FORT-DE-FRANCE (Reuters) - Ségolène Royal a promis vendredi en Martinique d'être la présidente de la "France métissée" dans une République "accueillante à tous les siens".
Devant plusieurs centaines de personnes réunies dans le marché couvert de Fort-de-France, la candidate socialiste a enjoint les Français à porter "un regard lucide" sur toutes les périodes de son Histoire, colonisation comprise.
"C'est la condition d'une Histoire partagée, assurée, apaisée, dans une République accueillante à tous les siens et qui ne tolère plus aucune discrimination", a-t-elle fait valoir.
"Je n'accepterai plus que l'on parle des enfants de première, deuxième, troisième génération. Vous êtes, nous sommes tous, les jeunes sont les enfants de cette République qui doit ouvrir les bras", a poursuivi Ségolène Royal, juchée sur une petite tribune installée à côté des étalages de fruits et de légumes.
"Le métissage, je le dis ici, est une chance pour la France. Je serai la présidente de la France métissée et qui se reconnaît comme telle", a-t-elle lancé.
Dans un discours d'une vingtaine de minutes, prononcé après sa rencontre avec le leader autonomiste Aimé Césaire, Ségolène Royal est revenue sur "l'exécrable loi" de février 2005 évoquant le "rôle positif" de la colonisation et abrogée depuis par décret présidentiel.
La polémique déclenchée par ce texte, amendé à l'initiative de députés UMP, avait conduit le président de l'UMP Nicolas Sarkozy, aujourd'hui candidat à la présidentielle, à repousser sa visite dans les Antilles prévue en décembre 2005.
"Cette lecture révisionniste de l'Histoire était inacceptable pour nous", a déclaré la candidate socialiste opposant le colonialisme "système de spoliation, de domination et d'humiliation" à la liberté, l'égalité, la fraternité et le "respect des identités".
"Ces valeurs-là n'étaient pas du côté des colonisateurs", a-t-elle insisté, citant le "Discours sur le colonialisme" d'Aimé Césaire, défenseur des racines africaines qu'elle a rencontré dans la matinée.
"Je ne connais pas de texte plus beau, plus fort, plus définitif sur le sujet. Je veux que la France soit fière de cette parole, qu'elle en soit aujourd'hui l'héritière et la continuatrice".