Rien n'est important dans la vie comme de savoir attendre et adapter à chaque instant ce que nous faisons à ce qu'Il veut. Nous jugeons le bon Dieu à notre mesure. Nous croyons que le Bon Dieu nous apprécie et nous aime selon notre perfection. Ce n'est pas du tout exact. Le Bon Dieu est l'Amour. Il veut notre amour pour répondre au sien et Il nous juge sur l'amour.
Si nous sommes pleins d'imperfections et d'amour, tout va bien. Si nous sommes parfaits et sans amour, toute notre perfection ne compte pas à ses yeux. Nous devons tendre à la perfection par amour et en aimant, parce qu'Il le veut. Mais si dans notre effort vers ce terme, nous ne remarquons pas de progrès, nous ne devons pas nous en préoccuper. L'amour est une chose, le progrès en est une autre. Nous ne regardons que le progrès, et Lui ne regarde que notre amour. Continuons donc nos efforts qui sont notre amour et ne nous occupons plus du résultat qui est son affaire.
La fidélité ne consiste pas à ne pas chuter, ni à atteindre la perfection d'un seul coup. C'est la fidélité du ciel. Celle de la terre consiste dans la volonté qui se reprend sans cesse pour s'élever malgré les imperfections et les chutes. Elle se reprend parce que Dieu le veut ainsi et qu'il en donne sans cesse la force. Faites ceci et vous vivrez.
Il faut aller au pas de Dieu. Le combat spirituel n'est pas une lutte irréelle (aujourd'hui, on dirait virtuelle, ndr), théorique, factice, c'est "la vie". Et les lois de la vie, il les lit dans la nature, dans les développements des plantes, des arbres. La vie, c'est l'adaptation joyeuse à tout, qui passe par dessus tout, en s'appuyant sur Dieu. Rien ne peut résister à l'effort de la plante qui pousse ses racines en terre, se plie aux accidents du terrain : et nous, nous voulons que la route pour atteindre le but soit droite, unie, aplanie. . La vie, c'est le plan de Dieu qui se réalise à travers les broussailles, les obstacles, les montées, les descentes du terrain qu'est notre âme. L'âme mûrit comme mûrissent les fruits, à travers les variations des saisons, les intempéries, la pluie et le soleil.
Ne vous pressez pas. Le moyen d'aller vite, en ces terrains de vie, c'est d'aller lentement.... ou mieux, d'aller au pas de Dieu qui, Lui, n'est pas pressé. La vie sur terre est un voyage. Si on marche, si on est en mouvement, tout va bien. Ce que le Bon Dieu ne supporte pas (et ce qui est intolérable) ce sont les âmes stationnaires, ou parce qu'inertes de nature, ou parce que persuadées d'avoir atteint le sommet au-delà duquel il n'y a rien.
Dom Guillerand cité par le Père Ravier dans Dom Augustin Guillerand, un maître spirituel de notre temps. DDB, 1965.