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 2 Mars - fête de Saint Jean Maroun (Eglise maronite)

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Torquemodo
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Torquemodo


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Date d'inscription : 12/02/2007

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MessageSujet: 2 Mars - fête de Saint Jean Maroun (Eglise maronite)   2 Mars - fête de Saint Jean Maroun (Eglise maronite) EmptyLun 2 Mar - 0:31

Trois semaines jour pour jour après la fête de son saint Patron Maroun de cyrhéstique (région de Cyr au Nord-Est d'Antioche), l'Eglise maronite célèbre la mémoire de celui qui est à proprement parler son fondateur : Saint Jean Maroun de Saroum, Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient.
Si l'hermite Maroun loué par Saint Jean Chrysostome fut avec ses disciples à l'origine d'un courant monastique attaché à la primauté du Saint-Siège jusqu'à endurer les persécutions et le martyre de la part de clercs et de gouvernants hérétiques, le Patriarche Jean Maroun est à la racine de la seule branche de l'Eglise d'Orient qui allait persévérer indéfectiblement dans la Foi catholique : l'Eglise maronite.
Mort vers 410, le premier Maroun vit ses disciples se constituer d'abord en organisation monastique. Un monastère fut bâti au nom du Saint avec la coopération de l'Empereur byzantin (encore catholique) Héraclius. Sa localisation fait débat, il se situait probablement sur la vallée de l'Oronte.

C'est un certain Père Alexandre supérieur du monastère de saint Maroun qui écrivit en 518 au Pape Hormizdas une lettre pleine de soumission filiale dans laquelle il dénonçait le comportement hérétique du Patriarche d'Antioche Sévérius et de l'Empereur Anastase qui venaient l'année précédente de massacrer 350 moines du couvent pour avoir refusé de se soumettre à leur impiété (ils étaient favorables au monophysisme). Le catholicisme était menacé de disparaître de tout l'Orient, broyé entre le marteau du monophysisme syriaque et du césarisme byzantin. Les Empereurs en effet à l'exception du fameux Anastase et de quelques autres se montraient rarement ouvertement favorables au monophysisme et acceptaient ou feignaient d'accepter le Concile de Chalcédoine proclamant l'union hypostatique des deux natures de NSJC. Mais déjà ils s'arrogeaient une autorité spirituelle qu'ils n'avaient pas, et entraînaient le clergé avec eux.
De l'autre côté les syriaques, outrés par ce césarisme qui allait de pair avec une byzantinisation exacerbée du culte au détriment de l'araméen, réagirent en refusant le concile de Chalcédoine et de la sorte en faisant schisme. Seuls quelques ilots de Francs établis près d'Antioche maintenait le catholicisme, avec quelques araméens se souvenant de Saint Maroun et de ses disciples.

Au VIIème siècle alors que déjà le catholicisme était si affaibli vint se rajouter un fléau supplémentaire: l'invasion arabe. Les schismatiques syriaques accueillirent les arabes comme des libérateurs du joug byzantin. L'Empire perdit rapidement toute la Syrie y compris Antioche. Toute l'Anatolie risquait de tomber aux mains des arabes.
Alors dans la seconde moitié du VIIème siècle les byzantins réagirent en mobilisant des guerriers de tribus qu'ils avaient satellisées lors de leurs précédentes campagnes. L'une de ces tribus était celle des Mardaïtes. Ils furent déjà connus au Ier siècle de notre ère sous le nom de Mardes par les Romains qui les croisèrent lors de leurs campagnes en Anatolie Orientale. Il s'agissait probablement de descendants des Scythes, cette tribu indo-européenne belliqueuse connue pour ces archers.
Etablis dans les montagnes bordant les rives sud de la mer Caspienne (au nord de l'actuel Iran) ils prirent le nom de Mardes qui en perse signifie "hommes braves". Ils entamèrent vers le IIème siècle av JC une migration vers le Caucase et l'Anatolie orientale, où ils croisèrent et affrontèrent les romains. Puis satellisés tout comme les peuples "barbares" d'Occident, ils furent les meilleurs soldats de l'Empire. Etablis en Arménie ils prirent le nom de Mardataï d'où le terme Mardaïtes employés par les Grecs pour les désigner

C'est donc vers l'an 677-678 d'après l'historien Théophanes que les Byzantins mobilisèrent les Mardaïtes et les envoyèrent en renfort contre les arabes. Ces guerriers robustes montagnards en même temps très mobiles firent toute la différence sur le champ de bataille. Ils prirent position sur les hautes montagnes peu habitées de l'Ammanus au nord d'Antioche et établirent une percée vers le sud en suivant la ligne de crête des montagnes côtières. De la sorte ils atteignirent le Liban et ses sommets où ils se fixèrent solidement et durablement. De là ils menèrent une guerre de harcèlement contre l'occupant arabe, menaçant les villes de Damas et de Jérusalem. L'Empire était sauvé, l'offensive islamique enrayée. Le Calife Moawiya demanda la paix à l'Empereur Constantin au prix de conditions humiliantes, en contrepartie desquelles la contre-offensive mardaïte fut gelée et le plan de reconquête chrétienne de la Terre Sainte abandonnée. Ces Mardaïtes adoptèrent le catholicisme de ces montagnes-refuges des derniers moines de Saint Maroun et le défendront bientôt avec zèle. Les contingents de francs établis près d'Antioche n'y furent sûrement pas pour rien.

Voilà quel fut le contexte politico-religieux de l'époque. Le Saint qui nous intéresse aujourd'hui est donc né dans la petite ville de Saroum au Nord d'Antioche et au bord de la chaine de l'Ammanus. Son Père, Agathon, fut probablement le neveu d'un prince carolingien nomme Carloman.
Dans sa jeunesse, Jean est envoyé au monastère de saint Maroun sur l'Oronte où une fois fait moine il joint à son prénom celui du saint Patron du monastère. Ordonné prêtre puis sacré évêque de la ville de Batroun au nord du Liban en 676, il devient supérieur du couvent. De par ses origines géographiques il dût être en relation permanente avec les Francs et les Mardaïtes qui le tiennent en grande estime.
Le traité de paix arabo-byzantin entraîne un bouleversement politico-religieux. Byzance a besoin des Mardaïtes pour combattre les Perses en Arménie. De plus le Calife ne cesse de faire pression pour que les Mardaïtes se retirent du Liban. En 685 Abdel Malik le successeur de Moawiya demande à Justinien II le successeur de Constantin un renouvellement du traité de paix et le démantèlement des Mardaïtes. Celui-ci accepte et entraîne 12000 guerriers Mardaïtes en Arménie où ils vont infliger une défaite décisive aux Perses. Après cette bataille les relations s'enveniment entre les Mardaïtes et Justinien II. Les guerriers refusent de quitter le Liban qu'ils ont transformé en forteresse et désirent toujours reconquérir la Terre Sainte. Ils continuent à harceler les arabes et menacent la paix.

Dans le même temps, en 686 meurt Constantin le Patriarche d'Antioche. Son successeur tombe dans l'hérésie monophysite ou monothélite et est déposé par le Pape Sergius. Devant la menace d'une vacance prolongée du siège patriarcal, les Francs et les Mardaïtes se concertent avec le Pape, et il est décidé d'introniser patriarche saint Jean Maroun. Ce qui fut fait l'année même. Justinien II considère ce geste comme un défi suprême à son autorité. Il décide de livrer une guerre sans merci aux Mardaïtes aux Francs et au Pape. Son attitude schismatique préfigure bien celle de Michel Cérulaire qui en 1054 consommera définitivement la sortie des byzantins hors de l'Eglise.
Pour faire face les princes des Mardaïtes s'unissent et font allégeance à Saint Jean Maroun. Ils établissent au Liban une constitution civile avec de nombreux articles dont un entre autres qui interdit l'habitation de non-catholiques dans de vastes zones. Un véritable état catholique se forme dans les montagnes du Liban. La nation libanaise est née. Simon prince des Mardaïtes en est le chef temporel et Saint Jean Maroun le chef spirituel.

Alors selon l'opinion de la majorité des historiens maronites anciens les Mardaïtes changent leur nom en celui de Maronites à l'exemple de leur patriarche qui avait ajouté Maroun a son prénom. Car Maroun en plus d'être le nom du saint Patron vénéré signifie en araméen seigneural. C'est donc à partir de ce moment qu'on peut parler proprement de maronites.

Pendant ce temps Justinien II s'impatiente. Après avoir probablement fait assassiner un prince mardaïte, il décide en 695 d'envoyer toute une armée pour détruire le nouvel état catholique libanais et capturer saint Jean Maroun. Passant en Syrie par la vallée de l'Oronte l'armée saccage le couvent de Saint Maroun et commet de nombreux massacres. Justinien II devient critiqué à l'intérieur de son propre camp: un général byzantin, Léontes, recommande même aux maronites de frapper l'armée des byzantins comme une armée ennemie. L'historien Théophane qui relate en partie ces évènement critique Justinien II pour avoir causé une brèche dans la muraille d'airin qui défendait l'empire et sur laquelle depuis ce temps le fléau arabe ne cesse de s'abattre.
Lorsque l'armée de Justinien pénètre en territoire libanais elle est prise en embuscade par les maronites. Une rude bataille s'engage. Les maronites en sortent totalement vainqueurs, les généraux Maurice et Mauricien qui commandaient l'armée sont tués. Leur tombe a longtemps été conservée au Liban dans la région d'Amioun où se déroula la bataille.
Par la suite les arabes attaquent à leur tour le nouvel état. Le calife rassemble ses troupes. La confrontation a lieu près de Beyrouth et tourne encore à l'avantage des maronites. D'autres batailles suivront, mais les arabes ne réussiront jamais à conquérir le Liban, du moins dans sa partie centrale montagneuse forteresse des maronites. Les seuls musulmans qui parviendront à fouler ces terres seront les Mamelouks à la fin des Croisades au XIVème siècle.

Saint Jean Maroun se retrouve donc à la tête d'une Eglise et d'une Nation. Loin d'être absorbé dans les affaires temporelles il remplit à merveille son rôle pastoral en propageant la bonne doctrine catholique. Nous lui devons probablement de nombreux ouvrages, dont il ne reste malheureusement qu'un "exposé de la Foi" dans lequel il défend la doctrine chalcédonienne des deux natures. Certains historiens ont travaillé sur ce document et y ont trouvé des citations authentiques et inédites des Pères de l'Eglise.
Nous devons par ailleurs à Saint Jean Maroun une Anaphore de la Sainte Messe maronite qui porte son nom.
Le Saint avait deux neveux, Abraham et Cyrus. Arrivé à un âge avancé, il désigna Abraham prince du Liban. Cyrus quand à lui fut élu après sa mort deuxième patriarche maronite d'Antioche. Ainsi les deux glaives, spirituel et temporel, furent entre les mains de deux frères.

Saint Jean Maroun mourut le 9 février 707 et fut enterré au couvent de Kfar Hay dans le district de Batroun au nord du Liban.
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