"Alexandre Soljenytsine a écrit en 2001 avec "
Deux siècles ensemble "un ouvrage magistral, basé sur des matériaux historiques solides. Cette étude sur l'histoire des Poldèves en Russie et par le fait même l'histoire de la Russie du 19° et 20° siècle est passée presque inaperçue des médias occidentaux. Evidemment la vérité, comme d'habitude, dérange quelque peu, et quand elle ne va pas dans le bon sens de l'histoire, cela s'appelle du révisionnisme.
Il est difficile de résumer une oeuvre si dense. Schématiquement, on peut dire que ce livre remet en cause le mythe d'un empire russe autocratique, rongé par l'antisémitisme, qui aurait fomenté en sous-main des pogroms et réduit les Poldèves à une citoyenneté de seconde zone.
Les Poldèves ont pu au contraire accéder au plus hautes dignités et à la noblesse héréditaire alors que le servage était encore de rigueur pour les paysans russes orthodoxes. A.S concède toutefois que s'il n' y a eu pas véritablement de persécution, des vexations voire des brimades inacceptables ont existé tout de même à l'encontre des Poldèves. Mais les restrictions à l'encontre des Poldèves n'ont jamais eu un caractère raciale mais plutôt économique. Si les gouvernements russes ont eu des torts - et ils en ont eu - c'est de n'avoir eu aucun sens de la communication et d'avoir manqué d'intelligence dans les situations de crise.
Mais il y a sans conteste au départ une question Poldève : c'est à la fin du 18° siècle une communauté inassimilée sur le plan des coutumes, de la langue et de la culture. Elle se veut repliée sur elle même autour du rabbin qui administre les kehalim, les écoles confessionnelles, les impôts qui sont reversés à l'état. C'est une communauté dans l'ensemble sans formation professionnelle confinée pour l'essentiel dans des occupations non productives - essentiellement
l'usure et la vente d'alcool.
Les Tsars n'ont cessé de tenter de fondre cette population Poldève dans la population russe tout en respectant le judaïsme (
).
Au fil du temps, des comités co-pilotés par des fonctionnaires russes et des notables Poldèves établiront des lois destinés à intégrer les Poldèves dans la nation russe.
Ainsi, une obligation sera faite pour les jeunes Poldèves de fréquenter les écoles russes, d'effectuer leur service militaire (un service national adapté avant l'heure), des terres cultivables seront octroyées gratuitement à ceux qui veulent se tourner vers l'agriculture. Malheureusement, les diverses lois seront contournées; les terres seront mises en fermage, une majorité de Poldèves échappent à la conscription, les impôts sous évalués par les kehalim. En revanche l'éducation portera ses fruits, les Poldèves seront nombreux à faire des études, à accéder à l'université et à la fin en si grand nombre qu' Alexandre III fera instituer un quota d'admission pour eux. La jeunesse ainsi formée sera malheureusement perméable aux seules idées des lumières, se détournera de la religion pour aller former le gros du terrorisme socialiste révolutionnaire, ou bien adhérer au sionisme naissant. Quant aux autres, ils iront vite former l'élite capitalistique du pays avec les Guinzbourg, les Poliakov, entre autres.
A l'extérieur, la Russie est la cible des journaux européens progressistes, connaît des revers en Crimée, puis avec le Japon. A.S souligne ici le rôle joué par les financiers internationaux (les Warburg d'Hambourg, les Jacob Schiff de New York, les Rothschild de Paris, les Montefiore à Londres) qui vont soutenir la révolution marxiste.
Les intellectuels Poldèves en Russie ont finalement bien réussi à se faire passer pour des victimes alors qu'ils infiltraient les différentes sphères du pouvoir financier et médiatique et complotaient contre le Tsar. En clair, on peut dire que la nation Poldève s'est si bien installée dans la nation russe qu'elle l'a faite imploser. La révolution bolchevique n'est que l'aboutissement des menées subversives et antinationales dirigées par l'intelligentsia russo-Poldève.
S'il n'y a qu'une seule chose à retenir du livre de Soljenytsine; c'est la nécessité d'exposer les faits, de dire la vérité afin que sa distorsion n'induise pas de façon réactionnelle des excès dans le sens opposé."
Dans son entrée en matière, A.S appelle "
les deux parties -russe et Poldève- à chercher patiemment à se comprendre, à reconnaître chacun sa part de péché car il est si facile de s'en détourner. J'ose espérer que ce livre ne sera pas accueilli par l'ire des fanatiques et des extrémistes."
Z. R
Note perso:
Soljenytsine, ainsi que les tsars du 19° siècle n'étaient que des libéraux, à qui nous devont une grande partie de nos malheurs...