Pluchon Ecuyer
Nombre de messages : 319 Date d'inscription : 10/05/2009
| Sujet: Saint Thomas More, suppôt de Satan :-) Dim 1 Aoû - 19:44 | |
| Extrait de la Vie de Sir Thomas More écrite par son beau-fils William Roper : Tandis que Sir Thomas More était Lord Chancelier et comme il prenait quelque loisir (ce qui lui advenait rarement), l’un de ses gendres lui dit gaîment que, lorsque le Cardinal Wolsey était Lord Chancelier, non seulement d’aucuns de sa chambre privée, mais jusqu’à ses concierges en tirèrent grand profit ; (comme il avait épousé l’une de ses filles et qu’il continuait à le servir, il pensait pouvoir raisonnablement escompter quelque gain) alors que lui-même, parce que Sir Thomas More était toujours prêt à écouter tout un chacun, pauvre ou riche, et ne fermait jamais sa porte à quiconque, n’en pouvait trouver aucun ; ce qui lui causait beaucoup de découragement. Et alors que certains, qui par amitié, qui par parenté, qui par profit, désiraient fort qu’il les promût en la présence de Sir Thomas More, s’il eût pour ce faire accepté d’eux quoi que ce fût, il leur eût causé grand tort, puisqu’ils pouvaient obtenir pour eux-mêmes autant que lui pour eux. Cet état de choses était assurément très louable chez Sir Thomas More, mais lui, son fils, ne le trouvait nullement profitable.
Quand il lui eut conté cette histoire :
— Vous dites bien, fils, répondit Sir Thomas More et il ne me déplait pas que votre conscience soit si scrupuleuse, mais il y a mainte autre façon dont je pourrais tout ensemble vous faire du bien et faire plaisir à votre ami. Car je pourrais tantôt appuyer votre ami par ma parole et tantôt l’aider par un écrit ; ou s’il avait quelque procès en instance devant moi, je pourrais à votre requête l’entendre avant un autre. Ou encore, si sa cause n’était pas des meilleures, je pourrais inciter les parties à conclure un arrangement à l’amiable par arbitrage. Mais en dehors de cela, mon fils, je t’assure sur ma foi que si deux parties viennent en mes mains demander justice, alors, quand bien même mon père serait dans un camp et le diable dans l’autre, si la cause du diable est bonne, le diable aura son droit. | |
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