à Maximien un écrit conçu à peu près en ces termes : Seigneur, nous sommes vos soldats, il est vrai, mais nous sommes aussi les serviteurs du vrai Dieu, et nous nous faisons gloire de le confesser. Vous nous avez honoré de la milice ; mais nous devons à Dieu le don inestimable de l’innocence. Nous recevons de vous la solde comme une récompense due à nos travaux ; mais nous tenons de Dieu la vie, comme un don purement gratuit, et que nous ne pouvons jamais mériter. Il ne nous est donc plus permis d’obéir à notre empereur, dès que notre Dieu nous le défend : oui notre Dieu, et le vôtre, seigneur. Commandez-nous des choses justes, vous nous trouverez soumis, obéissants, prêts à tout entreprendre pour votre service et pour votre gloire. Montrez-nous l’ennemi, et nous répondons de sa défaite, nos mains n’attendent que votre ordre pour se tremper dans le sang ; mais nous ne répandrons jamais celui de nos frères, de vos sujets…… »
« ….Au reste, qu’on n’appréhende rien de notre désespoir ; la crainte de la mort n’armera point nos mains pour repousser celle qu’on voudra nous donner ; et notre empereur, quoique acharné à notre perte, ne nous en sera pas moins respectable. Nous ne parerons point les coups qu’il nous fera porter, et nous ne nous servirons point de nos armes pour empêcher l’exécution de ses ordres, quelques injustes qu’ils soient. Nous aimons donc mieux mourir nous-mêmes que de faire le moindre mal à nos frères, et entre mourir innocents et vivre coupables, il n’y a pas à balancer aux choix. Enfin nous sommes chrétiens, nous ne pouvons nous résoudre à verser le sang des chrétiens »
On devine la suite
« Maximien s’étant fait lire cet écrit, également fort et respectueux, et n’espérant plus de pouvoir vaincre la constance de ces généreux chrétiens, se résolut de les faire passer tous par le fil de l’épée. Nos saints voyant approcher les soldats l’épée nue, mirent bas les armes ; présentant la gorge aux bourreaux, ils recevaient le coup mortel sans pousser la moindre plainte. Ils auraient pu vendre bien cher leur vie ; et fort de leur nombre et de leur valeur, faire sentir aux soldats qui les massacraient qu’il n’était pas si facile de la leur ôter. Mais se ressouvenant que Celui qu’ils adoraient et pour l’amour duquel ils mourraient, semblable à un paisible agneau, n’avait pas même ouvert la bouche pour se plaindre de l’injustice de ses ennemis ; ils se laissèrent déchirer comme d’innocentes victimes, qu’une bande de loups affamés ont assaillies dans un lieu écarté. La terre fut en un instant couverte de corps, ou morts ou mourants, et de longs ruisseaux de sang coulaient de tous côtés »
Chaque fois que je lis ce texte j’en ai les larmes aux yeux et des frissons dans le dos.
Que l’exemple de ces héroïques légionnaires chrétiens nous aide à méditer et à rester fidèle en vue des difficultés auxquelles nous seront confrontées si Dieu veut que nous soyons toujours en vie lorsqu’elles se présenteront.
Fraternellement en Christ-Roi
René