Le pape veut procéder à la "réforme de la réforme"
Il serait bien risqué de prévoir l’aboutissement des grandes évolutions ecclésiologiques qui semblent s’être ébranlées, lentement d’abord (le Catéchisme de l’Église catholique), plus nettement ensuite (Dominus Jesus), assez précisément aujourd’hui (Summorum Pontificum). On peut cependant imaginer, dans le domaine strictement liturgique, un double mouvement. Le missel traditionnel contient dans son canon l’expression tout à fait unique de l’action eucharistique (le sacrifice de la messe, sacrifice non sanglant, renouvelant le sacrifice du Golgotha, accompli sur l’autel pour la diffusion et l’application des fruits salutaires de la Croix), expression redoublée – comme d’ailleurs dans toutes les liturgies traditionnelles – par l’explicitation que constituent les prières de l’offertoire, la ritualisation des gestes, l’orientation de la prière. La "forme extraordinaire" du rite romain, de l’Église Mère et Maîtresse, dont la Lettre apostolique dit qu’il doit être "honoré en raison de son usage antique et vénérable", pourrait donc se voir à nouveau reconnaître, spécialement dans son canon unique – une des spécificité majeures de la liturgie de Rome – son rôle cultuel de regula fidei. D’autre part, il semble clair, dans la pensée de Benoît XVI, que la célébration publique du rite tridentin en de nombreux lieux ne peut qu’aider puissamment à mettre en œuvre sa conviction profonde : la réforme de Paul VI, après quarante ans d’usage n’ayant pas donné les fruits que l’on en espérait, il faut en douceur, avec patience, beaucoup plus dans la pratique que dans les textes, procéder à une "réforme de la réforme", qui la rapprochera progressivement de l’usage "antique et vénérable". Au-delà du rétablissement du droit du missel de Saint Pie V, Summorum Pontificum pourrait alors annoncer quelque chose comme un missel de Benoît XVI.
abbé Claude Barthe
Monde et Vie, 21 juillet 2007 – dossier sur le motu proprio
Et bien sûr, pas un mot sur l'invalidité des nouveaux sacres épiscopaux qui rendront invalide toute pseudo-restauration de la Messe.