luernos Sénéchal
Nombre de messages : 1588 Date d'inscription : 27/08/2006
| Sujet: comment détecter un auteur ésotériste ? Ven 4 Avr - 23:50 | |
| Une preuve que l'on trouve des informations pertinentes où l'on serait en droit de ne pas les trouver, mais qui révèlent une certaine honnêteté intellectuelle , Le père Lacordaire indique les cinq critères pour déterminer la densité de gnose contenue dans un texte. Je viens de le lire, et je n'en disposais pas quand j'avais analysé la dimension ésotériste , parmi les autres aspects philosophiques de cette encylique , dans la première partie de deus caritas est de b16. - Citation :
- À partir de quel “moment” peut-on dire qu’on passe de « l’exotérisme » à « l’ésotérisme » chrétien ? Quels critères faut-il retenir ? Est-ce le dépassement intérieur d’une certaine forme de dualié ? Est-ce le dépassement d’un certain anthropomorphisme ?...
Jérôme Rousse-Lacordaire : Il y a au moins deux registres dans votre question : 1. à quel moment se trouve-t-on devant un texte ou une pratique exotérique ; 2. à quel moment quelqu’un peut-il considérer qu’il a franchi la frontière entre exotérisme et ésotérisme ? Sur le premier point je citerai encore Antoine Faivre, qui décrit cette forme de « pensée » comme la rencontre de «composants». Quatre «obligatoires» : une théorie des correspondances entre les degrés du réel ; l’idée que la nature vivante est animée par un réseau de sympathies; la conviction qu’il y a en l’homme une faculté ou un “organe” qui lui permet de lire les réalités symboliques, et, par elles, de s’élever jusqu’au sommet ; enfin ce qu’il appelle la « transmutation » : cette connaissance n’est pas extérieure, neutre, elle transforme substantiellement celui qui connaît. A. Faivre ajoute encore deux éléments relatifs, car ils ne sont pas toujours présents : d’une part l’idée d’une transmission (on n’invente rien de « personnel », on reçoit et on transmet le « dépôt » de la connaissance traditionnelle) ; l’idée d’une concordance voire d’une « unité transcendante », entre les traditions. Lorsqu’on se trouve devant un texte qui présente ces quatre composantes, et éventuellement les deux autres, on peut dire qu’on est en présence d’un texte ou d’une pratique ésotérique. Mais lire un texte ésotérique n’est pas nécessairement entrer dans l’ésotérisme. Au sein du christianisme, à quel moment peut s’effectuer le « passage » ? La réponse ne va pas de soi. Est-ce l’adhésion à ce « quelque chose » au-delà du « Salut », que Guénon appelle la « délivrance » — c’est-à-dire la réunion au Principe ? Est-ce quand on porte une attention plus grande au symbolisme et qu’on le juge opératif — pas seulement illustratif ou didactique ? Est-ce quand on opère cette transposition que Guénon juge possible entre métaphysique et théologie? Est-ce quand on découvre des « correspondances » entre des traditions spirituelles assez différentes ? Est-ce quand on passe de « l’écorce » au « noyau » — mais quand peut-on prétendre avoir dépassé l’écorce ? Dans son article Y. Millet estime qu’un Catholique ne pourrait prétendre entrer en ésotérisme au plein sens du mot qu’à partir du moment où il aurait déjà accompli tous les devoirs de l’exotérisme, et notamment à partir du moment où il aurait atteint le degré le plus extrême de la charité. Y en a-t-il beaucoup qui peuvent le prétendre ? | |
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