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 Le personnalisme d'Emmanuel Mounier

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Torquemodo
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MessageSujet: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier   Le personnalisme d'Emmanuel Mounier EmptyJeu 8 Mar - 14:48

Emmanuel Mounier est un homme qui de par sa pensée faussement anti-libérale a entraîné de nombreux chrétiens vers l’erreur. Il est un de ceux qui contribueront à faire entrer le libéralisme, sous sa forme moderniste, au sein même de l’Eglise catholique. Non seulement l’église maronite, en tant que membre de l’Eglise catholique, ne fut pas épargnée par cette erreur, mais bien plus il semble que très tôt la société maronite ait été contaminée spécifiquement par la pensée personnaliste.
Nous allons voir au cours de cet article dans une première partie ce qui rattache indéniablement Emmanuel Mounier au modernisme, puis ensuite dans une deuxième partie en quoi parmi les modernistes Mounier est innovateur dans sa critique apparente du libéralisme. Puis enfin dans une troisième partie nous mentionnerons quelques exemples de l’influence du personnalisme sur la société maronite.

1) Le personnalisme prend ses sources dans le modernisme

Historiquement, le modernisme est apparu vers la fin du XVIIIème siècle, à partir du moment où les tenants du libéralisme ont décidé d’aller à la conquête de l’Eglise catholique. Comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, le libéralisme est la plus subversive de toutes les hérésies présentes jusqu’alors car de par son essence rationaliste il permet à la raison humaine de se séparer de la Foi, sans qu’aucun dogme n’ait nécessairement besoin s’être explicitement nié. Ce qui fait que mieux que tous les autres hérétiques, les libéraux peuvent s’infiltrer dans l’Eglise pour la corrompre de l’intérieur. Le modernisme est précisément cette forme de pensée qui va permettre cette infiltration.
Le Pape Saint Pie X a magnifiquement décrit le modernisme dans son Encyclique Pascendi. Les deux fondements de cette hérésie sont l’agnosticisme et l’immanence vitale.
L’agnosticisme (différent de l’athéisme) prétend qu’il n’y a aucun moyen d’être certains de l’existence de Dieu par la seule raison. Face à cela, l’Apôtre Paul affirmait : « Dieu peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées. » (Romain, 1 :20). De même, Saint Thomas d’Acquint avait établi sur la base de la philosophie d’Aristote cinq preuves irréfutables de l’existence de Dieu.
L’immanence vitale, comme le décrit le Souverain Pontife, « fait jaillir la vérité religieuse des besoins de la vie ». La foi devient donc le résultat d’un désir, d’un besoin (vital) interne à l’homme, d’un pur sentiment religieux. Alors que la position catholique définit la Foi comme l’assentiment conscient et libre de la raison à la Vérité Révélée, disant donc que tout ce qu’on croit est totalement externe à nous (exemple : l’existence de Dieu, la Révélation, N.S.J.C., les Sacrements…) et donc objectif, indépendant de l’homme, pour les modernistes la Foi est « une affaire personnelle », quelque chose d’essentiellement subjectif. Une de leurs phrases favorites est « l’existence de Dieu n’est pas certaine, mais c’est nous qui y croyons. ». Pour eux, Dieu n’existerait donc que par l’image que l’homme s’en fait. La foi proviendrait de l’intérieur de la personne humaine, et l’Eglise ne ferait que de l’extérioriser, en fixant des dogmes qui ne seraient que des symboles de cette révélation intérieure, et qui évolueraient en fonction du temps, suivant l’évolution de la conscience humaine.
Un des premiers modernistes, le Père Félicité de Lammenais, affirmait, suivi par tant d’autres, que par exemple le dogme du Règne Social de N.S.J.C. (qui veut que la société civile suive explicitement la Loi de Dieu), n’était valable que pour le Moyen-Age, quand l’humanité était encore d’après lui à un état semi-barbare, et que dans les temps modernes les hommes n’en auraient plus besoin puisqu’ils seraient devenus suffisamment matures pour se gouverner tous seuls. Les dogmes ne sont donc pas des Vérités éternelles, mais des vérités provisoires soumises à l’évolution de l’homme. Cette nécessité de perpétuel changement dans les dogmes fait en sorte que les modernistes prônent une révolution sans fin. Cette révolution, changement perpétuel dans les dogmes, devient donc une fin en soi. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la finalité recherchée par Mounier au travers de sa pensée, c’est comme il l’explique lui même dans son ouvrage du même nom une révolution personnaliste et communautaire, c’est à dire une révolution perpétuelle fixée sur l’évolution de l’homme.
Laissons Mounier nous expliquer lui-même en quoi consiste plus précisément cette révolution.
« révolutionnaires… parce-que la vie de l’esprit est une conquête sur nos paresses, qu’à chaque pas nous devons nous secouer…, nous adapter à la révélation nouvelle, nous épanouir au paysage qui s’amplifie. » (Révolution personnaliste et communautaire).
Cette révélation nouvelle, c’est précisément celle qui part des profondeurs de l’être humain, comme le précise le commentateur de Mounier, le Père maronite Jean Maroun Maghammès, dans une thèse qui lui a consacré, intitulée ‘l’internationalisme chez Emmanuel Mounier’, et que nous citerons souvent au cours de cet article. On y lit en effet, à propos de cette révolution guidée par la ‘révélation nouvelle’ : « Elle doit naître de l’intérieur de l’être comme phénomène jaillissant d’une exigence spirituelle personnelle ». Nous sommes donc tout à fait dans l’immanence vitale condamnée par Saint Pie X.
Mounier décrit l’homme chrétien comme « un être spirituel qui porte une vie par dedans sa vie et se promène parmi les hommes avec un secret dans son cœur » (Révolution personnaliste et communautaire). L’esprit humain, et donc le psychisme, d’après Saint Thomas d’Acquint, est constitué par les deux facultés les plus nobles de la raison : la volonté, qui pousse l’homme à aimer le Bien, et l’intelligence, qui permet à l’homme de distinguer le vrai du faux. Pour Mounier comme pour les modernistes, la Foi n’existe que parce-que incarnée dans le psychisme de chaque homme. L’opposition entre le caractère intrinsèque du psychisme et le caractère extrinsèque de la Foi entraîne Mounier dans une contradiction, qui est la base de toute sa philosophie, lorsqu’il proclame : « Le psychisme est immanent au biologique sur toute son étendue par son expression corporelle, en même temps qu’il lui est transcendant dans toute sa profondeur par les valeurs qu’il incarne. » (Traité du caractère).
La Foi, ainsi née dans les profondeurs de l’âme humaine, viendrait transcender tout ce en quoi elle est contenue, c’est ainsi qu’il faut comprendre le caractère transcendant que Mounier attribue au psychisme humain.
En conséquence, il proclame : « La personne humaine est telle que non seulement rien dans la nature ne peut prévaloir contre elle, mais que Dieu lui-même l’ayant surachevée et rendue en puissance comme connaturelle à Lui, se lie par sa création, par sa Rédemption, et ne peut ni la détruire ni la traiter autrement que comme personne. » (Personnalisme et Christianisme).
Voici ce que Saint Pie X disait de la conception du sentiment religieux chez les modernistes : « Ce sentiment a ceci de propre qu'il enveloppe Dieu et comme objet et comme cause intime, et qu'il unit en quelque façon l'homme avec Dieu. »
Voyons maintenant comment Mounier définit le christianisme : « Le christianisme c’est cela, que l’on peut faire de l’or avec toute matière et, transfigurées en charité (en amour), les activités les plus matérielles d’apparence peuvent être plus fécondes que les plus brillantes de nos volontés.» (Œuvres).
Or encore une fois Saint Pie X dénonçait cette transfiguration par la Foi des phénomènes matériels venant amorcer le sentiment religieux chez les modernistes : « Il se produit, en premier lieu, une espèce de transfiguration du phénomène que la foi hausse au-dessus de lui-même et de sa vraie réalité, comme pour le mieux adapter, ainsi qu'une matière, à la forme divine qu'elle veut lui donner. »
Voici donc comment, en proclamant la transfiguration de la matière et la transcendance de la personne humaine au nom du christianisme, Mounier en arrive à la même finalité que les modernistes et même que tous les libéraux de façon générale : faire de l’homme le centre de toutes choses. Pour le confirmer définitivement, nous citerons une phrase de Mounier qui n’est autre chose qu’un témoignage de pur libéralisme : « L’Etat ne peut rester autonome, et laisser les personnes transcendantalement libres qu’en poursuivant une fin propre, bien que subordonnée à la fin dernière des personnes : la conversion de la paix extérieure et de la justice légale, entendant de ce nom la justice qui concerne la réalisation du bien commun. » (Personnalisme et Christianisme)
Ici Mounier ne fait que reprendre Saint Thomas d’Acquint à propos de la fin intermédiaire qu’est le bien commun et de la fin ultime qu’est le Salut des âmes, mais, nous l’aurions bien noté, il attribue un caractère transcendantal à la liberté humaine permettant d’arriver à ces fins, et cette exaltation de la liberté transcendantale de l’homme est la définition même du libéralisme. Si on lit bien Saint Thomas d’Acquint, on voit que ce qui est transcendantal, ce n’est pas la liberté humaine, mais la Grâce de Dieu sur laquelle elle est fondée, ce qui est tout à fait différent !
Et pourtant, Mounier serait sans aucun doute le premier offusqué à être qualifié de libéral, lui qui au nom de son personnalisme a précisément prétendu combattre cette idéologie. Nous allons voir dans la deuxième partie comment sa critique du libéralisme n’est en vérité qu’apparente, et même que son personnalisme entraîne dans encore plus de libéralisme !
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MessageSujet: Re: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier   Le personnalisme d'Emmanuel Mounier EmptyJeu 8 Mar - 14:52

Contre le libéralisme moderne, pour un monde… encore plus libéral !

L’œuvre de Mounier regorge au premier abord de critiques acerbes contre le libéralisme qui pourraient réjouir bien des catholiques naïfs.
Nous citerons ici plus particulièrement le « Manifeste au service du personnalisme ».
Voici d’ailleurs la première phrase de ce manifeste : « Souveraine, il y a peu d'années, sur tout le monde occidental, la civilisation bourgeoise et individualiste y est encore fortement installée. Les sociétés mêmes qui l'ont officiellement proscrite en restent toutes imprégnées. Accrochée aux soubassements d'une chrétienté qu'elle contribue à disloquer, mêlée aux vestiges de l'âge féodal et militaire, aux premières cristallisations socialistes, elle produit, avec les uns et les autres, des amalgames plus ou moins homogènes dont il serait trop long d'étudier ici les variétés. »
Nous allons remarquer que pour se montrer critique envers le libéralisme, c’est rare que Mounier emploie directement le terme de libéralisme. Il parle beaucoup plus souvent d’individualisme libéral, d’égoïsme bourgeois, etc… Nous verrons que cela a son importance.
Mais pour l’instant poursuivons notre chemin dans ses critiques.
« L'individualisme est une décadence de l'individu avant d'être un isolement de l'individu; il a isolé les hommes dans la mesure où il les a avilis. »
« Le riche de la haute époque lui-même est en voie de disparaître. Il n'y a plus, sur l'autel de cette morne église, qu'un dieu souriant et hideusement sympathique: le Bourgeois »
« L'humanisme bourgeois est essentiellement fondé sur le divorce de l'esprit et de la matière, de la pensée et de l'action. Des jeunes révolutionnaires d'extrême droite aux marxistes eux-mêmes, défenseurs et adversaires du spirituel se sont tous alignés aujourd'hui sur une critique unanime bien que diversement fondée de cet idéalisme exsangue et profiteur qui est à la base des conceptions bourgeoises [3].
On peut en placer l'origine, ou au moins la cristallisation, en ce point où le dualisme cartésien a décidément introduit sa fissure dans l'édifice chrétien.
» On croit même dans cette dernière phrase voir une dénonciation du rationalisme cartésien comme principale source du libéralisme.
Voyons maintenant comment Mounier énonce les principales caractéristiques de cet ‘individualisme libéral’, à commencer par le relativisme. « Il (l’individualisme libéral) a d'abord nié l'unité de vocation et de structure de l'homme, ce principe universel d'égalité et de fraternité que le christianisme avait établi contre le particularisme de la cité antique. Première étape: il n'y a pas de vérité, mais seulement la forme abstraite de la raison, les hommes n'ont pas une unité de vocation, mais seulement de structure. Deuxième étape: il n'y a pas unité de la raison, il y a seulement des professeurs qui croient à la causalité, des Amis d'Afrique qui n'y croient pas, et des écrivains chargés de nous mettre au courant de leurs émotions uniques et incommunicables. Quelques-uns se cramponnent encore à l'idée d'une vérité nationale, et combattent à l'intérieur de leurs frontières un individualisme qu'ils soutiennent farouchement à l'échelle de la nation. D'autres se retirent dans la solitude de leur relativisme, jouent avec des sensations rares ou avec des idées aiguës, et trouvent à ce chatoiement une séduction suffisante pour occuper l'ennui d'une vie bien abritée. Pour la masse qui peine, le bon moyen de l'isoler de toute universalité sauf celle de sa peine a été de lui rendre inaccessible l'exercice même de la pensée et héroïque celui de la vie spirituelle. »
« L'évolution juridique confirme dans les mœurs ce que l'évolution philosophique prépare dans les idées.
Elle investit d'une souveraine dignité une sorte d'individu abstrait, bon sauvage et promeneur solitaire, sans passé, sans avenir, sans attaches, sans chair, muni d'une liberté inorientée, inefficace, jouet encombrant dont il ne doit pas heurter le voisin et qu'il ne sait employer, sinon à s'entourer d'un réseau de revendications, qui le bloquent plus sûrement encore dans son isolement. Les sociétés ne sont dans un tel monde que des individus agrandis, pareillement repliés sur soi, qui verrouillent l'individu dans un nouvel égoïsme et le consolident dans sa suffisance. Le XIXe siècle s'évertue à souder ces membres épars dans une conception moitié naïve, moitié hypocrite de la société contractuelle: des individus supposés libres se donnent “librement” une industrie, un commerce, des gouvernements, ils sont censés se mesurer eux-mêmes les contraintes dont ils veulent bien se lier.
»
Nous avons ici indéniablement une dénonciation de l’individualisme des lumières, dont entre autres le ‘mythe du bon sauvage’ cher à Jean-Jacques Rousseau.
Bien plus, Mounier dénonce ce en quoi ces idées ont contribué à élaborer un nouveau christianisme : « Il s'est ainsi constitué de manière lente et diffuse un humanisme bourgeois, une morale bourgeoise, voire, par un suprême paradoxe, un christianisme bourgeois. »
Par ailleurs, Mounier est bien loin de ces théologiens de la libération qui ont essayé de concilier marxisme et christianisme contre l’ordre bourgeois. Il va même jusqu’à reconnaître que le rationalisme marxiste et le rationalisme libéral ont une parenté. Voici ce qu’il dit à propos du marxisme : « quoi qu'il en dise, il retombe sur un rationalisme fort parent du vieux rationalisme bourgeois, sans voir qu'il s'en refuse le droit, s'il reste fidèle à un franc matérialisme ».

Les passages que nous avons cités ici semblent donc contredire les conclusions que nous avons tirées dans la première partie. Mais nous allons voir que contrairement aux apparences, ce n’est pas chez Mounier le libéralisme tel que défini par l’Eglise qui est critiqué. Nous sommes bien loin, et même à l’opposé d’un Dom Sarda y Sylvani dans ‘Le libéralisme est un péché’ !
Et pour cause, jamais dans sa critique du libéralisme Mounier n’emploie le qualificatif dogmatique et objectif de péché. Il ne montre nullement en quoi le libéralisme s’oppose à la Révélation Divine, aux Saintes Ecritures comme aux Dogmes de la Foi. Au contraire, toutes les critiques sont faites par rapport à l’homme et non plus par rapport à Dieu. Nous touchons ici au cœur de la pensée de Mounier. L’essentiel provient d’une distinction qu’il établit entre la notion d’individu, désignant l’homme dans ses caractéristiques matérielles : son corps et ses facultés mentales primitives, animales, et celle de personne, désignant l’homme complet, avec ses facultés matérielles en harmonies avec ses facultés plus nobles et plus profondes d’ordre spirituel et qui lui sont propres, à savoir d’après Saint Thomas l’intelligence et la volonté. Toute la subtilité de la pensée de Mounier consiste à faire croire que l’erreur essentielle du libéralisme serait non pas d’exalter la liberté de l’homme en la faisant transcendante à l’identique de la liberté de Dieu, mais au contraire d’ordonner la société au seul individu et non pas à la personne humaine entière. Le fait est qu’une telle distinction entre personne et individu n’a jamais existé dans la philosophie d’Aristote et de Saint Thomas d’Acquint. Au contraire, l’individu, du latin individuus, terme signifiant élément indivisible, d’un tout, désigne bien la personne humaine en tant qu’élément d’un tout : la société, dans ce que cette personne a d’irréductible, d’immortel, à savoir son âme, y compris l’intelligence et la volonté, et donc recoupe totalement la définition que Mounier donne de la personne humaine. En l’homme, d’après Saint Thomas, personne et individu sont donc confondus. Il n’y a que les 3 Personnes Divines qui ne sont pas des individus, chacune d’elle n’étant pas l’élément d’un tout, mais Dieu lui-même.
Cette distinction établie artificiellement par Mounier lui permet de ne critiquer en fait qu’un seul aspect du libéralisme, le matérialisme, tout en en gardant l’essentiel : l’exaltation de la liberté de l’homme défini comme personne transcendante.
Si donc maintenant nous relisons les critiques de Mounier en gardant cela à l’esprit, nous verrons que celles-ci ne visent que le matérialisme libéral et concourent à exalter encore plus l’homme dans son ensemble. Maintenant à savoir si Mounier avait vraiment l’intention de critiquer le libéralisme en lui-même et qu’il l’ait véritablement mal compris, ou si plutôt son intention était dès le départ de nous induire en erreur, nous en discuterons dans la troisième partie et nous évoquerons quelques arguments qui font pencher notre opinion plutôt vers la première hypothèse. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est moins condamnable : voici encore ce que disait Saint Pie X des modernistes : « On comprend maintenant l’étonnement des modernistes quand ils sont réprimandés et frappés. Ce qu’on leur reproche comme une faute, mais c’est ce qu’ils regardent au contraire comme un devoir sacré. (…) Que l’autorité les réprimande tant qu’il lui plaira : ils ont pour eux leur conscience et leur expérience intime qui leur dit avec certitude que ce qu’on leur doit, ce sont des louanges, non des reproches. »
Reprenons donc l’œuvre de Mounier avec ce nouveau cadre de lecture. Le paradoxe entre nos conclusions de la première partie et les quelques passages que nous avons cité est désormais levé. Pour nous en convaincre, lisons ce passage tiré de ‘Révolution personnaliste et communautaire’ : « Ce qui nous passionne, dans cette émancipation des masses, ce n’est pas la formation de magmas numériques qui n’ont de réalité que pour le statisticien, mais la possibilité pour tous, c’est-à-dire plus exactement pour chacun, de devenir pleinement homme, à savoir pleinement personne. » Et voici, de manière encore plus explicite, le commentaire du Père Jean Maroun: « Voilà pourquoi les mouvements de libération, par conséquent, même à l’échelle internationale et dans leur contribution à l’édification de la communauté universelle, doivent surgir du noyau, c’est à dire de la personne elle-même, membre vivant dans une communauté humaine, et non pas de l’individu, nombre, se déplaçant, dans une société inhumaine. »
On comprend alors dans quel sens Mounier critique le rationalisme. En établissant la raison humaine et non plus Dieu comme cause première de son existence (‘Je pense donc je suis.’) Descartes, même s’il s’en est vigoureusement défendu, a coupé le lien de subordination qui existait entre l’homme et Dieu créateur de toutes choses. Mais pour Mounier, c’est le lien entre l’individu matériel et le dieu des modernistes, immanent à l’homme que Descartes a coupé, instaurant ce fameux ‘divorce entre le corps et l’esprit’ que Mounier désigne comme étant le fondement du libéralisme. Il critique le libéralisme parce-que précisément selon lui ce système dénie toute transcendance à la personne humaine, que lui Emmanuel Mounier avec ses théories fumeuses prétend être le seul à même de rétablir contre les libéraux, marxistes et fascistes tous ensemble réunis. Nous ne pouvons être plus loin de la vérité.
Pour Mounier la subordination de la raison humaine à la vérité révélée n’est plus soumission à un Etre extérieur à l’homme, mais découverte des tréfonds de sa propre âme. C’est dans ce sens là précisément que Mounier condamne toutes les formes de libéralisme, beaucoup plus radicales que le modernisme, qui à la suite de Rousseau prétendent que l’homme n’existe pleinement que lorsqu’il peut exercer sa raison de manière indépendante de toute contrainte.
Dans son livre « Introduction aux existentialismes », Mounier condamne sans appel l’existentialisme. Voici ce qu’il dit , laissant penser qu’il défend vraiment l’honneur de Dieu contre ceux qui Lui dénient Ses droits : « Dans de vastes places de l’Occident moderne, la vision chrétienne du monde n’est même plus combattue, elle a cessé de faire question. Elle est acceptée comme une survivance d’un autre âge. »
Mais face à cela, voici la solution prônée par Mounier : « Il s’agit pour nous de sauver la réalité spirituelle de l’homme et non pas l’idéologie. » (‘Notre Humanisme’, article de la revue Esprit)
Nous aurions donc compris que l’honneur du dieu que Mounier cherche à défendre n’est pas celui du Dieu de la religion chrétienne, qui puisque extérieur à l’homme pourrait fort bien être qualifié par Mounier d’idéologie, mais celui du dieu immanent à ‘la réalité spirituelle de l’homme’.
Au lieu de combattre vraiment le libéralisme, Mounier ne critique que ses formes les plus radicales, pour finalement défendre la forme moderniste !
Ceci dit c’est un fait que Mounier est le premier moderniste a avoir lancé des critiques aussi virulentes contre le système libéral.
Pour conclure cette partie, nous allons citer sans commentaire une phrase de Mounier qui résume toute sa pensée : « Ce qu’il faut reprocher aux hommes de 89, ce n’est pas d’être inadaptés à des phénomènes qu’ils ne pouvaient prévoir. C’est d’avoir manqué le problème de l’homme. »
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MessageSujet: Re: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier   Le personnalisme d'Emmanuel Mounier EmptyJeu 8 Mar - 14:55

Les véritables intentions d’Emmanuel Mounier

Nous exposerons ici quelques éléments de la vie personnelle et publique d’Emmanuel Mounier qui nous permettent d’émettre une opinion au sujet de ses intentions vis-à-vis de la chrétienté.
Les éléments les plus instructifs sont sans conteste les lettres envoyés par Mounier à ses fréquentations. Commençons par voir ce que dit Mounier à son ami Pierre-Aimé Touchard, incroyant, répétiteur au Lycée Henri IV, : « Merci de me rappeler que c’est, en tout, affaire de charité. J’ai été peiné plus d’une fois de paraître t’annexer au christianisme quand je voulais simplement exprimer une chose en te disant chrétien ; non pas réduire tes positions aux miennes, mais dire l’immense présence de Charité que j’ai toujours sentie en toi. C’est la faute aux Apôtres. Pas tout entière (tu serais le premier à repousser ce pharisaïsme retourné)… Tu as le devoir de me rendre plus chrétien. Je crois à la valeur, à la nécessité de la direction… »
Une autre lettre vient confirmer le peu de zèle manifesté par Mounier pour convertir son prochain. Voici ce que disait Roger Secrétain, journaliste incroyant, à propos de Mounier : «Quand j’ai dit à Mounier que je n’étais pas croyant, il m’a dit : aucune importance, nous sommes le contraire d’une chapelle. »
D’après Mounier, la ‘charité’ qu’il sent dans son prochain n’accorde donc aucune importance à la Foi ! Il tronque la parole de N.S.J.C., qui a dit : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ! »
De même, ses échanges qu’il a eu avec deux de ses amis Poldèves montre qu’il accorde bien peu d’importance à N.S.J.C.
Voici ce qu’il écrit à Wladimir Rabinovitch, Poldève russe : « Je ne veux pas plus du ghetto confessionnel catholique que du ghetto confessionnel Poldève. Au surplus, là où vous pensez à un ramassement de l’homme dans les frontières spirituelles on lira : acceptation des délimitations racistes. Et là, la moindre concession est mortelle. »
Quel est ce ghetto confessionnel catholique dénoncé par Mounier ? Ne serait-ce pas l’Eglise catholique, en dehors de laquelle il n’y a pas de Salut ? Voyons plus loin ce qu’il dit de Georges Zérapha, un ami Poldève qu’il avait invité à l’une de ses réunions : « Il m’a téléphoné, et est venu à la réunion, m’a dit que nous étions tout à fait dans les lignes des prophètes et que j’aurais ces jours-ci de ses nouvelles concrètes. »
Mounier est-il vraiment dans la lignée des prophètes de l’Ancien Testament qui ont annoncé N.S.J.C., ou plutôt dans celle des faux-prophètes du judaïsme talmudique qui l’ont rejeté ?

D’aucuns objecterons que ses intentions anti-libérales étaient malgré tout sincères. Ils mettront en avant le fait qu’en 1940 Mounier avait accueilli le régime de Vichy avec de bons sentiments. Ce n’est vrai au moins qu’en partie. Il est probable que Mounier en 1940 voyait le Maréchal Pétain comme celui qui tranchant avec 150 ans de matérialisme individualiste allait remettre l’homme dans toute sa dimension spirituelle et transcendante (comme l’auteur du Manifeste au service du personnalisme se plaisait à le décrire) au cœur de la société.
Le fait est que Mounier ne s’exprima que timidement, comme ‘intéressé par les orientations du nouveau régime en matière de politique de jeunesse.’ Pendant un moment, il fait même reparaître Esprit.
Mais très vite, dès 1941 il se mêle aux mouvements les plus gauchisants de la ‘Résistance’ tels ‘Combat’. Arrêté en Août 1941, il entame une grève de la faim et se présente en martyr. La réalité est que ses geôliers étaient tellement cléments voir même complices avec lui qu’ils le laissaient même en prison faire presque chaque soir des réunions où il parlait de ses idées. La situation est même surréaliste. Regroupé dans la même prison que ses camarades ‘résistants’, voici comment lui même décrit sa situation : « On nous a réunis, sur ordre local, tous les inculpés de l’Affaire, et entourés d’une garde qui est décidément de plus en plus gentille pour nous… La mesure est surtout agréable (sic) , car une communauté se noue, des hommes se découvrent. Un groupe s’établit et des séances d’étude sur les grands problèmes voient le jour. Elles se tiennent selon un vrai plan d’études. Commencé par les problèmes de l’Europe et de l’Allemagne après la défaite allemande ; nécessité de faire la synthèse des deux partis qui, par leur divorce, ont désorganisé l’action de la France dans les années 1920 : celui qui défendait contre un nationalisme étriqué l’universalisme européen, celui qui opposait aux idéologies vagues les réalités historiques contraignantes…Voies à suivre pour une organisation européenne progressive et assurée à chaque pas… Les réunions se multiplient, les problèmes se diversifient et la vie se discipline de plus en plus…, excellent cercle d’étude sur la réforme de l’armée, sur les paillasses, les interventions lancées vers le plafond. » (Œuvres, 5 février 1942, Carnet de prison)
Et toutes ces belles activités en prison, mais on croit rêver !!
Le mensonge historique peut difficilement atteindre des degrés plus élevés. Rétablissons donc la vérité : Mounier n’était pas particulièrement sympathisant du Maréchal Pétain, mais avec les geôliers du régime de Vichy il préparait l’avènement du règne de l’Homme !
Après tout cela, il devient difficile de croire à la naïveté de Mounier et à la bonté de ses intentions. Au contraire, il semble être un de ces personnages à double face, typique des modernistes.
Son enfance et son adolescence nous fournissent des épisodes de sa vie importants pour comprendre son état psychique. Sa nature est caractérisée par une dialectique entre un côté asocial à la Rousseau et un attachement quasi-maladif à quelques personnes prises à part. Cette tension perpétuelle torturait sans doute son âme. Voici ce qu’en dit le Père Jean Maroun Maghannès : « Ce besoin de communion avec les personnes, cette indispensable rencontre de l’autre mettaient Mounier dans un état de tension et de perplexité tel que, en 1927, il est devenu un ‘homme de rêve, attentif à tous, aimant mais silencieux, de plus en plus guindé, ankylosé dans son silence, ayant peur du bruit de ses propres paroles, de l’impudeur de ses interventions, et que très souvent on ne voyait pas attentif, on ne voyait pas aimant-inhumain.’ »
Les correspondances qu’il a échangé avec ses rares amis de jeunesse nous aident à mieux le comprendre. Voici comment il parle de son ami Georges Barthélémy : « Il est le seul , parmi ceux de mon âge, qui se soit avancé profond dans mon intimité, à qui j’ai ouvert certains sanctuaires. Je ne les ai même jamais ouverts : nous nous étions trouvés si immédiatement sur le même plan, avec la même sensibilité et les mêmes aspirations, en harmonie, jusque dans nos divergences, qui étaient animées de la même aspiration. Nous nous étions unis sans déclaration par la découverte, à la première lecture, de l’ajustement de nos âmes. »
Soit, l’amitié en soi est une belle chose, qui mérite d’être exaltée, à condition qu’elle soit vécue en Dieu. Mais quand-même, lorsque Mounier envoie la lettre suivante à son ami, il y a de quoi se poser des questions: «Je ne vous dit pas par des mots cette singulière amitié qui m’unit à vous à travers une visite et quelques lettres hâtives. Parce-que cette communion secrète est bien plus agréable que des formules de confection
‘Communion secrète’ vous avez bien lu, il faut le faire quand-même ! Tout ce qu’on peut dire nous c’est que Mounier emploie des termes blasphématoires, maintenant à savoir si c’est de l’homosexualité refoulée, de la névrose, ou plus probablement les deux à la fois, nous laissons les psychiatres se prononcer !
Ce qui est fort probable, c’est que tout au long de sa vie Mounier devait garder au fonds de lui une profonde souffrance. Voici ce que Mounier écrivit, à la mort prématurée de son ami :
« C’est une vérité d’expérience chrétienne, la plus dure, je crois, à comprendre du dehors. Le jour de la mort de mon ami, a mis le point final à toute une jeunesse et a porté au premier plan de mes pensées tout ce drame d’une famille, celui d’une génération et celui d’une humanité »
Le Père Jean Maroun décrit très bien l’influence de ce traumatisme sur la pensée de Mounier : « Cet événement lui a fait sentir l’ampleur de sa vocation singulière, humaine et sociale. ‘Notre hic et hunc, nos personnes, dit-il, ce sont ces hommes un à un, leur souffrance, leur désespoir, leur accablement.’ Il aime les hommes et la vie
Il aime les hommes et la vie… On dit des débauchés qu’ils aiment les femmes et la vie, alors comment peut-on qualifier Mounier ? Nous ne sommes pas en mesure de répondre.
Mais il est possible que sa probable homosexualité névrotique ait eu une influence prépondérante sur le développement de sa pensée fumeuse et chimérique fondée sur l’amour de ‘l’homme dans toute sa transcendance’.
Voici en tout cas comment d’un esprit tourmenté naissent des doctrines empoisonnées.
Dans la dernière partie, nous allons voir l’impact qu’a eu le personnalisme sur la société maronite.

Le personnalisme à l’assaut de l’église et de la société maronites

Le personnalisme allait devenir au Liban la doctrine officielle des Phalanges libanaises, et ce très vite après leur fondation en 1936. C’est le journaliste Edouard Saab qui parvint à convaincre Pierre Gémayel, au départ réticent, d’inscrire le personnalisme au programme de la formation des militants kataëb. Le frère de Pierre Gémayel, Maurice, se chargera par la suite spécifiquement de cette formation doctrinale.
Dans le même temps, des personnes éminentes comme Charles Malek allaient constituer tout un courant intellectuel imprégné de modernisme, qui allait constituer la référence commune de tous les partis ‘chrétiens’. L’anti-libéralisme apparent du personnalisme allait induire en erreur les militants de base de bonne volonté et encore profondément imprégnés de tradition catholique.
Une fois repris par le Père Jean Maroun Maghannès, le personnalisme allait pouvoir aussi infester massivement l’église maronite. Notons que le Père Jean Maroun faisait partie de l’Ordre Libanais Maronite, qui est pourtant le courant le plus conservateur chez les maronites. C’est justement encore une fois l’anti-libéralisme apparent et la soi-disant défense de la chrétienté par Mounier qui allaient faire plonger l’ordre monastique dans l’hérésie, entraînant à sa suite de nombreux prêtres, évêques et même patriarches maronites.
Le Liban n’a pas connu un repoussoir libéral comme la Révolution Française, le laïcisme étatique, ou la légalisation de l’avortement, qui ait permis de créer une résistance traditionaliste. C’est ce qui explique pourquoi le modernisme y a rencontré si peu de résistance.
En plus de cela, Charles Malek, le Père Jean Maroun, et tous ces modernistes passaient pour la fine fleure de la chrétienté libanaise, car c’était les seuls actifs sur le plan intellectuel, en face des partisans des courants gauchistes, arabisants et islamistes, qui voulaient eux aussi déchristianiser le Liban, mais par des méthodes beaucoup plus violentes !
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MessageSujet: Re: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier   Le personnalisme d'Emmanuel Mounier EmptyJeu 8 Mar - 23:42

je vous remercie vivement pour tous ces textes fondamentaux qui nous montrent qu'une des grandes sources de l'ultra modernisme conciliaire puise son poison dans le personnalisme de Mounier
Cette idéologie fondée sur la distinction fausse et abstraite entre "l'individu" et la "personne" explique une partie du discours dominant de Ratzi et consorts.
Cette idéologie semble aussi alimenter cette
"LOI DE LIBERTE" qui est quasiment un nouveau Dogme de la nouvelle religion au pouvoir.
je cite plus bas une homélie trouvée au hasard d'un prêtre conciliaire docteur en théologie,
A la lumière des textes cités par Torquemado, on comprendra mieux je pense toute la fourberie dissimulée dans les paroles prononcées dans ce discours :


Homélie du 2 septembre 2006 : Homélie sur Marc 7, 6-23 et Jacques 1, 17


Dernière édition par le Jeu 8 Mar - 23:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier   Le personnalisme d'Emmanuel Mounier EmptyJeu 8 Mar - 23:47

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