Notons tout de suite la place de cette maternité, entre la maternité divine de Marie et la maternité humaine de toutes les femmes. Elle réalise plus parfaitement les caractéristiques de la maternité, et ce sont les vierges consacrées qui la vivent en plénitude. Quand une jeune fille entre au monastère, les mondains disent ou pensent : la pauvre! En réalité, elle réalise plus parfaitement sa vocation féminine si Dieu l’appelle. Elle y trouvera non pas un manque mais une plénitude. Elle choisit la meilleure part et elle ne lui sera pas enlevée ! Il n’est pour s’en convaincre que de remarquer le visage rayonnant de certaines religieuses qui ont vingt ou trente ans de profession religieuse. Une épouse du Christ qui est restée fidèle à la fraîcheur et à la tendresse de son amour pour le Seigneur Jésus est une des plus belles grâces que l’Eglise puisse nous donner de contempler !
Le but de cette maternité spirituelle est la naissance des âmes à la vie de la grâce. Quand cette maternité s’exerce sur les âmes du purgatoire, c’est la naissance à la gloire qui est visée. Dans tous les cas le but ultime est la perfection de la charité, qui édifie tout le corps social de la chrétienté.
La conversion d’une âme ne peut être que l’œuvre du Saint Esprit qui retourne la volonté rebelle vers Dieu par sa grâce. C’est une œuvre d’amour. Le Saint Esprit est le Sanctificateur, celui qui donne la vie de la grâce . Il le fait toujours dans le Cœur de Marie qui est le Temple sacré où les élus sont formés en Jésus. Plus une religieuse est unie à Notre-Dame, plus elle est féconde par l’opération du Saint Esprit. Pour ce faire la religieuse vit une vie cachée sous le voile et la clôture; elle est aussi l’Epouse du Saint Esprit toute réservée à Lui. Elle devient alors mère des âmes. C’est la maternité la plus excellente mais aussi la plus dépouillée car elle se réalise uniquement dans la Foi.
De plus, la fécondité spirituelle de la vierge consacrée est inséparable de la virginité sacerdotale. Saint Ambroise enseigne à ce propos : « Il est bien que Marie ait été épouse, mais vierge, puisqu’elle figure l’Eglise, qui est sans tache, mais épouse : vierge elle nous a conçus de l’Esprit-Saint, vierge, elle nous enfante sans douleur. Peut-être aussi sainte Marie a-t-elle été rendue féconde par un autre que son époux parce que les églises particulières, fécondées par le Saint-Esprit et la grâce, sont unies visiblement à un pontife mortel. » L’Epoux perpétuel et éternel de Marie comme de la vierge consacrée est bien Notre-SeigneurJésus-Christ. C’est pourquoi l’évêque prononce cette prière en remettant le voile : « Recevez ce voile bénit, il sera pour tous la preuve et la marque officielle de votre union au Christ Jésus à qui vous vous êtes donnée à jamais comme son épouse très fidèle. » Le voile de la religieuse est le sacramental de la réserve de la vierge au Christ. L’Eglise voile les vases sacrés où la Présence Réelle du Christ habite: le ciboire est voilé du pavillon lorsqu’il est rempli d’hosties consacrées; le tabernacle est voilé du conopée lorsque les saintes espèces sont présentes à l’intérieur. L’ancienne synagogue voilait le Saint des Saints où reposait la Gloire de Yahvé (Shekinah). Le voile soustrait aux regards profanes, mondains, la présence sacrée du Seigneur, et en même temps il l’a signifie. La religieuse voilée manifeste que le Saint-Esprit est présent en elle plus que dans les autres femmes pour la rendre mère des âmes.
L’évêque, comme Saint Joseph, est époux temporaire de l’Eglise et gardien des vierges consacrées. C’est pourquoi l’évêque porte l’anneau : « Recevez cet anneau, symbole de la fidélité inviolable avec laquelle vous devez garder l’épouse de Dieu, c’est-à-dire l’Eglise. » Saint Joseph représente donc l’épiscopat et spécialement l’évêque de Rome : le Pape. Le Pape est en effet le gardien de la virginité dans l’Eglise et le Supérieur suprême de tous les religieux.
Can. 499 : « Tous les religieux sont soumis, comme à leur supérieur suprême, au Souverain pontife, auquel ils sont tenus d’obéir même en vertu de leur vœux d’obéissance. »
Le Pape et les évêques, dans leur sollicitude au sujet des Eglises et des vierges consacrées, doivent s’inspirer de la tendresse, du respect, du dévouement de saint Joseph pour son épouse virginale.
Comme la virginité de Marie seule n’était pas apte à concevoir Jésus, la virginité consacrée seule n’est pas apte à concevoir Jésus dans les âmes. Il faut que la virginité religieuse soit unie par la prière et la fidélité aux vœux à la virginité sacerdotale qui s’offre au Saint Sacrifice de la Messe . Que chacun comprenne qu’il ne peut rien sans l’autre.
C’est par son fiat que l’Immaculée Conception est devenue la Mère de Dieu. C’est par sa profession religieuse et les fait répétés au long des journées que la religieuse devient la mère des âmes. Elle mérite des grâces pour les âmes, ces grâces nourrissent et font grandir les âmes qui en profite. La religieuse est médiatrice des grâces avec le Saint Esprit et l’Immaculée.
Toute la vie religieuse est faite de renoncement et de mortification par amour. Chacune des croix quotidienne est pour la religieuse une occasion de prouver à Dieu sa détermination à tout souffrir pour les âmes. C’est sur la Croix que Jésus a sauvé les âmes en coopération avec le Saint Esprit. C’est dans la souffrance que la religieuse s’unira à Marie et au Saint Esprit pour enfanter les âmes au salut.