Ce passage de l'abbé Arminjon me semble le plus sûr :
Or, il est écrit qu’à la fin des temps l’Évangile aura été donné en témoignage à toutes les nations.
«Tous les peuples, s’écrie David, tous les peuples jusqu’aux extrémités de la terre, se ressouviendront du Seigneur et retourneront à lui, car c’est au Seigneur qu’appartient l’empire, et il gouvernera les nations» (Ps. XXI).
Plus loin David dit encore : «Sa domination s’étendra depuis une mer jusqu’à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux ex-trémités de la terre ; les habitants de l’Éthiopie se prosterneront devant lui : les rois d’Arabie et de Saba lui apporteront leurs dons» (Ps. LXXI).
Le Seigneur s’adresse ensuite à l’Église par Isaïe : « Étends l’enceinte de tes pavillons, développe les voiles de tes tentes, n’épargne rien, allonge tes cordages, affermis tes pieux. Car tu pénétreras à droite et à gauche, ta postérité héri-tera des nations et tu rempliras les villes de la terre» (Isaïe, LXIV, 2, 3, 4).
Ces textes sont formels, précis, et de leur témoignage il ressort clairement qu’il adviendra une époque où toutes les hérésies, tous les schismes seront détruits, et où la religion véritable sera unanimement connue et pratiquée dans tous les lieux que le soleil éclaire.
Assurément, cette unité ne se réalisera pas sans peine ; l’humanité ne parviendra pas à cet âge d’or par des voies semées de roses : toutes les assises de l’Église sont cimentées avec le sang des martyrs mêlé à la sueur des apôtres.
Il faut donc s’attendre à des luttes et à des résistances acharnées. Il y aura du sang répandu ; l’esprit de ténèbres amoncellera de nouveau ses séductions et ses ruses ; on peut prévoir pour l’Église des persécutions plus terribles que celles qu’elle a jusqu’ici soutenues.
- Mais, d’autre part, il faut apprendre à scruter les pensées de Dieu et à lire dans les décrets de sa puissance.
- Toutes les admirables inventions des temps modernes ont leur fin providentielle. Dieu, de nos jours, aurait-Il entrouvert à l’homme les secrets et les trésors cachés de la création, lui aurait-Il mis entre les mains tous ces merveilleux instruments tels que la vapeur, le magnétisme, l’électricité, dans l’unique but de fournir un nouvel aliment à son orgueil, d’être les dociles esclaves de son égoïsme et de sa cupidité ? Ce n’était pas la pensée qu’il exprimait par la voix du prophète, quand il disait : «Je vais donner des ailes à ma parole, atteler le feu à mes chars, saisir mes apôtres comme dans un tourbillon, et les transporter en un clin d’œil au milieu des nations barbares».
Ainsi les temps sont proches où Jésus-Christ va obtenir un triomphe complet, et où, en toute vérité, il pourra s’appeler le Dieu de la terre : Deus omnis terræ vocabitur (Isaïe, XXXIV, 5).
A l’heure présente, de nombreux indices nous présagent une grande victoire pour le Christianisme. Nos ennemis n’en ont-ils pas le pressentiment ? un instinct secret ne les avertit-il pas que les jours de leur force sont comptés, et que le temps où il leur est donné de prévaloir ne saurait être de longue durée ?...
C’est pourquoi ils enrôlent dans la guerre impie qu’ils font à l’Église toutes les corruptions haineuses, toutes les hypocrisies impatientes de jeter leur masque, toutes les sciences hostiles, toutes les politiques ombrageuses et athées. La révolution lève hardiment son étendard contre la religion, la propriété, la famille, elle sape les bases de l’édifice social, et nous livre ses assauts simultanément et sur tous les points. La presse, affranchie de tout frein, inocule, par ses mille organes, les doctrines les plus subversives et les poisons les plus meurtriers. Le trône dix fois séculaire du Saint-Siège, attaqué avec une audace infernale, signalé comme institution d’ignorance et d’obscurantisme, faisant tache au milieu des splendeurs de notre civilisation, a succombé sous cette multitude d’efforts combinés ; il s’est écroulé de fond en comble, sans qu’humainement parlant, on puisse nourrir l’espérance qu’il parvienne bientôt à se relever.
On conçoit que, dans une telle situation, les sages se sentent irrésolus dans leurs conseils, et que leur courage et leur fermeté paraissent chanceler. On conçoit qu’à travers ces nuages et sous ces horizons troublés, ils entrevoient de sombres perspectives, et qu’ils nous annoncent une recrudescence de crimes, de guerres et d’effroyables bouleversements.
Mais ce qui nous donne l’espérance d’une nouvelle ère glorieuse pour l’Église, c’est précisément l’incroyable audace et la rage sans cesse renaissante de nos ennemis.
- De nos jours on attaque le Christianisme partout : dans les arts, dans les sciences, dans l’Église et dans l’État, en Europe comme en Asie, dans l’ancien et dans le nouveau monde. C’est le signe certain qu’il triomphera partout et en tout lieu.
- En quel moment ? Dieu le sait, mais le fait est certain. Le sang des martyrs devient la semence des chrétiens, l’Église a des promesses immuables. Au sortir de la mer Rouge, elle entre dans la Terre promise. A l’heure des ténèbres succède celle de la lumière et du triomphe.
- A la suite des outrages du Golgotha, elle entend retentir autour d’elle les bénédictions et les hosannas de la délivrance.
Donc, ne perdons pas courage. Saluons l’avenir qui se prépare.
- Et si, à l’heure présente, notre patrie est en proie aux convulsions, déchirée par les discordes ; si sa fortune et son influence politique sont devenues un enjeu que se disputent les ambitions inassouvies et les médiocrités vulgaires, comme le prodigue de l’Évangile, elle ne tardera pas à se ressouvenir de la paix et de l’honneur des siècles de sa jeunesse ; elle rejettera ses chaînes et le bandeau de son ignominie, il y aura de nouveau des pages brillantes à écrire dans ce livre qui a pour titre : Gesta Dei per Francos.