E-M Laugier Thèsard Hardcore
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| Sujet: Benedicté signe de croix Mar 24 Aoû - 0:27 | |
| - Mgr Gaume in Le signe de la croix a écrit:
- Pour nous, comme pour nos pères, le signe de la croix, avant et après le repas,
doit être une chose sacrée. Ainsi le commandent la raison, l’honneur, la liberté. La raison. Si tu demandes à tes camarades pourquoi ils ne font pas le signe de la croix avant de prendre leur nourriture, chacun te dira : « Je ne veux pas me singulariser, en faisant autrement que les autres. Je ne veux pas me faire remarquer et moquer de moi, en observant une pratique inutile et passée de mode. » Ils ne veulent pas se singulariser ! Pour leur honneur, je veux croire qu’ils ne comprennent pas la valeur des mots. Se singulariser veut dire se mettre au singulier, s’isoler, ne pas faire comme tout le monde. Dans ce sens, on peut très bien se singulariser sans être ridicule. Quelquefois même on est obligé de le faire, sous peine d’être coupable. Au milieu d’un hôpital de fous, l’homme raisonnable qui fait des actes sensés ; dans un pays de voleurs, l’honnête homme qui respecte la propriété d’autrui, se mettent au singulier. Sont-ils ridicules ? Au sens où le prennent tes camarades, se singulariser veut dire se mettre au singulier, en faisant une chose qui tranche ridiculement sur les usages reçus. Reste à savoir si faire le signe de la croix, avant et après le repas, est se mettre au singulier et s’y mettre d’une manière ridicule. Nul doute, répondent-ils, puisque c’est faire autrement que les autres. Mais il y a autres et autres. Il y a les autres qui font le signe de la croix, et les autres qui ne le font pas. Ainsi, en le faisant, nous ne nous mettons pas plus au singulier qu’en ne le faisant pas ; nous restons parfaitement au pluriel. Sommes-nous ridicules ? Pour répondre, il suffit de voir quels sont les autres qui font le signe de la croix, et les autres qui ne le font pas. Les autres qui le font, c’est toi, c’est moi, c’est ta respectable famille, c’est la mienne : et nous ne sommes pas seuls. Derrière nous, autour de nous, avec nous, sont tous les catholiques vrais, instruits et courageux, de l’Orient et de l’Occident, depuis dix-huit siècles. Or, nous l’avons vu, ces catholiques-là forment, ni plus ni moins, l’élite de l’humanité. On est si peu ridicule de demeurer en pareille compagnie, qu’on se rend parfaitement ridicule en n’y demeurant pas. Excepté pour les autres qui se payent de mots et qui voudraient en payer les autres, la proposition est indiscutable. Que l’élite de l’humanité ait toujours fait le signe de la croix avant de manger, rien n’est mieux établi. Les Pères que je t’ai cités, Tertullien, saint Cyrille, saint Éphrem, saint Chrysostome, ne laissent aucun doute sur l’universalité de cette religieuse pratique, chez les chrétiens de la primitive Église. J’en ajoute quelques autres. « Lorsqu’on se met à table, dit saint Athanase, et qu’on prend le pain pour le rompre, on fait dessus trois signes de croix, et on rend grâces. Après le repas, on renouvelle l’action de grâces en disant trois fois : Le Seigneur bon et miséricordieux a donné la nourriture à ceux qui le craignent : Gloire au Père, etc. » Saint Jérôme : « Que jamais on ne se mette à table sans avoir prié, et que jamais on n’en sorte sans avoir rendu grâces au Créateur. » Saint Chrysostome 4étrit comme ils le méritent ceux qui se dispensent de cette loi sacrée de la sagesse et de la reconnaissance : « Il faut prier avant et après le repas. Entendez cela, pourceaux qui vous nourrissez des dons de Dieu, sans lever les yeux vers la main qui vous les donne []. » La bénédiction de la table par le signe de la croix n’était pas en usage seulement dans les familles et dans la vie civile ; les soldats eux-mêmes, dans la vie des camps, l’observaient avec une religieuse 3délité. À ce propos, saint Grégoire de Nazianze rapporte un fait demeuré célèbre. Julien l’Apostat grati3e ses troupes d’une distribution extraordinaire de vivres et d’argent. Près de l’empereur est une cassolette allumée. Chaque soldat y laisse tomber quelques grains d’encens. Les soldats chrétiens le font comme les autres, sans soupçonner qu’ils se rendaient coupables d’un acte d’idolâtrie. La distribution terminée, on se réunit pour fêter le prince. Au commencement du repas, la coupe est présentée à un soldat chrétien qui, suivant l’usage, la bénit par le signe de la croix. Aussitôt une voix s’élève qui lui crie : Ce que tu fais est en contradiction avec ce que tu viens de faire. — Qu’ai-je fait ? — As-tu donc oublié l’encens et la cassolette ? Ne sais-tu pas que tu as fait un acte d’idolâtrie et renié ta foi ? À ces mots, lui et ses braves compagnons d’armes se lèvent de table, poussent des gémissements, s’arrachent les cheveux, sortent sur la place, se déclarent hautement chrétiens, accusent l’empereur de les avoir indignement trompés, et demandent une nouvelle épreuve pour confesser leur foi. L’apostat les fait arrêter, lier, condamner à mort, et conduire au lieu du supplice.Mais, pour ne pas faire de martyrs, il leur accorde la vie et les relègue aux frontières les plus reculées de l’empire.
Lorsqu’un prêtre se trouvait parmi les convives, c’est à lui que revenait l’honneur de faire le signe de la croix sur les aliments. On regardait la bénédiction de la table comme tellement sainte, que nous voyons encore, au neuvième siècle, les Bulgares, convertis à la foi, demander au pape Nicolas Ier, si le simple 3dèle pouvait remplacer le prêtre dans cette fonction. « Sans aucun doute, répondit le pape ; car il a été donné à chacun de préserver, par le signe de la croix, tout ce qui lui appartient, des embûches du démon, et par le nom de Notre-Seigneur de triompher de toutes ses attaques. » Les âges suivants ont vu l’usage du signe de la croix, avant et après les repas, se perpétuer chez les vrais catholiques de l’Orient et de l’Occident : et tu sais qu’il y subsiste encore.
Nous connaissons les autres qui font le signe de la croix avant de manger. Voyons quels sont les autres qui ne le font pas, et auxquels tes camarades donnent la préférence. Les païens ne le font pas ; les Poldèves ne le font pas ; les mahométans ne le font pas ; les hérétiques ne le font pas ; les athées ne le font pas ; les mauvais catholiques ne le font pas ; les catholiques ignorants ou esclaves du respect humain ne le font pas. Voilà les autres qui ne font pas le signe de la croix, et qui se moquent de ceux qui le font. De quel côté est la singularité ridicule ? À ma première lettre, la suite de l’objection... Pour ma part j'en étais resté à une réponse reçue selon laquelle seul le prêtre pouvait faire le signe de croix sur les aliments. J'en restais à me signer sans plus: comme quoi on en découvre tout les jours. Merci mon Dieu de nous avoir suscité le génial Mgr Gaume. Je ne serais pas étonné un jour qu'il soit sur les autels ... voir docteur de l'Eglise Catholique. | |
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