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 Le Kosovo, un autre terrain miné entre la Russie et l'UE

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MessageSujet: Le Kosovo, un autre terrain miné entre la Russie et l'UE   Le Kosovo, un autre terrain miné entre la Russie et l'UE EmptyLun 11 Juin - 0:00

C’est une image bien connue des dessins animés qui vient tout de suite à l’esprit. Un personnage court et termine sa course au-dessus d’un précipice où, durant une ou deux seconde, il reste en suspension au-dessus du vide, tandis que ses jambes s’agitent furieusement en vain. Puis il tombe.

Ces dernières semaines, les déclarations des diplomates, de Washington à Moscou, conjugées à celles des politiciens de Belgrade et de Pristina, permettent de se demander si l’on ne se trouve pas en ce moment dans une de ces scènes de suspension temporaire tirées d’un dessin animé.

En effet, au cours des dernières années, les diplomates occidentaux qui planchaient sur le Kosovo s’étaient basés sur un postulat tactique à propos de la Russie : celle-ci allait bien finir par dire ce qu’elle exigeait en échange de l’indépendance du Kosovo, rendant ensuite possible la conclusion d’un marché.

Cependant, bien que la Russie ait jusqu’ici coopéré avec les États occidentaux impliqués au Kosovo et qu’elle ait soutenu sans équivoque la mission de Martti Ahtisaari - l’ancien Président finlandais nommé par l’ONU pour trouver une solution à cette épineuse question -, maintenant qu’une décision doit être prise pour de bon, la même Russie se rebiffe.

Selon des sources généralement bien informées, la Russie aurait laissé entendre qu’elle pourrait coopérer avec les États-Unis sur le Kosovo en échange d’un retrait du plan américain de bouclier anti-missile en Europe de l’Est, auquel elle s’oppose déjà ouvertement. On pense que ces discussions auraient eu lieu il y a une dizaine de jours à Moscou, lors de la visite de la secrétaire du Département d’État américain, Condoleezza Rice. L’idée n’a pas donné de suite.

Depuis lors, les chances qu’un compromis diplomatique soit trouvé sur le Kosovo se sont considérablement réduites. Il y a quelques semaines, des diplomates avaient laissé planer l’idée qu’une résolution de ce genre soit proposée aux Nations Unies. En théorie, le Conseil de sécurité aurait adopté une nouvelle résolution sur le Kosovo remplaçant la résolution 1244 déjà existante, qui régit toujours le statut de ce territoire.

Cette résolution n’aurait pas ressemblé aux brouillons occidentaux qui, bien que dépourvus de mention explicite de l’indépendance de la province à majorité albanaise, ouvriraient la voie à sa reconnaissance internationale. Ces brouillons misaient sur le principe que si la Russie s’interposait - et elle a clairement répété ces dernières semaines que ce serait le cas -, elle pourrait néanmoins accepter un compromis, ce à quoi elle avait d’ailleurs ouvert la porte.

Ce scénario aurait plusieurs conséquences. La résolution intégrerait une bonne partie du plan élaboré par Ahtisaari, mais les sections relatives à la souveraineté en seraient exclues ; la résolution stipulerait explicitement que cette question devrait être examinée à nouveau lors d’un processus d’évaluation ultérieur.

La résolution mettrait également un terme au mandat de l’actuelle mission de l’ONU au Kosovo et confierait à l’UE la police, la justice et les douanes qui reprendrait également le commandement des troupes de la KFOR, actuellement sous commandement de l'OTAN (il s'agirait de la mission militaire la plus importante de l'histoire de l'UE), tandis que le Bureau civil international (ICO) serait placé sous la gouverne du Représentant civil international (ICR). Le travail de l’ICR serait similaire à celui du Haut Représentant en Bosnie, c’est-à-dire à celui d’un gouverneur international tout-puissant.

Cette idée a apparemment suscité peu d’enthousiasme car les responsables européens la rejettent parce que les Albanophones du Kosovo pourraient juger qu’il s’agit simplement du statu quo dans un nouvel emballage. Dans ce cas, la mission pourrait fort bien d’échouer et, pour cette raison précise, le risque à prendre dans les circonstances apparaît trop grand.

Mais pourquoi une résolution est-elle si importante ? Car sans résolution, la mission européenne et l’ICO ne peuvent pas prendre les commandes au Kosovo. La mission de l’ONU se prépare à partir et sa crédibilité au sein de la société du Kosovo est épuisée.

Bon, alors, que nous reste-t-il ? Certains tablent sur la conclusion d’un accord sur le Kosovo au sommet du G8 en Allemagne. Néanmoins, le voyage de Condoleezza Rice à Moscou puis, il y a plus d’une semaine, le sommet russo-américain de Samara - pourtant voué à l’échec - avaient suscité des espoirs semblables.

Pour ajouter aux complications, le Royaume-Uni exige de la Russie l’extradition d’un suspect dans l’affaire du meurtre du dissident Alexander Litvinenko.

Dans une entrevue, diffusée vendredi par l’ONU dans son programme en langue serbe au Kosovo intitulé « Danas i Sutra » (« Aujourd’hui et demain »), Andrey Dronov, chef du consulat russe à Pristina, a réitéré que la Russie insisterait toujours pour que la solution au problème kosovar soit acceptable à la fois par la Serbie et par les Albanais du Kosovo. Il a ajouté : « La position de Moscou sur le statut du Kosovo reflète avant tout les intérêts nationaux de la Russie ».

La Russie s’est, dirait-on, mise dans une position où n’importe quelle solution qui ouvrirait la porte à l’indépendance du Kosovo serait perçue comme une humiliation ; le résultat est que ses intérêts ne lui laissent plus le choix de continuer à bloquer le processus. À l’inverse, les États-Unis répugnent maintenant à l’idée - dans le cas où la Russie choisirait effectivement de faire obstruction - d’encourager le Kosovo à proclamer unilatéralement son indépendance pour ensuite la reconnaître. Il devient de plus en plus évident qu’une telle initiative soulèverait beaucoup de problèmes. Les États de l’UE pourraient très bien se diviser sur la question, et il est également possible que personne ne daigne suivre les États-Unis.

Dans tous les cas, sans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, il serait impossible de remplacer l’ONU par l’UE et l’ICO. C’est peut-être pour cela que les diplomates jugent prudent de laisser en place le système onusien, malgré ses faiblesses, jusqu’à ce que la question soit résolue.

Quand cela se produira-t-il ? Personne ne le sait. Et jusqu’à nouvel ordre, aucun diplomate n’est préparé à admettre le fait que la Russie a peut-être bel et bien réussi à couler le plan Ahtisaari et, par la même occasion, à faire plonger la région dans un nouveau cycle d’instabilité, sinon de violence.

Mais une chose au moins est certaine. Le Président russe Vladimir Poutine s’est trouvé un curieux partenaire en la personne d’Albin Kurti, le chef du Mouvement pour l’auto-détermination du Kosovo. Albin Kurti a toujours rejeté les négociations d’Ahtisaari parce que, disait-il, il est vain de s’engager dans un processus qui a pour but de trouver un compromis, alors que les Albanais du Kosovo ne peuvent pas consentir à un compromis sur l’indépendance.

Vladimir Poutine donne donc raison à Albin Kurti en réclamant précisément un compromis, même si aucun analyste, aucun diplomate et aucun politicien de la région - sauf en Serbie - n’a jamais entendu dire par quiconque qu’une telle chose était possible ou réaliste.


1er juin 2007

Lors d’un entretien à Berlin avec le président serbe Boris Tadic, la chancelière allemande Angela Merkel s’est prononcée au nom de l’UE pour l’adoption d’une résolution de l’ONU « sur la base du plan Ahtisaari », qui recommande une indépendance sous supervision internationale pour la province serbe du Kosovo. M. Tadic a de son côté affirmé que le plan Ahtisaari était « absolument inacceptable », assurant que la Serbie était disposée à « parvenir à un compromis ».


8 juin 2007

Les autorités serbes et albanaises du Kosovo ont rejeté la proposition du président français Nicolas Sarkozy de fixer un délai supplémentaire de six mois pour la définition du statut futur du Kosovo. Le Premier ministre du Kosovo a déclaré que « de nouveaux délais pourraient accroître le sentiment de frustration et entraîner une perte de crédibilité des dirigeants du Kosovo et de la communauté internationale ». L’ONU doit décider prochainement du statut futur du Kosovo.
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MessageSujet: Re: Le Kosovo, un autre terrain miné entre la Russie et l'UE   Le Kosovo, un autre terrain miné entre la Russie et l'UE EmptyLun 9 Juil - 12:48

L’Union européenne peut-elle ignorer la Charte de l’ONU? 20:18 | 04/ 07/ 2007

Par Piotr Romanov, RIA Novosti

Tout va mal ! En effet, le droit international, dont la santé a toujours été très précaire, est de nouveau aujourd’hui à l’article de la mort. On vient cependant de le rappeler à la vie après l’aventure irakienne dans laquelle Washington s’est embourbé, après avoir violé la Charte de l’Organisation des Nations Unies.

Cette fois, le droit international est empoisonné par le Kosovo. Il est empoisonné par le Kosovo déjà depuis longtemps, mais tout indique qu’à présent, le pronostic du malade est plus que réservé. Mme Cristina Gallach, porte-parole du Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana, a, par exemple, déclaré : "Si la Russie s’obstine à dire "non" à l’indépendance du Kosovo, l’UE se chargera elle-même de trancher cette question avec le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU". Mme Gallach a fait cette déclaration sensationnelle dans une interview accordée au journal serbe Vecernje novosti.

Du moment qu’en vertu de la Charte de l’ONU, nul ne peut retirer à la Russie son droit de veto, alors que la prise de position de Moscou sur le problème du Kosovo, tout d’ailleurs comme celle de Belgrade, est bien connue, ce genre de déclaration ne peut signifier qu’une seule chose, et plus précisément que l’Union européenne a la ferme intention d’ignorer superbement le veto russe, la Charte de l’ONU et le principe même de l’intangibilité des frontières que la communauté internationale a pris pour axiome depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Si les propos de Mme Gallach traduisent fidèlement les idées de Javier Solana et de l’Union européenne, ainsi que des politiques européens, dans ce cas, cela signifie que la politique européenne est elle-même parfaitement inadéquate.

Il serait banal de disserter sur la question de savoir combien de temps l’ONU pourrait encore tenir si tout un chacun se mettait à violer la Charte de l’Organisation quand bon lui semble.

L’Union européenne ne s’intéresse naturellement pas du tout à la Serbie. Selon l’Europe, les Serbes sont déjà coupables d’avoir enfanté Milosevic. Par conséquent, ils doivent payer, payer et encore payer. Mais si à l’époque les Allemands avaient subi le même traitement pour avoir élu Tonton, que resterait-il aujourd’hui de l’Allemagne?

Il est apparemment tout aussi inutile de rappeler combien de points chauds sur la carte européenne ressemblent à celui du Kosovo, car cet argument laisse de marbre les partisans de l’indépendance kosovare. De toute évidence, ceux-ci sont persuadés que la politique de "deux poids, deux mesures" est la seule bonne politique. Pour eux, le Kosovo, c’est le Kosovo, mais, par exemple, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud ou la Transnistrie, c’est tout à fait différent. Mais en quoi donc les habitants de ces régions sont-ils inférieurs aux Albanais? Le politique européen, en tout cas Mme Gallach, ne se pose pas la question. C’est la géographie qui compte. Le Kosovo est limitrophe de l’Europe de l’Ouest, ce qui signifie que les Albanais sont en droit d’obtenir leur indépendance. L’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Transnistrie sont proches de la Russie, et elles n’ont pas, par conséquent, ce droit à l’indépendance. Toute la logique se résume à cela.

Combien de personnes sont désormais des réfugiés à cause de la politique folle de Milosevic, qui s’est soldée d’abord par le massacre d’Albanais par des Serbes et ensuite par le carnage de Serbes par des Albanais? Selon des estimations approximatives, il s’agit de quelque 200.000 personnes. On peut calculer combien de réfugiés apparaîtraient à présent à cause de la politique tout aussi folle des bureaucrates européens. A l’heure actuelle, la population non albanaise du Kosovo est de 180.000 habitants. Ce sont potentiellement tous soit des victimes, soit des réfugiés. Mais qui va donc garantir la sécurité au Kosovo quand il sera un jour indépendant, alors que d’ores et déjà cette province est devenue une "zone grise" du banditisme et du narcotrafic en Europe, fait que les spécialistes ne connaissent que trop?

Mais si l’Union européenne n’a pas réussi jusqu’ici à nettoyer le Kosovo de la drogue, quelle garantie offre-t-elle qu’elle saura protéger dans cette "zone grise" les femmes et les enfants qui n’ont pas eu la chance de naître Albanais ou musulmans? Se peut-il que tous aient déjà oublié la lâcheté des "casques bleus" hollandais? Or, nul d’entre eux n’a encouru la moindre punition, bien qu’ils soient coupables des crimes perpétrés sous leurs yeux.

Et qui en Europe a sérieusement réfléchi au problème de l’"identité kosovare", c’est-à-dire au rêve des extrémistes albanais qui ambitionnent de réunir également autour du Kosovo d’autres terres européennes, peuplées, de préférence, d’Albanais? Quoi qu’il en soit, il y va déjà de l’intégrité territoriale de la Macédoine, du Monténégro et même des régions nord de l’Albanie elle-même. Ainsi, le problème ne se limite pas à la seule Serbie, loin s’en faut.

Autrement dit, le Kosovo n’est prêt à l’indépendance ni politiquement, ni économiquement, ni psychologiquement ni sur le plan de la sécurité. La Serbie n’y est pas prête, elle non plus. Qui plus est, ni la Russie ni l’Europe n’y sont prêtes. Seuls les bureaucrates européens insouciants, les nationalistes albanais et l’administration des Etats-Unis y sont prêts. Mais on se souvient que cette même administration américaine était tout aussi prête autrefois à la guerre en Irak.

On a l’impression que tout le système de rapports dans le monde est en train de s’écrouler sous nos yeux. Tout en respectant le droit international, la Russie n’a cessé jusqu’ici de déclarer respecter l’intégrité territoriale de la Géorgie et de la Moldavie et ce, bien que ses relations avec ces pays soient loin d’être idéales. Et que doit-elle faire désormais? Se mettre à encourager des tendances séparatistes à ses frontières? Se retirer de l’Organisation des Nations Unies?

C’est à peu près ainsi que la Société des Nations avait cessé d’exister jadis, alors que le monde se préparait à une nouvelle guerre.
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