Que JÉSUS-CHRIST, Maître et Seigneur du monde, terminera la série des siècles par le jugement universel.
(Extrait de l'opscule Je Crois, tiré des « Oeuvres de Mgr. de Ségur », 10-ème tome, pages 176-181. (Paris, Librairie Saint-Joseph, TOLRA, Libraire-éditeur, 112, rue de Rennes, 1887)
En son glorieux avénement, qui terminera les combats de l'Église, JÉSUS-CHRIST ressuscitera d'abord tous ses élus (
Apoc., XX, 5, 6.), ainsi que nous l'apprennent les Saintes-Écritures; et cette terre qui n'a vu pour ainsi dire la très sainte Église de DIEU qu'humiliée, combattue, baignée de larmes et trop souvent bagnée de sang, le verra enfin glorieuse et resplendissante (
Ad Rom., VIII, 19-21.).
Le second avénement commencé par l'expulsion de Satan, la destruction de l'Antechrist et de tous les siens et par la résurrection triomphale des élus, semble devoir être, d'après les Écritures, non pas seulement un moment, un acte, mais bien une époque, une époque de gloire et un règne tout spirituel du Fils de DIEU et de son Église sur la terre renouvelée; une époque correspondant aux quarante jours qui ont séparé la résurrection et l'Ascension du Seigneur (Quoique orthodoxe et appuyé sur l'Écriture-Sainte et sur plusieurs saints Pères très-vénérables, ce sentiment a été gravement compromis par les grossières et absurdes erreurs des
millénaristes. Depuis, on s'en est moins occupé et par conséquent il est moins traditionnel. Le docte Cornelius a Lapide en parle cependant, et y revient à plusieurs reprises dans ses célèbres commentaires sur l'Écriture. Peut-être, dans les desseins de la Providence, cette question est-elle plus spécialement réservée aux docteurs catholiques des derniers temps, comme le dogme de l'Immaculée-Conception, comme le mystère du Sacré-Coeur. On conçoit, en effet, que, dans sa miséricordieuse providence, Notre-Seigneur donne à son Église des lumières plus puissantes sur les grands mystères de l'Antechrist, du second avénement, et du jugement dernier, à mesure que ses fidèles approcheront de ces jours solonnels et redoutables).
Ce qui est certain, c'est qu'il se terminera par la résurrection des réprouvés et par ces grandes et terribles assises que l'on appelle le jugement dernier.
Notre-Seigneur, qui, au chapitre vingt-quatrième de saint Matthieu a daigné nous apprendre avec tant de détails les signes précurseurs de son avénement et de la rédemption définitive de son Église, nous raconte avec des détails non moins frappants, au vingt-cinquième chapitre du même évangile, cette clôture solennelle des siècles, qu'il présidera en personne (
Ev. Matth..XXV.31, et seq.).
« Alors il n'y aura plus de temps; et la terre et les cieux disparaîtront de devant la face de l'Agneau, et ils n'occuperont plus de lieu (
Apoc., X, 6; XX, 11.). » Ce sera le commencement de l'éternité proprement dite, qui, pour les élus et les saints anges, sera « la possession parfaite et tout entière à la fois de la vie qui n'a point de fin; et, pour les démons et les réprouvés, la perte absolue, parfaite irréparable, tout entière à la fois, de la vie et du bonheur éternels.
Remarquons, je ne dis pas seulement l'autorité, mais la divinité de ces oracles de JÉSUS-CHRIST. Quel autre que DIEU seul a pu tenir un pareil langage?
Il le dit lui-même, c'est comme Fils de MARIE, c'est comme homme et non pas seulement comme DIEU que JÉSUS-CHRIST jugera le monde. C'est « le Fils de l'homme » qui présidera le jugement universel, dans tout l'éclat de la divine majesté et environné de « tous ses Anges (
Ev. Matt., XVI. 27.). » Les Anges sont à lui; ce sont « ses Anges. » Bien plus, ce n'est pas seulement comme Fils de l'homme qu'il jugera ainsi le ciel et la terre, mais « parce qu'il est le Fils de l'homme (
Ev. Joan., V. 27.). » Ce sont ses propres paroles dans l'Évangile.
La royauté universelle, la souveraine judicature, la toute-puissance sont dévolues à l'hummanté de JÉSUS-CHRIST, inséparable de sa personne divine; et en JÉSUS-CHRIST, nous ne saurions trop le répéter, ce n'est pas seulement le DIEU qu'il faut adorer, aimer et servir, c'est aussi l'homme. C'est aux pieds de l'homme que la sagesse humaine doit s'anéantir, que l'orgueil humain doit se prosterner. Là, en effet, est le mystère de la foi, le mystère de l'amour. Qui ne croit en DIEU? Qui ne reconnaît DIEU pour DIEU? Mais « le Fils de l'homme, » mais le petit Enfant de Bethléem, mais l'humble et pauvre JÉSUS de l'Évangile, le monde n'en veut pas! Il le repousse; il ne veut point croire en lui.
Au jugement dernier, ils le verront, ce Fils de l'homme, plus resplendissant que le soleil, dans la gloire de son éternelle majesté. Mais ce sera trop tard : le temps du mérite et de la grâce sera passé; le jour de l'éternelle rétribution commencera, immuable, indivisible, sans changement possible, sans fin. En ce monde, nous pouvons changer, parce que nous avons du temps; de bons, nous pouvons devenir mauvais, et de mauvais devenir bons, parce que la nature même du temps, qui est successif, nous le permet; mais, dans l'éternité, il n'y aura plus de temps : la Révélation nous l'apprends; la durée de l'éternité est absolument une et indivisible, tout entière à la fois,
tota simul; mais c'est surtout parce que les damnés ne pourront changer leur destinée par le repentir.
« La vie éternelle, » que JÉSUS-CHRIST annonce à ses fidèles, c'est donc l'état immuable de béatitude, où, tout entiers dans la lumière, dans la joie, dans le bonheur absolu, unis à JÉSUS glorifié, aussi intimement que dans la corps vivant les membres sont unis à la tête, les élus et les Anges verront DIEU face à face et vivront avec JÉSUS en DIEU, de la vie même de DIEU, dans la béatitude de l'éternel amour.
Et « le supplice éternel » dont JÉSUS-CHRIST menace dans l'Évangile les reprouvés, c'est l'état immuable de malédiction, de désespoir et de souffrance, où tout entiers dans les ténèbres, dans le remords, dans le feu, dans le malheur absolu, séparés à tout jamais de DIEU, de son Christ et de son Église, les damnés et les démons, qui auront choisi librement et follement la mort du péché, au lieu de la vie de la grâce, seront plongés avec Satan dans les abîmes de l'enfer, pour y brûler éternellement, dans la haine et dans la rage d'un désespoir éternel.
Telle est la toute-puissance divine de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST. Aussi incommensurable que la main droite de sa miséricorde, qui sauve les bons, la main gauche de sa justice tient et châtie les méchants. Aucune créature ne lui échappe; il est le Maître; il est le Seigneur, le Seigner dont en ne se moque pas impunément (
Ad. Gal., VI, 7.); il est le DIEU des vivants et des morts, le seul vrai DIEU vivant, avec le Saint-Esprit dans la gloire de DIEU le Père.