Credo Sénéchal
Nombre de messages : 1347 Date d'inscription : 30/06/2006
| Sujet: l'oublié Estienne d’Orves Lun 22 Oct - 16:18 | |
| - Citation :
- Hommage : associons au moins d’Estienne d’Orves à Guy Môquet
Philippe de Saint-Germain
Combien seront-ils, ces professeurs qui liront à leurs élèves la lettre d’adieu de Guy Môquet, le 22 octobre ? L’instruction du président Sarkozy n’a pas inspiré l’unanimité patriotique dont il rêvait. La démarche imposée tombera peut-être comme le rythme lent, pacifique et éphémère que Valéry Giscard d’Estaing voulut imposer à la Marseillaise... Et c'est fort probable, tant il est clair que l’initiative, soufflée par le conseiller Guaino, a été précipitée, dans l’élan d’une campagne électorale assoiffée de symboles. À moins qu’elle ne soit corrigée par ceux qui reconnaissent la légitimité d’une pédagogie de l’amour de la France aux jeunes Français, autour de l’exemple de ses martyrs.
Car la mort courageuse de Guy Môquet est un témoignage trop partial, ambigu et pour tout dire, déplacé, pour ne pas faire problème. Le jeune homme, fusillé par les Allemands, est un martyr du militantisme communiste, pas de la Résistance. L’amour filial dont il témoigne dans sa dernière lettre force l’admiration, mais la cause qui était la sienne n’était pas celle de la libération de la France, c'était celle de l’avènement du socialisme. Dans sa dernière lettre, il invoque sa fidélité à la « voie tracée par son père », qui était encore, le jour de son arrestation par la police française, celle du pacte germano-soviétique.
En outre, il faut rappeler la manière avec laquelle le PCF instrumentalisa sa mort innocente et celle des autres otages exécutés le 22 octobre 1941, pour se blanchir de ses douteuses compromissions. Offrir la consécration nationale à ce détournement est un hommage au cynisme, parfaitement indigne.
Il reste qu’à son insu, l’histoire a embrassé la mort de l’otage Guy Môquet avec celle des premiers résistants, dont la figure emblématique incontestée demeure celle d’Honoré d’Estienne d’Orves, fusillé le 29 août 1941, sept semaines auparavant. Sur commande du Parti, le talent d’Aragon immortalisa le rapprochement dans son poème la Rose et le Réséda. Le minimum serait que gouvernement de la France fasse autant que le poète et associe à son hommage dans les écoles « celui qui croyait au Ciel » et « celui qui n’y croyait pas ».
La dernière lettre
Les dernières lettres du jeune militaire dépasse le registre de la tendresse familiale : son message est profondément personnel, sa leçon est aussi infiniment civique. Il appelle au pardon, à l’amour de la France et de son unité, à la paix des peuples.
Qui pourrait y voir une incongruité dans l’Europe d’aujourd’hui ? « N'ayez à cause de moi de haine pour personne, écrivait-il en prison, chacun a fait son devoir pour sa propre patrie. Apprenez au contraire à connaître et à comprendre mieux le caractère des peuples voisins de la France. »
À sa sœur, il écrit, la veille de sa mort, lui l’homme trahi par les siens : « Maintenant, je vais dormir un peu. Demain matin nous aurons la messe. Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. Je vous embrasse tous avec mon infinie tendresse. »
Le 4 juin, il plaidait pour l’unité de la nation : « Je n'éprouve aucune amertume vis-à-vis de ceux qui n’ont pas donné à leur action la même direction que moi. Les circonstances n'ont pas été pour eux les mêmes que pour moi, et je suis sûr qu'ils n'ont eu comme moi qu'un but : la grandeur de la France. » Comment ce message de paix, de respect et de sacrifice ne parlerait-il pas aussi aux jeunes Français ?
Dans son Journal, Ernst Jünger y voyait une leçon pour l’Histoire : « Lu cet après-midi les lettres d'adieu du comte d'Estienne d'Orves fusillé après jugement du tribunal militaire [...]. Elles constituent une lecture de haute valeur et j'avais le sentiment de tenir entre mes mains un document qui demeurera. »
Le lendemain de sa mort et de celle de ses compagnons, l’aumônier de leur prison, l’abbé Franz Stock, confiera : « Maintenant, je comprends mieux ce qu'est la France. » In Libertepolitique.com
| |
|