Little brother is watching YOU !!

28/05/2009 – 19h00
PARIS (NOVOpress) - Le projet de loi d’orientation pour la programmation et la performance de la sécurité intérieure (Loppsi), qui a été présenté mercredi en conseil des ministres par le ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie, se veut une actualisation de la politique de « sécurité intérieure de la France » pour la période 2009-2013, sept ans après la précédente mouture.


Dans le collimateur de la Loppsi : la liberté sur Internet, avec cette disposition directement inspirée de Big Brother : “impose(r) aux fournisseurs d’accès à Internet l’obligation d’empêcher sans délai l’accès aux contenus illicites dont les adresses électroniques sont désignées par arrêté du ministre de l’intérieur, sous peine d’un an d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.”

Officiellement visés, les sites à caractère pédopornographiques. Il s’agit évidemment d’un faux-nez. A preuve la quasi-relaxe dont vient de bénéficier Julien Bobot, cet ex-adjoint PS à la mairie du Xème arrondissement de Paris, et membre de la Ligue de l’Enseignement : six mois avec sursis et un euro de dommages et intérêts pour détention de vidéos de viols d’enfants, glanées « de clic en clic, de lien en lien »…

La loi Loppsi autorise également – compléments naturels aux logiciels mouchards antipiratage prévus par la loi Hadopi – les logiciels espions permettant « la captation de données informatiques à distance » à l’insu de l’utilisateur. Ces logiciels pourront en temps réel visualiser et enregistrer ce qui s’affiche sur l’écran d’un ordinateur, même lorsque les données ne sont pas stockées sur le disque dur. Soit l’équivalent pour l’Internet des écoutes téléphoniques. Officiellement ciblés par la loi : le terrorisme et la grande criminalité, prétextes en or à de nouvelles pratiques liberticides.

En l’espèce, la palette gouvernementale sera dorénavant fort riche : géolocalisation des internautes, blocage des sites « illégaux » à la discrétion du Ministère de l’Intérieur, captation à distance de données numériques par des logiciels mouchards, mise en demeure des fournisseurs d’accès Internet de se faire auxiliaires de police avec l’installation sur leurs infrastructures réseau d’un certain nombre de dispositifs techniques de filtrage et de surveillance… Un flicage grandeur nature de la société, qui n’est pas sans rappeler le Patriot Act mis en place par l’administration Bush après les “attentats” du 11 septembre 2001.

Si les pédophiles n’ont manifestement pas grand-chose à redouter de la nouvelle loi, cette dernière n’entend en revanche pas plaisanter avec les trafics illégaux de points de permis de conduire sur le Net : un an de prison et 30 000 euros d’amende pour tout acheteur et/ou vendeur. Il faut dire qu’en l’espèce, le manque à gagner pour l’Etat se monterait à plusieurs millions d’euros par mois.

La Loppsi va par ailleurs autoriser une très large diffusion de la vidéosurveillance. Tous les « lieux particulièrement exposés à des risques d’agression ou de vol » seront munis de caméras vidéo, disposition qui devrait aboutir au « triplement des caméras installées sur le territoire »

Le gouvernement pourrait saisir le parlement de ce projet de loi à la rentrée 2009. Dans la foulée de la loi Hadopi, son adoption ne devrait être qu’une simple formalité…