Les silences d’Obama sur le sort des chrétiens d’Orient
Curieuse idée de venir parler « de justice, de progrès, de tolérance et de respect de la dignité humaine » en Egypte, pays en proie à une explosion démographique et à d‘énormes difficultés économiques, menacé par l’islam « radical » et par la violence des bandes armées, gangréné par la corruption et dont le potentat s’apprête à passer le pouvoir à son propre fils.
Il est vrai qu’Obama arrivait de Riyad où il venait d’assurer le régime des al-Saoud – fondamentaliste et délétère s’il en est – de l’amitié et du soutien indéfectibles des Etats-Unis. Qui peut le plus peut le moins. Il est vrai également que, dans le vaste monde, le nombre de pays musulmans progressistes et tolérants est plutôt limité. Alors pourquoi pas l’Egypte pour un discours d’ouverture au monde musulman .
Obama avait choisi l’Université al-Azhar du Caire. En soi tout un programme. La presse consensuelle a glosé sur ce « haut-lieu de la culture et des sciences arabo-musulmanes » sans rappeler que le cœur de l’Université al-Azhar est la Mosquée éponyme, ce qui en fait assurément un « haut lieu » de l’intégrisme musulman, dont sont issus – entre autres – Ahmed Yassine, co-fondateur du Hamas, et Hassan El-Banna, le fondateur des Frères musulmans. Le gendre et continuateur de l’œuvre de ce dernier, Saïd Ramadan, est le père de Tariq Ramadan, le célèbre musulman modéré favorable à un moratoire sur la lapidation des femmes, comme d’autres le sont sur la pêche au thon rouge.
Lorsqu’en 2007 un projet de coopération entre la Mosquée de Paris et l’Université al-Azhar fut évoqué, le recteur de cette dernière, Mohammed Tantaoui, lançait une fatwa condamnant à mort un jeune Egyptien et sa femme qui venaient de se convertir au christianisme. Un sondage effectué à cette époque par le quotidien gouvernemental égyptien al-Messa montrait que les oulémas formés par al-Azhar sont unanimes sur la « nécessité de tuer l’apostat ». Comme l’a lui-même confirmé le recteur Tantaoui à plusieurs reprises, l’islam professé à l’Université al-Azhar condamne bien à mort ceux qui voudraient apostasier la religion du Prophète pour en embrasser une autre. Un détail qui n’a pas outre mesure chagriné le président des Etats-Unis, qui a tenu à ses hôtes cairotes et au monde musulman un discours que tous attendaient, sur la tolérance de cette religion.
Quant à la situation des chrétiens en Egypte et dans les pays musulmans, elle n’a en rien ému le président Obama qui n’a pas eu un mot pour condamner le processus d’épuration dont ils sont les victimes en terre d’islam. La récente – et virtuelle – pandémie de grippe porcine fut l’occasion pour les autorités égyptiennes de procéder à l’abattage systématique des troupeaux de porcs du pays. Une mesure qui n’a aucune justification sanitaire comme l’a précisé l’Organisation mondiale de la santé, mais qui de toute évidence est destinée à pousser vers la ruine, l’exil ou la tombe les derniers membres de la communauté - chrétienne - copte .
Qui condamnera le silence du président Obama sur le sort tragique des chrétiens d’Orient ?
Henri Dubost pour Novopress France
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