Silence ! On tue !
Avec le ton inimitable qui est le sien, le journal Le Monde raconte dans son édition du 7 décembre dernier les affres que vivent les avorteurs face à leurs confrères qui ont fait jouer la clause de conscience. De la prose impeccablement lisse du « quotidien vespéral de référence », on sent sourdre une véritable indignation : ces « médecins », vrais travailleurs, consciencieux, tout dévoués à la cause, et qui pratiquent leur art avec amour, ne sont-ils pas en butte à la méchanceté de leurs collègues qui n’hésitent pas à les considérer comme des « pervers » ? On apprend ainsi qu’à l’hôpital public de Grasse, « le docteur Mauricette X a quasiment réalisé à elle seule les 450 IVG de l’établissement en 2006, la majorité de ses collègues ayant opposé leur clause de conscience ». Chapeau, Mauricette ! Vaillante petite docteure face à la bêtise et l’inhumanité du troupeau… On admirera également l’expression « produit de l’aspiration » pour désigner le fœtus préalablement broyé, puis aspiré par l’avorteur-teuse. « On vérifie soigneusement le produit de l’aspiration »… Braves petits fonctionnaires de la mort. A la fin de l’article du Monde, arrivent inévitablement les problèmes de gros sous. En effet, broyer et aspirer des fœtus toute la sainte journée, c’est pas aussi rentable qu’on croit, et il faudrait que l’Etat donne un petit coup de pouce financier aux faiseurs et faiseuses institutionnel(le)s d’anges. Fort heureusement, Roselyne Bachelot est là, qui œuvre dans le sens d’une vraie démocratisation de l’avortement. Tout n’est donc pas si sombre que ça dans les avortoirs de la République.