Prières des petits enfants
Une mère vraiment chrétienne voudra toujours que son petit enfant, dépôt sacré du Ciel, emploie ses premières paroles à louer Dieu. A peine commencera-t-il à désigner les auteurs de ses jours pas les doux noms de papa et de maman, que sa mère lui apprendra à prononcer avec respect les noms sacrés de Jésus et de Marie. Elle sera heureuse, lorsque l’enfant, qui lui est plus cher que sa vie, saura joindre ses petites mains encore innocentes et prononcer son premier mot pieux.
Aussitôt que la mémoire du petit enfant commencera à se développer, et que sa langue, plus déliée, pourra mettre quelque suite dans ses paroles, la mère lui apprendra quelques courtes et touchantes prières, et elle aura soin que ces prières soient accompagnées de petits gestes significatifs et pieux, qui aideront à donner à l’enfant le sens des choses de Dieu. Souvent les personnes âgées seront dans l’admiration en voyant prier ce petit enfant, et elles diront : »Voyez, il ressemble réellement à un petit ange. » En effet, il a toute l’innocence des anges, et peut-être a-t-il tout leur pouvoir auprès de Dieu ; car n’est-il pas permis de penser que la prière du petit enfant, qui est, par son baptême, l’héritier du royaume céleste, est très agréable à Dieu ? Qui sait si ces petites prières ne sont pas capables d’obtenir le salut de la mère et de la famille ? Et quand même elles n’auraient point ces grands résultats, n’y a –t-il pas un immense avantage à jeter la semence de la piété dans un cœur encore pur et bien disposé ?L’enfant dont les premiers mots sont pour bénir le Créateur, ne sera-t-il pas un enfant de bénédiction ? tandis que l’enfant à qui une mère peu chrétienne n’apprend que des choses toutes humaines, se disposera de loin à cet oubli de Dieu qu’on trouve avec douleur dans un si grand nombre d’adolescents ! Ah ! mère chrétienne, enseignez la prière à votre petit enfant ; faites-lui prononcer ses courtes prières distinctement, avec foi et respect ; son père, füt-il incrédule, en sera touché, et souvent une larme roulera dans ses yeux, un reproche secret troublera son cœur. Vos domestiques, en entendant votre petit enfant formuler ses prières, seront peut-être avertis de leur coupable négligence ; peut-être même se rappelleront-ils alors ce qu’ils ont oublié ou apprendront-ils ce qu’ils n’ont jamais bien su.
Parmi les courtes prières à l’usage des enfants, en voici quelques-unes qu’une mère chrétienne pourra choisir. Aussitôt que le petit enfant commence à prononcer quelques mots, il dira sa première prière, c’est-à-dire qu’ayant les mains joints ou posées sur son cœur, il prononcera affectueusement : Jésus ! Marie ! Un peu plus tard, il apprendra à faire distinctement le signe de la croix. Il joindra d’abord ses petites mains pour se recueillir ; puis il dira lentement en portant la main droite au front : Au nom du Père ; portant la main à l’estomac, il dira de même, et du Fils ; la portant à l’épaule gauche, et du Saint- ; la portant à l’épaule droite, Esprit ; puis joignant de nouveau ses petites mains, il ajoutera : Ainsi soit-il. – Il dira ensuite : Ô mon Dieu, je vous adore et je vous aime de tout mon cœur. Je crois en vous, et j’espère en votre bonté infinie. – Sainte Vierge Marie, priez pour moi. Mon bon Ange, veillez sur moi. – Il pourra finir par ces mots : Bonjour (ou Bonsoir), petit Jésus ; je vous donne mon cœur, et je vous promets que je serai toujours bien sage.
Lorsque le petit enfant sera capable de réciter sa prière à genoux (rien de plus touchant que de voir un petit enfant de trois an se mettre à genoux, au signal de sa mère, joindre les mains et baisser les yeux pour prier), il récitera Notre Père… et Je vous salue Marie… puis la petite prière ci-dessus : Ô mon Dieu je vous adore… – On pourra lui faire ajouter : je vous remercie, mon Dieu, de m’avoir fait vote enfant par le baptême ; j’aimerais mieux mourir que de vous offenser. Mon Die, répandez vos bénédictions sur mon cher papa,ma chère maman et toute la famille, et donnez-moi votre grâce pour que je sois toujours bien sage.
La mère chrétienne ajoutera à la petite prière de son enfant quelques-unes des questions suivantes, que l’enfant apprendra successivement :
« N., aimez-vous bien le bon Dieu ? – L’enfant répondra : Oui, de tout mon cœur. – Aimez-vous bien la Sainte Vierge ? – Après le bon Dieu, de tout mon cœur. – N., qui est-ce qui vous aime dans le ciel ? – Le bon Dieu. – Qui est-ce qui veille toujours sur vous ? – Mon bon Age gardien. – Où est Dieu ? – L’enfant étendant les mains : il est partout. Puis croisant les mains sur sa poitrine : Il est aussi dans mon cœur.
« Qu’est-ce que le bon Dieu fera aux méchants ? – Il les punira (avec un geste des mains) dans un grand feu. – Et le bons, où iront-ils ? – Ils iront en paradis, voir le bon Dieu, la Sainte Vierge et tous les Saints. »
On pourra encore interroger le petit enfant comme ci-après :
« N., voudriez-vous offenser le bon Dieu ? – L’enfant, avec expression et en étendant la main droite en signe de répulsion : Non, jamais, jamais ! – Voudriez-vous contrister votre bon Ange ? (La mère chrétienne a dû lui faire entendre que l’enfant qui n’est pas sage contriste son bon Ange) – Non, jamais, jamais ! – Que faut-il faire pour plaire au bon Dieu ? – Le bon Dieu bénit les enfants qui sont obéissants, qui sont doux et qui disent bien leurs prières. »
Lorsque l’enfant aura six à sept ans, la mère chrétienne commencera à lui faire apprendre l’abrégé du catéchisme du diocèse. Elle lui en fera apprendre les demandes et les réponses, et elle s’efforcera de les lui faire retenir aussi clairement que Notre Père.
Nouveau formulaire de prière dédié aux enfants de Marie – 1874 – Approuvé par l’Archevêque de Cambrai le 20 août 1845.