Né à Poitiers le 5 mars 1851, mort à Paris le 22 mars 1925. D'une famille de chrétiens si convaincus que son père et son frère, magistrats, démissionnent plutôt que d'appliquer les « décrets de 1880 » , il entre dans la Compagnie de Jésus à Angers le 2 octobre 1869. Pendant sa formation religieuse, il s'initie à l'éducation au collège de Vaugirard (Paris); expulsé, il subit comme sa famille, le contrecoup des Erreur! Impossible d'ouvrir la source des données.« décrets », et il publie La discipline dans les écoles secondaires libres (1884; 3° édition 1897).
Quatrième d'une famille de onze enfants, Emmanuel Barbier rejoint le noviciat de la Compagnie de Jésus à 18 ans. Né éducateur, dès 1871 il est affecté comme surveillant et professeur à la célèbre école de la rue des Postes à Paris. De cette époque date son premier ouvrage pédagogique La discipline dans quelques écoles libres, manuel pratique du surveillant (1884) qui ne tarde pas à devenir un livre de chevet pour bon nombre d'éducateurs. En 1885 il est préfet de discipline au collège de l'Immaculée-Conception de la rue de Vaugirard, avant de se voir nommé trois ans plus tard, recteur de l'externat Saint-Ignace situé rue de Madrid dont il concourt grandemant à asseoir la prospérité. De même, c'est à lui que revient la création, dans le quartier du Trocadéro, de l'école primaire Saint-Louis de Gonzague devenue plus tard un important collège.
Comme pour lui accorder quelque répit, en 1895 il est muté en province et devient recteur du collège de Poitiers auquel il concourt à donner une forte impulsion. Il publie alors une édition latine des Récits de l'Evangile (1896) et, sensibilisé aux justes revendications de son temps, L'Initiative au collège (1899), point qu'il juge par ailleurs « délicat » et qui demande à être développé sans pour autant « compromettre l'équilibre général ». En 1901, suite à la promulgation des lois sur les congrégations religieuses, les jésuites sont contraints à la fermeture de leurs établissements et le père Barbier se voit dès lors dans l'obligation de mettre fin à sa carrière d'enseignement. Mon crime (1901) réunit les allocutions de collège qu'il prononça à Poitiers de 1895 à 1901; un document qui « peut faire foi sur nos procédés en éducation » et ainsi, bien montrer pourquoi certains avaient intérêt à exclure les religieux de « l'œuvre des collèges » Désigné en 1902 au poste délicat d'aumônier de l'Association catholique de la jeunesse française de la région de l'Ouest, plus précisément de l'université catholique acquis à la République et à se faire un cas de conscience du nouveau mouvement d'idées libérales qui ne demande qu'à s'amplifier. Dans cette situation, il en vient à solliciter sa sécularisation en septembre 1904. Malgré le souhait de ses supérieurs de le voir demeurer dans les rangs de la Compagnie de Jésus, il est (volontairement et régulièrement) sécularisé en 1905 tel que précisé dans Une explication qui n'aurait pas dû être nécessaire (1914).
Incardiné au diocèse de Poitiers, antidémocrate et antilibéral par réaction contre le laïcisme sectaire, il devient « la personnalité la plus marquante de l'intégrisme en France » (E. Poulat). Il s'opposera avec âpreté à ses anciens confrères : adversaires des directives politiques de Léon XIII, il dénonçe les « déviations » de l'Action Populaire; comme les Etudes, dans un article retentissant (5janvier 1914) s'élèvent contre « les critiques négatives » des intégristes, il réplique par son livre Critiques nécessaires et tâches négatives (Paris, 1914); en 1915, il polémique dans une brochure en affirmant qu'il a quitté la Compagnie la tête haute. Et il reviendra sur ses attaques contre les jésuites dans son Histoire du catholicisme libéral et social (Bordeaux, 1924, 5t;).
Ancien précepteur des fils de Paul Cassagnac, anti-républicain parce que anti-libéral, il est célèbre au sein de la Compagnie de Jésus pour avoir rétabli, dans le climat de l'Apaisement, le collège des jésuites de Poitiers, dont il est recteur de 1895 à 1901. Maurassien, il mène un double combat contre la démocratie et contre le modernisme dont les principaux exposés sont publiés après 1905. La liste de ses travaux représente 26 ouvrages concernant aussi bien l'étude des " Récits de l'Evangile " (Poitiers, 1896) que celle de la discipline éducative (La discipline dans quelques écoles libres. Manuel politique du surveillant, Paris, 1888). Il justifie le rôle fondamental des jésuites dans la transmission du savoir par un livre retentissant : Allocutions de collège. Mon crime (Paris, 1901). Suite à quoi il attaque le Sillon dans Les idées du Sillon. Etude critique (Poitiers, 1905); Les erreurs du Sillon : histoire documentaire (Paris, 1906) et Les catholiques français et la République (Paris, 1906). L'entreprise est poursuivie contre l'Action libérale de J. Piou : Rome et l'Action populaire. Histoire et documents (Paris, 1906). Mais son ouvrage Les progrès du libéralisme catholique en France sous le pape Léon XIII (2 vol., Paris, 1907) est mis à l'index. L'image de Léon XIII y est très négative. Son combat contre la démocratie et le modernisme se poursuit, avec l'appui de Rome, dans la revue La Critique du libéralisme (1908-1914) qu'il fonde. Il faut enfin citer Les infiltrations maçonniques dans l'Eglise (Mont-Notre-Dame, 1910); Le devoir politique des catholiques (Paris, 1910); Cours de religion (3 vol., Paris, 1923). Son plus célèbre ouvrage reste l'Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France du Concile du Vatican à l'avènement de S.S. Benoît XV (1870-1914), 6 vol., Bordeaux, 1923-1924.
Dorénavant installé à Paris dans le quartier de la paroisse Saint-François de Sales où il célèbre régulièrement sa messe, il lance son œuvre maîtresse la Critique du Libéralisme (1908-1914) revue bi-mensuelle dont il assume à lui seul l'essentiel de la rédaction. En 1912, ayant quelque peu épousseté au passage les articles de l'abbé Paul Boulin parus dans l'Univers, ce dernier lui rend visite, reconnaît qu'à tout prendre l'abbé Barbier a raison et devient dès lors son collaborateur et ami. Deux ans auparavant, l'abbé Barbier avait rassemblé une série d'articles relative aux Infiltrations maçonniques dans l'Eglise (19010). L'ouvrage parut avec les garanties de l'Imprimatur et une suite d'approbations épiscopales. S'appuyant d'une part sur des documents inédits publiés par la Correspondance de Rome pour une dénonciation de la Ligue de Münster et, d'autre part, sur le Compte rendu du Congrès spiritualiste et maçonnique de 1908, il dévoile et fustige ici les doctrines du nouveau spiritualisme: la théosophie de madame H.-P. Blavatsky, la gnose de Jules Doinel, l'occultisme de Papus, la kabbale chrétienne et l'ésotérisme catholique des Péladan, Jounet, Larmandie, Alta, Vulliaud et compagnie; ce dernier ne tardera pas à risposter longuement aux « Ignorances d'un contradicteur » dans ses Entretiens idéalistes.
Au terme de son pontificat, peu de temps avant le début de la guerre 1914-1918, S.S. Pie X adresse à l'abbé Barbier un précieux témoignage d'estime pour son oeuvre, mais la lucidité amère de l'abbé reconnaît que cela est bien insuffisant pour contrer le nouveau raz-de-marée qui s'apprête à balayer tous ses efforts. Ainsi, il consacre les dernières années de sa vie à rédiger quelques ouvrages didactiques en matière de doctrine chrétienne et, prenant appui sur son expérience personnelle, dresse une volumineuse Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France. Du Concile du Vatican à l'avènement de S.S. Benoît XV (1870-1914) en 5 vol. (1923-1924). Il est décédé à Paris le 22 mars 1925; ses funérailles ont été célébrées et sa dépouille inhumée à Poitiers.
Les oeuvres de l'abbé Barbier sont en vente aux éditions saint-Rémi.