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| les pape conciliaires seraient "imparfaits" | |
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luernos Sénéchal
Nombre de messages : 1588 Date d'inscription : 27/08/2006
| Sujet: les pape conciliaires seraient "imparfaits" Jeu 3 Juil - 21:17 | |
| [quote]Nouvelle hypothèse théologique sur le statut et l’autorité des papes conciliaires Introduction Les papes qui se sont succédé à la tête de l’Eglise depuis le second concile du Vatican ont souvent, à des degrés divers, affirmé des thèses nouvelles voire en contradiction avec les doctrines enseignées antérieurement par l’Eglise. Parmi ceux qui ont pris conscience de ces nouveautés doctrinales et qui se sont efforcés d’y résister, deux attitudes ont prévalu. Les uns ont mis en doute la réalité de la fonction de pape des souverains pontifes actuels en affirmant soit qu’ils n’étaient pas du tout papes, soit qu’ils étaient papes matériellement mais non formellement (thèse de Cassiciacum). Ces positions ont été regroupées sous le terme de « sédévacantisme » et semblent devoir être rejetées de par leur caractère schismatique. Les autres ont admis avec raison que les derniers souverains pontifes étaient réellement papes, mais ils se sont peu interrogés sur leur statut exact, eu égard à la fausseté de certains de leurs enseignements. En vue de combler partiellement cette lacune, nous proposons, à titre de simple hypothèse, une nouvelle solution théologique. Cette supputation vise non pas la réalité du caractère de pape des derniers souverains pontifes – laquelle est hors de doute – mais la modalité sous laquelle celle-ci s’exerce. Selon cette supposition les papes modernes seraient vraiment, réellement et 1 légitimement papes – ce que nie, par exemple, la thèse de Cassiciacum – mais il le seraient imparfaitement, ou pour être précis, ils seraient papes « en acte imparfait » (in actu imperfecto)1. Ajoutons que ce concept théologique, qu’il soit ou non adapté à la description de la situation des papes actuels, pourrait également être mis en oeuvre pour qualifier le statut de certains papes du passé qui, malgré leur légitimité incontestable, n’ont pas brillé en tout point par leur pure orthodoxie, nous voulons parler d’Honorius Ier et de Jean XXII. Cette remarque n’est pas sans conséquence, car elle permettra d’appliquer par analogie aux papes actuels certaines considérations possibles au sujet de ces papes du passé. Par ailleurs, on pourrait également l’appliquer au grand schisme d’occident, dans la mesure où chacun des « papes » de l’époque étaient reconnus par des saints éminents, et où on débat encore de nos jours pour savoir s’il faudrait plutôt accorder la légitimité aux papes de Rome ou d’Avignon. On n’aurait pas ainsi à choisir entre pape de Rome, pape de Pise et pape d’Avignon, mais on pourrait dire qu’ils furent tous papes, quoiqu’en acte imparfait. Puisque les papes en acte imparfait sont réellement papes, qu’ils sont papes en acte, quoique cet acte soit imparfait, ils possèdent nécessairement une certaine autorité, et il conviendra de préciser cette autorité, en fonction du bien commun de l’Eglise à laquelle elle est subordonnée. Néanmoins, avant de discuter de l’autorité 1 Aristote utilise la notion d’ « acte imparfait » pour décrire le mouvement. Saint Thomas reprend cette idée notamment en IIIa, q. 62, a. 4 : « motus est actus imperfectus ab agente in patiens. » Ceci ne signifie cependant pas qu’un pape en acte imparfait soit forcément un pape en mouvement, en dépit des nombreux voyages effectués par le Pape Jean Paul II durant son pontificat… 2 de ces papes, encore faut-il donner un fondement à nos supputations en essayant d’établir la possibilité théologique de la notion de « papes en acte imparfait ». Possibilité de la notion de pape « en acte imparfait » Pour mieux saisir la possibilité de la notion de pape « en acte imparfait », il peut être utile ce considérer une situation dont nous ne disons certes pas qu’elle s’applique à l’époque actuelle, mais qui en tout cas est considérée comme possible par les meilleurs théologiens. Le cardinal Cajetan, un des premiers grands commentateurs de saint Thomas d’Aquin, a affirmé qu’il était parfaitement envisageable, quoiqu’à la vérité une telle situation doive rester exceptionnelle, qu’un pape soit schismatique ou hérétique mais que dans un tel cas, il resterait pape jusqu’à son éventuelle destitution par les cardinaux, en vue du bien commun de l’Eglise prise dans son ensemble. Saint Robert Bellarmin a rejeté cette affirmation, disant qu’un tel pape perdait ipso facto son souverain pontificat, mais les plus grands commentateurs de saint Thomas, parmi lesquels Jean de saint Thomas et Billuart, ont défendu la thèse de Cajetan selon laquelle un pape hérétique ou schismatique restait pape à moins d’être destitué par les cardinaux. La situation décrite dans cet exemple reste une hypothèse, bien qu’il semble bien qu’elle se soit accomplie sous le pontificat de Jean XXII. Cependant sous cette hypothèse un homme serait pape, donc serait le chef de l’Eglise sur la terre, sans être lui-même membre de l’Eglise. Or dans un tel cas, cet homme ne pourrait être 3 qu’imparfaitement le chef de l’Eglise, puisqu’il n’en serait pas membre. On peut donc supposer qu’il serait pape en acte imparfait – pape en acte, comme Jean XXII qui a pris de bonnes décisions par exemple en condamnant des erreurs commises par Maître Eckhart, mais en acte imparfait, du fait de son schisme ou de son hérésie. La possibilité de la notion de pape en acte imparfait étant établie à partir du cas des papes schismatiques ou hérétiques, on peut l’étendre à des papes qui ont favorisé l’hérésie, sans apparemment être euxmêmes hérétiques, comme Honorius Ier, ou à des papes qui ont commis de graves erreurs théologiques, spécialement si ces erreurs ont rejailli sur leur enseignement en tant que pape2. Or tel semble bien avoir été le cas au moins de certains des papes qui se sont succédé depuis le concile Vatican II, puisque, tout en s’efforçant de lutter contre les menaces les plus graves contre la foi des fidèles, ils ont accepté et défendu certaines erreurs du Concile3. Ceci ne signifie pas d’ailleurs qu’un pape en acte parfait ne puisse pas commettre certaines erreurs, comme ce fut le cas de saint Pierre lui-même, auquel saint Paul a dû s’opposer en raison de sa timidité à admettre ouvertement dans l’Eglise des païens convertis. C’est pourquoi, même une fois admise la notion de pape en acte imparfait, il convient d’être très prudent dans son application, car un pape, étant homme, peut très bien commettre des erreurs sans être par le fait même un pape en acte imparfait. Notons encore que 2 On pourrait peut-être aussi appliquer la notion de « pape en acte imparfait » à un pape qui n’aît pas validement été ordonné évêque – quoiqu’au demeurant, nous ne pensions pas que tel soit le cas du pape actuel. 3 On pourra sur ce point se référer par exemple à notre bref article sur Les « dogmes » dialectiques de Vatican II. 4 l’affirmation selon laquelle un certain pape, du fait de ses faiblesses extérieures, ne fut pape qu’en acte imparfait, ne préjuge en rien de sa bonne foi ni de sa sainteté personnelle. Par exemple le pape Libère a semble-t-il excommunié saint Athanase et souscrit aux formules eusébiennes d’une manière qui pouvait porter scandale auprès des fidèles : il n’en est pas moins considéré traditionnellement comme saint par l’Eglise4. Différences entre l’hypothèse du pape « en acte imparfait » et les théories sédévacantistes Parmi les théories sédévacantistes, les unes nient totalement que les papes conciliaires soient papes, les autres concèdent au contraire qu’ils le soient en quelque manière. La divergence entre l’hypothèse du pape en acte imparfait et les théories sédévacantistes du premier type n’a pas à être établie, car elle est évidente. Il reste donc à montrer en quoi cette hypothèse s’éloigne des théories sédévacantistes du second type. La plus célèbre de ces théories correspond à la thèse de Cassiciacum et soutient que les papes actuels sont papes matériellement mais non formellement, materialiter, sed non formaliter. Cette théorie s’oppose à celle du pape en acte imparfait de plusieurs manières. D’une part elle laisse entendre que le pape n’est pape que potentiellement, puisque la matière est pure puissance, tandis que selon la théorie du pape en acte 4 Certains hagiographes ont véhiculé l’idée selon laquelle tous les textes mettant en cause saint Libère étaient apocryphes. Il nous semble que cette thèse, très en vogue chez certains sédévacantistes, relève de l’histoire édulcorée ou ad usum delphini. Faudra-t-il à ce compte là supprimer des Actes des apôtres et considérer comme apocryphe la dispute entre saint Paul et son disciple Barnabé (Act. XV, 37-40) ? 5 imparfait, les papes conciliaires sont papes de manière actuelle, encore qu’imparfaite. D’autre part, selon les promoteurs de la thèse de Cassiciacum, les papes conciliaires ne sont pas formellement papes tandis que selon la doctrine du pape en acte imparfait, ces papes sont papes formellement quoique de manière imparfaite. On peut exprimer cette opposition de manière plus concrète. Selon les tenants de la thèse de Cassiciacum, les papes matériels ne sont pas vraiment papes au sens où ils ne sont pas légitimes et où ils ne possèdent pas d’autorité vraie. Au contraire, selon notre hypothèse, les papes en acte imparfait sont vraiment et réellement papes, de sorte qu’ils sont papes légitimes et possèdent une certaine autorité. A ce propos, il convient de remarquer que la théorie du pape imparfait telle que nous l’entendons ne peut pas s’exprimer de façon adéquate en disant que la pape est pape en acte premier, mais non en acte second. En effet, cette affirmation laisserait entendre que le pape est pape par sa légitimité, mais qu’il n’est nullement pape dans ces actes5. Or les papes en acte imparfait, en dépit de leur faiblesse, conservent leur autorité de pape de sorte qu’on leur doit obéissance lorsqu’ils l’exercent en vue du bien public. Tel a été le cas de Jean-Paul II dans sa condamnation de la contraception et de l’avortement, ou dans ses mises en garde contre les abus liturgiques, à la fin de son pontificat. Sans doute n’est-il pas allé assez loin, puisqu’il n’a pas rétabli l’ancien rite ; il n’en reste pas moins qu’il a agi en vue du bien commun en réprimant certains des abus de la liturgie moderne et que ses sujets auraient dû lui obéir sur ce point, ce qui n’a que rarement été fait, au moins en France. On a un autre exemple de 5 En effet, le terme d’ « acte second » est traditionnellement utilisé pour désigner les actions. 6
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| | | luernos Sénéchal
Nombre de messages : 1588 Date d'inscription : 27/08/2006
| Sujet: Re: les pape conciliaires seraient "imparfaits" Jeu 3 Juil - 21:19 | |
| l’autorité que conservent les décisions des papes en acte imparfait dans la condamnation par Jean XXII des thèses attribuées non sans raison parfois Maître Eckhart : en dépit des erreurs personnelles de Jean XXII, cette condamnation a toujours été considérée comme infaillible par les théologiens, quoique certains modernistes, et même certains traditionalistes, ne semblent guère se considérer comme obligés en conscience d’en tenir compte6. C’est pourquoi les papes en acte imparfait ne sont pas seulement papes en acte premier, mais aussi en acte second, quoique de manière imparfaite. Une autre différence entre notre hypothèse et la thèse de Cassiciacum est que selon notre hypothèse, il convient au canon de la messe de citer le nom du pape en acte imparfait sous peine de schisme au moins matériel, alors qu’une telle idée est rejetée avec vigueur par les défenseurs de la thèse de Cassiciacum. Ajoutons pour nuancer notre position que si la thèse de Cassiciacum prise en elle-même nous semble à rejeter au moins en ce qui concerne les papes actuels7, elle peut néanmoins avec bonheur être transposée analogiquement pour caractériser le second Concile du Vatican. On pourrait en effet légitimement avancer l’idée que Vatican II est matériellement un concile oecuménique, mais que formellement, il ne possède pas l’autorité d’un concile oecuménique. Cette idée pourrait d’ailleurs également être appliquée à de faux conciles antérieurs, spécialement au concile janséniste de Pistoie. Pour des 6 Nous ne voulons pas nier du reste, les mérites du maître rhénan : néanmoins, il nous semble que ses ouvrages ne sont guère profitables que si l’on est averti contre les erreurs qu’ils contiennent. 7 On pourrait éventuellement l’appliquer au cas d’un pape qui enseignerait des erreurs dans le cadre de son magistère extraordinaire, mais comme nous le verrons, il ne nous semble pas que tel soit le cas des papes actuels. 7 raisons que nous avons évoqués ailleurs8, il nous semblerait insuffisant de qualifier seulement le Concile Vatican II de « concile en acte imparfait », encore que cette appellation pourrait s’employer pour désigner des conciles légitimes pour l’essentiel mais convoqués irrégulièrement ou erronés sur certains points, malgré leur orthodoxie dans la majorité des sujets qu’ils abordent. On pourrait par exemple l’appliquer au Concile de Constance, convoqué par le pape de Pise Jean XXIII et favorable, semble-t-il, aux thèses conciliaristes, mais infaillible dans les autres domaines et fort utile à l’Eglise puisqu’il a résorbé un schisme. Autorité des papes « en acte imparfait » En accord avec ce qui a été dit précédemment, on peut avancer l’idée que les papes en acte imparfait conservent leur autorité, mais de manière imparfaite. C’est pourquoi on peut dire de leur magistère ordinaire que c’est un magistère incertain et sujet à l’erreur. C’est ainsi que la lettre d’Honorius Ier au patriarche de Constantinople favorisait l’hérésie sans cependant enseigner formellement d’erreur et ne possédait donc pas d’autorité, si ce n’est sur les points où par hasard elle pouvait confirmer la vraie doctrine. De la même manière, les encycliques des papes récents contiennent un certain nombre d’affirmations discutables voire manifestement fausses, spécialement dans le domaine de l’oecuménisme. Ces erreurs se fondent notamment sur l’idée exprimée dans Vatican II selon laquelle l’Eglise catholique « subsiste dans l’Eglise du Christ ». 8 Cf. notre article sur Les « dogmes » dialectiques de Vatican II. 8 Dans le concile lui-même, les propos de Nostra Ætate sur l’hindouisme sont confondants : « dans l'hindouisme, les hommes scrutent le mystère divin et l'expriment par la fécondité inépuisable des mythes et par les efforts pénétrants de la philosophie ». Or la mythologie hindoue est polythéiste, et pour ce qui est de la philosophie, s’il existe effectivement des penseurs hindous monothéistes ou hénothéistes, les plus célèbres, comme Çankara et Ramanuja sont panthéistes à des degrés divers9. Et nous ne citons même pas les textes du Concile sur le bouddhisme, quoiqu’il soit factuellement plus exact. Au total, le décret Nostra Ætate semble bien enseigner une forme de relativisme, surtout si on le rapproche du § 4 de Dignitatis Humanæ : « les communautés [comprendre : les différentes religions] ne doivent pas être empêchées de manifester librement l’aptitude singulière de leur doctrine à organiser la société et à vivifier toute l’activité humaine. » Cependant, et nonobstant notre hypothèse selon laquelle Vatican II serait seulement un concile matériel, il n’en reste pas moins qu’il contient des parties qui restent conforme à la doctrine traditionnelle et qui de ce fait jouissent d’une certaine autorité, comme le décret Presbyterorum Ordinis sur la formation des prêtres. Par ailleurs, il arrive que Vatican II prenne position dans des débats qui divisaient les théologiens, comme par exemple sur le caractère sacramentel des sacres épiscopaux. Dans ce cas, l’opinion défendue par le concile reçoit de ce fait 9 Il existe même des penseurs traditionnels du système Sankhya qui sont athées. Or ce système n’est pas du tout considéré comme une hérésie par les hindouistes, mais constitue au contraire l’un des six systèmes philosophiques orthodoxes reconnus par cette religion. 9 une certaine confirmation, mais cette confirmation n’est pas absolue ni définitive. En effet, dans le cas des sacres épiscopaux, l’opinion de Vatican II, selon laquelle ils constituent un sacrement est probable, mais jusqu’à déclaration contraire d’un pape de doctrine sure, elle n’est pas certaine, puisque saint Thomas a soutenu la position contraire. Dans le cas des béatifications, quoique celles-ci n’aient jamais été considérées comme infaillibles par les théologiens, il nous semble cependant que du fait de leur solennité, il convient de garder à leur égard un préjugé favorable, hormis le cas d’erreur manifeste (béatification de Jean XXIII10) ou de décision franchement douteuse (béatification de Jean Duns Scot11). Il n’en reste pas moins 10 Rappelons que nous ne rejetons pas a priori la possibilité de la sainteté d’un pape en acte imparfait. On pourrait même trouver des qualités à Jean XXIII, comme le montre l’article de l’abbé Toulza dans le n° 182 de Fideliter. Néanmoins, outre que ses rapports à la franc-maçonnerie sont peut-être moins simple que ne veut l’admettre l’abbé Toulza (cf. par exemple l’article d’Yves Chiron dans le n° 3 de La Nouvelle Revue Certitudes, p. 25 et sq.), l’ascèse du bon pape Jean, qui consistait à se fourrer les poches de petits fours lorsqu’il était nonce à Paris, nous semble faire pâle figure devant celle d’une sainte Edith Stein ou d’un saint Josémaria. Même des progressistes par ailleurs fort enthousiastes pour le bon pape Jean ont dressé de lui un tableau qui est moins celui d’un saint que d’un bon vivant. A tout le moins, la sainteté de Jean XXIII nous semble être fortement sujette à caution, de même que celle de Jean Duns Scot. 11 Il convient de rappeler que Duns Scot, outre ses erreurs sur le plan philosophique, a inventé la théorie de la « consubstantiation » qui selon lui était intrinsèquement aussi probable voir plus probable que la transsubstantiation, et ne devait être rejetée que pour des raisons d’autorité, l’Eglise enseignant la transsubstantiation (cf. Richard Cross, Duns Scotus, Oxford University Press, 1999, pp. 141-142). Or on sait que la théorie de la consubstantiation fut reprise plus tard par les luthériens, qui ne se souciant guère du jugement de l’Eglise, sont 10 que même dans le cas du magistère ordinaire, celui-ci possède une certaine autorité lorsqu’il est conforme à la vérité et aux bonnes moeurs, notamment dans le cas de la condamnation du préservatif et de l’homosexualité. Cette autorité du pape et le fait que les fidèles soient tenus de lui obéir dans les cas évoqués, résulte du fait que le pape reste pape en acte, quoique ce soit en acte imparfait. Le magistère ordinaire des papes en acte imparfait est donc un magistère incertain, mais qui n’en possède pas moins une autorité réelle là où il est conforme à la vérité et au bien commun. Dans ces cas-là on peut encore dire du pape malgré ses défauts ce que le Christ dit à ses apôtres : « Qui vous écoute, m’écoute – qui vous rejette me rejette. » Si le magistère des papes en acte imparfait possède déjà une certaine autorité, quoiqu’il soit sujet à l’erreur, dans le cas du magistère ordinaire, leur magistère extraordinaire conserve a fortiori son autorité propre, c’est-à-dire son infaillibilité. Tel est le cas par exemple des canonisations ou des définitions de l’encyclique Evangelium vitæ condamnant le meurtre d’un innocent (n. 57) et en particulier l’avortement (n. 63)12. On a également passés par-dessus l’argument d’autorité. En outre Duns Scot affirme que malgré l’union hypostatique, le Christ aurait pu ne pas avoir la vision béatifique et que dans ce cas, il aurait pu pécher… (cf. Richard Cross, Duns Scotus, pp. 122-123). Néanmoins Duns Scot était un grand défenseur de la doctrine de l’Immaculée conception de la Vierge Marie et c’est pourquoi la thèse selon laquelle Duns Scot serait bien bienheureux possède malgré tout une certaine probabilité, bien qu’elle demanderait à être confirmée ou infirmée par un pape de doctrine sure. 12 La condamnation de l’euthanasie (n. 65) est sans doute infaillible elle aussi, mais le cas est moins clair, car le pape n’y fait pas allusion à son autorité apostolique. Par ailleurs il faut noter que si cette encyclique contient des enseignements infaillibles, elle contient aussi des conceptions erronées là où elle n’est pas infaillible. 11 | |
| | | luernos Sénéchal
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| Sujet: Re: les pape conciliaires seraient "imparfaits" Jeu 3 Juil - 21:21 | |
| un exemple d’acte infaillible d’un pape en acte imparfait, et pour tout dire d’un pape hérétique dans la condamnation par Jean XXII des thèses attribuées à Maître Eckhart. Certains ont avancé l’idée qu’un pape libéral ne pouvait pas prendre de décisions infaillibles, car il ne pouvait pas avoir l’intention d’obliger ni posséder la notion de l’infaillibilité ; mais cet argument est contredit par les faits En ce qui concerne la canonisation d’Edith Stein, il faut noter que bien que la sympathie que lui a porté Jean Paul II fût peut-être due en partie à son adhésion un mélange de phénoménologie et de philosophie scholastique, la reconnaissance de sa sainteté n’implique nullement la complaisance à l’égard de ses oeuvres philosophiques telles que Etre fini et Etre Eternel, qui d’ailleurs sont moins dangereuses qu’illisibles. Edith Stein a d’autres titres à la sainteté, notamment son dernier livre La science de la Croix, qui est un essai intéressant sur saint Jean de la Croix et qui dénote une vie intérieure élevée. Le cardinal Siri, par ailleurs peu suspect de sympathie vis-à-vis de la nouvelle théologie, a présenté Edith Stein comme « une des plus belles âmes [du XXe] siècle » (cf. Gethsemani, p. 251, où l’on trouve également une citation montrant qu’Edith Stein, en dépit de formation phénoménologique, restait critique vis-à-vis de l’idéalisme de Husserl à partir des Ideen. Il paraîtrait d’ailleurs que même dans Etre fini et Etre Eternel, Edith Stein, malgré son utilisation du vocabulaire phénoménologique, réfuterait un certain nombre de positions de Husserl et globalement se rapprocherait nettement de saint Thomas. Ceci reste à confirmer ; nous avouons n’avoir pas nous même étudié le sujet.). Eu égard à la canonisation de Mgr Escriva de Balaguer, il semble difficile d’y voir « un essai de légitimation du concile » puisque le fondateur de l’Opus Dei a d’abord été fort troublé par le déroulement de Vatican II avant d’être convaincu par son confesseur Alvaro del Portillo de la convergences – réelle sur certains points, imaginaire sur d’autres – entre ses idées et celles du Concile. Du reste, on sait que Cassien (comme d’ailleurs saint vincent de Lérins) était semipélagien. Or les papes Urbain VIII et Benoit XV ont interdit de mettre en doute sa sainteté. Du reste, même le grand saint Augustin s’interrogeait sur la préexistence des âmes ou sur l’existence d’une Ame du monde, ce qui est tout de même plus grave que d’adhérer au principe de la liberté religieuse. 12 puisque Benoît XVI a cessé de célébrer les cérémonies de béatifications en vue de mieux distinguer les béatifications qui ne sont pas infaillibles des canonisations qui le sont13. Or Benoît XVI n’est pas moins libéral qu’un autre, puisqu’il a affirmé le principe de la liberté de conscience dans son discours à la curie du 22 décembre 200514. Au demeurant, de notre point de vue, le fait qu’un pape ait conscience de son infaillibilité en faisant un acte ex cathedra est nettement secondaire : en effet, il n’est pas sur que Pie IX fût déjà certain de son infaillibilité au moment où il promulgua l’encyclique Quanta cura : ce qui n’empêche pas l’infaillibilité des condamnations qui y sont contenues. De même, il est difficile d’affirmer que si des journalistes de Si Si, No No accédaient miraculeusement à la papauté, leurs canonisations cesseraient d’être infaillible et seraient de simples canonisations équipollentes : pourtant, ces journalistes sont persuadés que les canonisations ne sont pas infaillibles (cf. le n° 252). Le critère de l’infaillibilité ne saurait donc reposer sur les convictions subjectives du 13 Certains nous ont répondu que cette raison ne pouvait pas être celle du Vatican, puisqu’il ne croyait plus à l’infaillibilité pontificale. Cependant, d’après le site de La Croix du 14/09/200 : « Par la canonisation, en revanche, le bienheureux est déclaré saint, et son culte s’impose à toute l’Église. Il faut ajouter, comme l’a écrit le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation des causes des saints, que dans les canonisations l’Église agit « sur une décision ayant caractère définitif et préceptif pour toute l’Église en engageant le Magistère solennel du pontife romain ». Ce n’est pas le cas des béatifications. » Contra factum non valet argumentum. 14 Il est vrai que même des traditionalistes n’hésitent pas à affirmer que l’Eglise enseignait la liberté de conscience, comme le Savoir et servir n° 70, p. 57. Sans doute cette revue a-t-elle confondue la « liberté de conscience » que l’Eglise condamne avec la « liberté des consciences » que l’Eglise enseigne depuis Léon XIII. 13 sujet de l’infaillibilité : il repose au contraire dans le cas du pape sur le charisme d’infaillibilité dont il est muni et sur le fait qu’il pose son acte solennel en utilisant au moins implicitement son autorité apostolique. Or sur la question de l’avortement, Jean-Paul II a employé explicitement son autorité apostolique ; et sur celle des canonisations, même Si Si, No No qui nie l’infaillibilité des canonisations fait remarquer que Jean-Paul II fait mention explicitement de son autorité apostolique dans ses actes de canonisations. On pourrait cependant élever une objection plus sérieuse contre l’infaillibilité des papes conciliaires : c’est que normalement, un pape est infaillible également dans ses décisions en matière liturgique et dans l’édiction d’un code de droit canon. Or il est clair que des erreurs ont été commises aussi bien dans la réforme liturgique de 1969 que dans la rédaction du nouveau code de droit canon. Ces deux points restent à la vérité assez mystérieux, mais on peut néanmoins formuler des hypothèses pour essayer de les expliquer. Premièrement, on peut remarquer que contrairement à ce qui a été affirmé par la suite, la bulle de Paul VI mettant en vigueur le nouveau rite ne le rend pas obligatoire : or les décisions infaillibles sont des décisions obligatoires, de sorte qu’on a une raison de penser que le nouveau rite ne jouit pas de l’infaillibilité, d’autant plus qu’il possède de sérieuses insuffisances, comme l’ont montré les cardinaux Ottaviani et Bacci dans leur Bref examen critique. La possibilité de ces insuffisances pourrait s’expliquer de différentes manières, soit par le fait que cette réforme a été faite en application des décisions d’un concile simplement matériel, soit par le fait qu’elle a été promulguée par un pape en acte imparfait, soit par toute autre raison. Une autre explication vient de la 14 constatation du fait que même avant Vatican II, certains uniates célébraient dans leur liturgie la fête de saints orthodoxes et même celle de Grégoire Palamas, qui est peut-être au ciel en vertu de l’ignorance invincible mais qui n’est très vraisemblablement pas un saint s’il faut en juger par sa doctrine15. Ceci implique que si la liturgie est infaillible dans certains cas, par exemple dans la substance du missel édicté par saint Pie V, elle ne l’est pas toujours en tout point. Ce qui laisse entrevoir la possibilité de déviations liturgiques telles que celles que nous connaissons depuis Vatican II. Quant au code de droit canon, il conviendrait de mener des réflexions plus approfondies à son sujet. On peut cependant remarquer que la premier code de droit canon remontant seulement à 1917, l’opinion selon laquelle les codes de droit canon sont infaillibles est plus récente et donc plus incertaine que celle portant sur l’infaillibilité des rites liturgiques. Il est certain cependant que les papes sont, en règle générale, infaillibles dans l’approbation définitive des règles de nouveaux instituts, alors qu’il semble bien que certains papes conciliaires aient approuvé des communautés nouvelles sans faire 15 Grégoire Palamas est à l’origine de la théorie orthodoxe selon laquelle les attributs divins ou « énergies divines » sont réellement distincts de l’essence de Dieu, qui lui sont inférieures, et seront l’objet de la vision béatifique, celle-ci ne permettant pas de voir l’essence de Dieu elle-même. En outre, il a rejeté très nettement la notion catholique de grâce créée, car pour lui, la grâce n’est pas distincte du Saint Esprit lui-même, envisagé non comme Personne mais comme énergie divine. Certains théologiens ont aussi vu un germe de panthéisme dans sa doctrine de la divinisation, qui est liée à celle de la grâce. La théologie orthodoxe moderne est largement tributaire de la pensée de Grégoire Palamas, même si encore au XIX 9e siècle, certains théologiens russes rejetaient la majorité de ses doctrines. 15 | |
| | | luernos Sénéchal
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| Sujet: Re: les pape conciliaires seraient "imparfaits" Jeu 3 Juil - 21:22 | |
| preuve d’un discernement suffisant. Ceci est possible du fait que ses approbations ont un caractère avant tout disciplinaires, bien qu’elles touchent indirectement la foi et les moeurs, et n’est pas suffisant pour remettre en cause l’autorité de ces papes en des matières plus directement liées au dogme ou à la morale, comme pour la condamnation de l’avortement ou la canonisation des saints16. On peut sur ce point s’appuyer sur l’autorité de Newman qui disait, dans la 4e édition de The Arians, p. 445 : Le pape Libère à Sirmium et un grand nombre d’évêques à Rimini et ailleurs, ont souscrit la formule eusébienne : une telle erreur ne les empêchait pas d’être infaillibles dans leur enseignement solennel17. Par ailleurs, concernant non plus le magistère extraordinaire des papes en acte imparfait, mais les consignes pratiques qu’ils peuvent donner, il convient d’y obéir lorsqu’elles sont conformes au bien commun et d’y désobéir dans les autres cas. C’est ainsi qu’il convenait de désobéir aux consignes de Paul VI concernant la célébration du nouveau rite, mais d’obéir aux dernières recommandations de Jean-Paul II concernant le respect dû 16 Cet argument pourrait d’ailleurs aussi s’appliquer au cas de la liturgie et du droit canon. 17 Cité dans John Henri cardinal Newman, Pensées sur l’Église, éd. du Cerf, coll. Unam Sanctam, n. 30, 1956, p.422, n. 1. On pourra objecter à cet argument que la formule eusébienne n’est pas hérétique mais seulement insuffisante : cependant la faiblesse de cet argument apparaît d’une part par le fait que le nouveau rite non plus n’est généralement pas hérétique, mais seulement insuffisant, d’autre part par cet autre fait que ceux qui ont demandé au pape Libère de souscrire à cette formule n’avaient nullement l’intention de confirmer par là les éléments de vérités qui y étaient contenus, mais plutôt de révoquer en doute les dogmes qui en étaient absents. 16 à la liturgie, ou à ses mises aux points sur la contraception. Sur les questions indifférentes, il peut être selon le cas et les circonstances loisible soit d’obéir soit de désobéir. Dans le cas, où, comme lors du grand schisme d’occident, il y a simultanément plusieurs papes en acte imparfait, il est loisible d’obéir à l’un ou à l’autre, mais il est préférable de citer le nom de chacun au canon de la messe. Du reste si un pape en acte imparfait montre de graves défaillances, il peut être licite d’en élire un second pour régler des questions urgentes, à condition de reconnaître la légitimité du premier et de citer chacun des deux au canon de la messe. Dans ce cas, le nouveau pape ne serait luimême pape qu’en acte imparfait, quelle que soit la solidité de sa doctrine, en raison de la légitimité possédée malgré tout par le pape concurrent. Annexe sur la condamnation de l’avortement dans Evangelium vitae Il nous a été objecté que la condamnation de l’avortement par l’encyclique Evangelium vitae ne saurait être infaillible et pour tout dire, n’avait aucune autorité, car elle repose sur la thèse moderniste de la dignité de la personne et non sur le fait que l’avortement constitue un crime contre Dieu. Cette objection ne nous semble pas devoir être retenue. En effet, l’encyclique de Paul VI contre la contraception reposait en partie sur l’idée selon laquelle la contraception visait à empêcher les pays du tiers-monde d’avoir davantage d’enfants, souci démographique qui semblait visiblement non avenu pour Paul VI18. Pour autant, le cardinal Ottaviani considérait 18 Sans doute, il y a du vrai dans le point de vue de Paul VI : en effet, il est indéniable que certaines institutions internationales telles que le 17 cette encyclique comme jouissant de l’infaillibilité du Magistère Ordinaire Universel et la revue Si Si, No No s’est rallié à cette opinion. Or si de telles considérations n’empêchent pas l’infaillibilité d’un texte relevant du magistère ordinaire, a fortiori elles n’empêchent a fortiori pas l’infaillibilité d’un texte relevant manifestement du magistère extraordinaire. Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut bien considérer selon nous, c’est que bien que certains passages de l’encyclique de Jean-Paul II manifestent un humanisme assez naïf et ne sont nullement infaillibles, ceux contenant les condamnations ex cathedra se réfèrent à la tradition de l’Eglise et à la « Loi de dieu, écrite dans le coeur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l’Eglise. » (n. 62) En outre, quoiqu’elle soit ici mêlée d’un humanisme parfois peu clairvoyant, preuve d’un discernement suffisant. Ceci est possible du fait que ses approbations ont un caractère avant tout disciplinaires, bien qu’elles touchent indirectement la foi et les moeurs, et n’est pas suffisant pour remettre en cause l’autorité de ces papes en des matières plus directement liées au dogme ou à la morale, comme pour la condamnation de l’avortement ou la canonisation des saints16. On peut sur ce point s’appuyer sur l’autorité de Newman qui disait, dans la 4e édition de The Arians, p. 445 : Le pape Libère à Sirmium et un grand nombre d’évêques à Rimini et ailleurs, ont souscrit la formule eusébienne : une telle erreur ne les empêchait pas d’être infaillibles dans leur enseignement solennel17. Par ailleurs, concernant non plus le magistère extraordinaire des papes en acte imparfait, mais les consignes pratiques qu’ils peuvent donner, il convient d’y obéir lorsqu’elles sont conformes au bien commun et d’y désobéir dans les autres cas. C’est ainsi qu’il convenait de désobéir aux consignes de Paul VI concernant la célébration du nouveau rite, mais d’obéir aux dernières recommandations de Jean-Paul II concernant le respect dû 16 Cet argument pourrait d’ailleurs aussi s’appliquer au cas de la liturgie et du droit canon. 17 Cité dans John Henri cardinal Newman, Pensées sur l’Église, éd. du Cerf, coll. Unam Sanctam, n. 30, 1956, p.422, n. 1. On pourra objecter à cet argument que la formule eusébienne n’est pas hérétique mais seulement insuffisante : cependant la faiblesse de cet argument apparaît d’une part par le fait que le nouveau rite non plus n’est généralement pas hérétique, mais seulement insuffisant, d’autre part par cet autre fait que ceux qui ont demandé au pape Libère de souscrire à cette formule n’avaient nullement l’intention de confirmer par là les éléments de vérités qui y étaient contenus, mais plutôt de révoquer en doute les dogmes qui en étaient absents. 16 à la liturgie, ou à ses mises aux points sur la contraception. Sur les questions indifférentes, il peut être selon le cas et les circonstances loisible soit d’obéir soit de désobéir. Dans le cas, où, comme lors du grand schisme d’occident, il y a simultanément plusieurs papes en acte imparfait, il est loisible d’obéir à l’un ou à l’autre, mais il est préférable de citer le nom de chacun au canon de la messe. Du reste si un pape en acte imparfait montre de graves défaillances, il peut être licite d’en élire un second pour régler des questions urgentes, à condition de reconnaître la légitimité du premier et de citer chacun des deux au canon de la messe. Dans ce cas, le nouveau pape ne serait luimême pape qu’en acte imparfait, quelle que soit la solidité de sa doctrine, en raison de la légitimité possédée malgré tout par le pape concurrent. Annexe sur la condamnation de l’avortement dans Evangelium vitae Il nous a été objecté que la condamnation de l’avortement par l’encyclique Evangelium vitae ne saurait être infaillible et pour tout dire, n’avait aucune autorité, car elle repose sur la thèse moderniste de la dignité de la personne et non sur le fait que l’avortement constitue un crime contre Dieu. Cette objection ne nous semble pas devoir être retenue. En effet, l’encyclique de Paul VI contre la contraception reposait en partie sur l’idée selon laquelle la contraception visait à empêcher les pays du tiers-monde d’avoir davantage d’enfants, souci démographique qui semblait visiblement non avenu pour Paul VI18. Pour autant, le cardinal Ottaviani considérait 18 Sans doute, il y a du vrai dans le point de vue de Paul VI : en effet, il est indéniable que certaines institutions internationales telles que le 17 cette encyclique comme jouissant de l’infaillibilité du Magistère Ordinaire Universel et la revue Si Si, No No s’est rallié à cette opinion. Or si de telles considérations n’empêchent pas l’infaillibilité d’un texte relevant du magistère ordinaire, a fortiori elles n’empêchent a fortiori pas l’infaillibilité d’un texte relevant manifestement du magistère extraordinaire. Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut bien considérer selon nous, c’est que bien que certains passages de l’encyclique de Jean-Paul II manifestent un humanisme assez naïf et ne sont nullement infaillibles, ceux contenant les condamnations ex cathedra se réfèrent à la tradition de l’Eglise et à la « Loi de dieu, écrite dans le coeur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l’Eglise. » (n. 62) En outre, quoiqu’elle soit ici mêlée d’un humanisme parfois peu clairvoyant, l’affirmation de la dignité de la personne humaine n’est nullement moderniste, mais correspond à la pensée même de saint Thomas. Celui-ci affirme en effet dans le De potentia : « Magna dignitas est subsistere in natura rationali19. » Or le fait de subsister dans une nature rationnelle est le propre des personnes (et aussi des âmes séparées, qui ne sont pas à proprement parler des personnes, mais qui sont destinées à l’être de nouveau après la résurrection). Saint Thomas dit en effet : « Personna dicitur substantia completa in natura intellectuali subsistens20. » En outre, saint Thomas dit explicitement dans la Somme théologique : « Personna F.M.I. ont exercé des pressions odieuses sur les pays du tiers-monde pour leur imposer la contraception. Il n’en reste pas moins qu’il est permis de se demander si ces pays n’avaient pas par ailleurs de bonnes raisons d’assurer par des moyens plus chrétiens la maîtrise de leur démographie. 19 De pot. q. 9, a. 1 ad 3um. 20 In I Sent. d. 23, q. 1, a. 2, ad 3um. 18 significat id quod est perfectissimum in tota natura, scilicet subsistentia in natura rationali21. » On pourrait ajouter que la personne, par son intelligence et sa volonté, est créée à l’image de Dieu, ce qui n’est pas le cas des pierres ou des arbres et qu’elle est l’enfant de Dieu selon la paternité de création22. Il est donc parfaitement légitime d’argumenter contre l’avortement en se fondant sur la dignité humaine, même si l’argument de la dignité humaine a aussi été utilisé à mauvais escient en faveur de la liberté religieuse : abusum non tollit usum. Il est vrai que la manière dont cette argumentation est présentée dans l’encyclique est parfois quelque peu naïve23, mais cela n’enlève rien à l’infaillibilité du passage dans lequel le pape parle ex cathedra. Notons d’ailleurs que les polémistes catholiques qui ont eu à défendre la position de 21 Ia, q. 23, a. 3. Les références précédentes sont extraites de Léon Elders, s.v.d., La philosophie de la nature de saint Thomas d’Aquin, Téqui, 1994, p. 343. | |
| | | luernos Sénéchal
Nombre de messages : 1588 Date d'inscription : 27/08/2006
| Sujet: Re: les pape conciliaires seraient "imparfaits" Jeu 3 Juil - 21:32 | |
| 22 On distingue en Dieu la paternité de création, qui s’étend à tous les hommes, de la paternité de grâce, qui s’étend au seul baptisés. C’est en vertu de la paternité de création que même une personne qui n’est ni baptisée, ni en état de grâce peut reprendre à son compte les paroles du Notre Père, ce qui lui serait bien impossible en vertu de la seule paternité de grâce. Il est vrai cependant qu’entre la paternité de création et la paternité de grâce il n’y a qu’une unité analogique et que la paternité de grâce est beaucoup plus profonde que la seule paternité de création. 23 La naïveté de cette encyclique se manifeste également dans les passages où Jean-Paul II traite avec beaucoup de sincérité mais peutêtre pas assez de clairvoyance de la peine de mort : cependant, il apparaît du premier coup d’oeil que ces passages relèvent du seul magistère authentique, ce qui explique que des erreurs aient pu s’y introduire, ainsi que dans certaines considérations préliminaires sur l’avortement, tandis que d’autres passages sur l’avortement, par leur rappel très net de la doctrine traditionnelle, relèvent clairement du magistère ordinaire universel et se concluent par une définition ex cathedra qui relève quant à elle du magistère extraordinaire. 19 l’Eglise en matière d’avortement ont toujours utilisé l’argument consistant à montrer que l’embryon est bien un être humain. Cela a notamment été le cas de Tertullien dans les premiers siècles de l’Eglise, qui disait : « Il est déjà un homme, celui qui est destiné à le devenir. » par Antoine Mallécot 20. Celui-ci affirme en effet dans le De potentia : « Magna dignitas est subsistere in natura rationali19. » Or le fait de subsister dans une nature rationnelle est le propre des personnes (et aussi des âmes séparées, qui ne sont pas à proprement parler des personnes, mais qui sont destinées à l’être de nouveau après la résurrection). Saint Thomas dit en effet : « Personna dicitur substantia completa in natura intellectuali subsistens20. » En outre, saint Thomas dit explicitement dans la Somme théologique : « Personna F.M.I. ont exercé des pressions odieuses sur les pays du tiers-monde pour leur imposer la contraception. Il n’en reste pas moins qu’il est permis de se demander si ces pays n’avaient pas par ailleurs de bonnes raisons d’assurer par des moyens plus chrétiens la maîtrise de leur démographie. 19 De pot. q. 9, a. 1 ad 3um. 20 In I Sent. d. 23, q. 1, a. 2, ad 3um. 18 significat id quod est perfectissimum in tota natura, scilicet subsistentia in natura rationali21. » On pourrait ajouter que la personne, par son intelligence et sa volonté, est créée à l’image de Dieu, ce qui n’est pas le cas des pierres ou des arbres et qu’elle est l’enfant de Dieu selon la paternité de création22. Il est donc parfaitement légitime d’argumenter contre l’avortement en se fondant sur la dignité humaine, même si l’argument de la dignité humaine a aussi été utilisé à mauvais escient en faveur de la liberté religieuse : abusum non tollit usum. Il est vrai que la manière dont cette argumentation est présentée dans l’encyclique est parfois quelque peu naïve23, mais cela n’enlève rien à l’infaillibilité du passage dans lequel le pape parle ex cathedra. Notons d’ailleurs que les polémistes catholiques qui ont eu à défendre la position de 21 Ia, q. 23, a. 3. Les références précédentes sont extraites de Léon Elders, s.v.d., La philosophie de la nature de saint Thomas d’Aquin, Téqui, 1994, p. 343. 22 On distingue en Dieu la paternité de création, qui s’étend à tous les hommes, de la paternité de grâce, qui s’étend au seul baptisés. C’est en vertu de la paternité de création que même une personne qui n’est ni baptisée, ni en état de grâce peut reprendre à son compte les paroles du Notre Père, ce qui lui serait bien impossible en vertu de la seule paternité de grâce. Il est vrai cependant qu’entre la paternité de création et la paternité de grâce il n’y a qu’une unité analogique et que la paternité de grâce est beaucoup plus profonde que la seule paternité de création. 23 La naïveté de cette encyclique se manifeste également dans les passages où Jean-Paul II traite avec beaucoup de sincérité mais peutêtre pas assez de clairvoyance de la peine de mort : cependant, il apparaît du premier coup d’oeil que ces passages relèvent du seul magistère authentique, ce qui explique que des erreurs aient pu s’y introduire, ainsi que dans certaines considérations préliminaires sur l’avortement, tandis que d’autres passages sur l’avortement, par leur rappel très net de la doctrine traditionnelle, relèvent clairement du magistère ordinaire universel et se concluent par une définition ex cathedra qui relève quant à elle du magistère extraordinaire. 19 l’Eglise en matière d’avortement ont toujours utilisé l’argument consistant à montrer que l’embryon est bien un être humain. Cela a notamment été le cas de Tertullien dans les premiers siècles de l’Eglise, qui disait : « Il est déjà un homme, celui qui est destiné à le devenir. » par Antoine Mallécot 20 | |
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