La subversion de la valeur de travail dans la société moderne
C’est le propre de la société moderne que de subvertir les valeurs comme la liberté, l’égalité, le travail. Toutes ces valeurs, essentiellement subjectives n’ont de sens que si elles sont rattachées à un principe objectif immuable.
Pour la liberté, le principe est la vérité. Pour l’égalité, comme pour la justice : c’est l’équité, c’est à dire « à chacun selon ce qu’il mérité, selon sa contribution au bien commun. »
Qu’en est-il du travail ?
La finalité du travail est la même que celle de toute œuvre proprement humaine: la production d’un bien commun. Le travail se distingue des autres œuvres humaines par son caractère habituel, routinier. L’objet du travail, ce sont les différentes tâches à réaliser pour produire le bien en question. Les tâches sont ordonnées entre elles en vue de ce bien. Par exemple un constructeur de voitures doit d’abord bâtir le moteur, puis après seulement la carrosserie, sans quoi la voiture ne pourra pas rouler.
Encore mieux, un peintre doit à chaque coup de pinceau penser à l’ensemble de son tableau, sinon il ne peint que des taches.
Il y a donc dans tout travail d’une part une intention subjective de produire un bien, qui procède de la conscience : par exemple le peintre qui va se dire ‘tiens j’ai envie de faire un nouveau tableau’ et une intention objective qui est celle déterminant chaque acte, chaque coup de pinceau. Cette intention objective doit être portée à chaque fois sur le même bien : le tableau dans son ensemble, et non pas uniquement la partie en train d’être peinte. Elle a ainsi un caractère répétitif. On parle alors d’intention objective habituelle.
Et donc on peut définir le travail, au sens large, comme toute œuvre humaine consistant en la production d’un bien commun, qui nécessite une intention objective habituelle.
Dans un sens plus restreint, un métier se définit par la réalisation répétée d’un même bien commun. Ainsi si par exemple je me mets à construire ma voiture de mes propres mains, je réalise un travail. Maintenant si je suis intégré dans une structure qui me permet chaque jour de construire un certain nombre de voitures, ici non seulement je réalise un travail, mais j’exerce véritablement un métier.
A chaque voiture que je vais construire, ce n’est plus ma conscience qui va me dire ‘tiens et si je construisais cette voiture’ (intention subjective), mais simplement une prédisposition de mon esprit qui me pousse directement à agir (intention objective). A chaque fois que je produis un bien, je n’ai donc plus l’intention subjective de le faire, mais l’intention objective.
Sur quoi porte alors l’intention subjective ?
Elle peut se porter sur un bien commun plus large, auquel est subordonné celui produit par la personne. Un chercheur qui découvre un vaccin contre telle maladie produit déjà un bien. Il peut se mettre à produire mécaniquement ce vaccin : il n’aura plus que l’intention objective de le faire. Son intention subjective pourra alors par exemple être de développer un second vaccin qui associé au premier permettra de lutter de manière plus efficace contre la maladie. Il produira un premier exemplaire de ce second vaccin, puis produira les autres mécaniquement, jusqu’à ce que son intention subjective se porte sur un bien commun encore plus grand.
Comme nous le voyons, le vrai fruit de tout travail c’est sa finalité : le bien produit en lui-même, et non pas l’argent que l’on reçoit en rétribution de ce bien produit.
Quand on dit dans le langage courant que quelqu’un est ‘épanoui dans son travail’, on peut le traduire de manière plus précise, en langage philosophique, en disant que son intention subjective se porte vraiment sur la finalité propre de son travail, ou sur une finalité encore plus grande.
C’est exactement ce lien entre intention subjective et finalité objective du travail que le libéralisme a brisé.
Le salaire d’un travailleur n’est que relatif au bien produit : il dépend de la valeur de ce bien pour la société. Le libéral ne fait pas forcément du salaire lui-même la finalité du travail, mais en tout cas pour lui le bien produit est secondaire devant le bénéfice personnel du travailleur. Ce bénéfice personnel, qu’il appelle ‘liberté individuelle’ ou ‘épanouissement’, il ne voit pas qu’il n’est qu’une conséquence du bien commun produit. Dès lors que ce bénéfice personnel devient l’objet de l’intention subjective du travailleur à la place du bien commun produit, c’est toute la valeur de travail qui se trouve coupée de son principe fondateur, et qui est ainsi subvertie.
Une des conséquences pratiques les plus flagrantes de cette subversion, c’est l’idéologie féministe, prétendant que la femme doit être l’égal de l’homme au travail comme d’ailleurs en toute choses. Quoi de plus contre-nature !
La femme seule peut exercer l’œuvre la plus belle de l’ordre temporel, qui est celle d’enfanter. C’est ce qui faisait dire à Saint Thomas d’Acquin : « La femme est faite pour enfanter et rien d’autre. »
Ceci lui confère une primauté naturelle sur le mari dans l’éducation des enfants, qui est un véritable travail ! Ce travail, c’est même comme l’enseigne l’Eglise le bien commun qui est la finalité du sacrement de mariage.
En contrepartie, le mari a sur la femme la primauté dans le travail justement extra-familial. La femme ne doit donc pas se départir de sa noble tâche d’élever les enfants, sauf dans le cas où par accident c’est impossible pour le mari d’exercer une profession.
Par sa profession, le mari apporte à toute la famille les moyens d’arriver à sa fin qui est d’éduquer les enfants. En effet la famille qui est une société imparfaite, contrairement à la Nation ou à l’Eglise, n’a pas en elle-même tous les moyens d’arriver à sa fin. C’est donc à juste titre que la femme doit être soumise à son mari et le mari soumis à Dieu, comme le prêche Saint Paul et toute l’Eglise. Il n’y a dans la famille qu’un seul chef : l’homme.
En révolte particulièrement contre cette loi de la nature, les féministes, à la manière du Serpent qui promit à Adam et Eve de devenir « comme des dieux. », dirent aux femmes : « Vous serez comme des hommes. »
Puisque pour tout travail les libéraux mettent la finalité seconde (le bénéfice personnel), conséquente de la première (le bien commun) à la place de celle-ci, il est facile de comprendre comment ils ont pareillement inversé les finalités du mariage, plaçant l’épanouissement mutuel des époux devant l’éducation des enfants.
Et pour cet épanouissement personnel, qui devient un mythe, une idéologie, dès lors qu’on le cherche en premier, on dit aux femmes qu’il vaut mieux qu’elles aillent travailler plutôt que de rester cloîtrées dans leurs maisons avec leurs enfants !
Rien de mieux pour faire exploser en même temps et la famille, et le travail !
Les féministes en effet détruisent la famille puisque depuis que les femmes travaillent comme les hommes il n’y a plus personne à la maison pour s’occuper des enfants. Ceux-ci alors tombent dans tous les vices de leur âge : délinquance, drogue, pédophilie…
Ils détruisent pareillement le travail, par deux moyens :
- d’abord directement, puisque avec l’arrivée des femmes la population sur le marché du travail a tout simplement doublé, cause évidente mais jamais avouée du chômage moderne
- ensuite indirectement, puisque ces femmes qui n’ont plus rien de femmes vont désormais avoir comme intention subjective en premier lieu ce bénéfice personnel, cette liberté faussée. Cet esprit caractérise bien entendu un grand nombre d’hommes modernes, mais encore plus les femmes.
Mettez des femmes ensemble au travail, très souvent elles ne feront que parler de leurs enfants au lieu de faire ce qui leur est demandé. ‘Chassez le naturel, il revient au galop !’..
Le féminisme apparaît alors dans toute sa laideur : en réalité sous des apparences de bien il prive la femme de sa dignité naturelle ! Il n’en fait qu’une machine au service du Grand Capital !
De même le libéralisme appliqué au travail fait de tous les hommes et de toutes les femmes des machines. Car tout être humain qui n’applique plus son intention subjective, sa conscience, à l’objet de son travail, ne devient plus qu’un automate désigné non plus à un travail mais à une somme de tâches mécaniques.
La société moderne, ne robotise-t-elle pas plus d’esprits qu’elle ne produit de robots ?