| Gesta Dei Per Francos Regnum Galliae, Regnum Mariae ! |
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| Père de Clorivière S.J. | |
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Abbé Grossin Sénéchal
Nombre de messages : 1023 Localisation : Par grâce et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir...dans la beauté ! Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Père de Clorivière S.J. Ven 26 Jan - 17:28 | |
| Les étapes de sa vie : sa vocation
Pierre-Joseph Picot de Clorivière naquit en 1735 à Saint-Malo. Il fit ses études au Collège Louis-le-Grand où il fut condisciple de Voltaire. Son orientation dans la vie ne se détermina qu'assez tard après un bref embarquement sur un navire de la Compagnie des Indes... et quelques études de droit. C'est à 21 ans, après avoir entendu la messe et avoir communié qu'il eut soudain la grâce très lumineuse et certaine de se savoir attendu par Dieu, sous la protection de Saint Ignace et de Saint François-Xavier, à Son service dans la Compagnie de Jésus.
Entré au noviciat la veille de l'Assomption 1756, il fit deux ans plus tard ses premiers voeux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et se lia ainsi indéfectiblement à la Compagnie de Jésus, cette vaillante Compagnie déjà si persécutée par les artisans des "idées nouvelles".
La Compagnie de Jésus, première victime de la Révolution
1762 : Un arrêt du Parlement de Paris ordonne la fermeture des Collège de Jésuites. La vie errante commence. Clorivière est envoyé à Liège... puis à Cologne où il reçoit les Ordres le 2 octobre 1763.
La menace dans le monde, et plus spécialement en France, se précise, qui aboutit le 21 juillet 1773 à la dissolution de la Compagnie, lorsque le Père de Clorivière est admis au nombre des profès à prononcer les quatre vœux, dont le quatrième est celui d'obéissance au Saint-Siège et de service spécial du Pape.
Toute sa vie ne sera désormais qu'un magnifique perfectionnement dans la réalisation de ces vœux. Les fils de saint Ignace ne sont-ils pas les sentinelles avancées de l'Eglise ?
La Révolution a progressé à la faveur du libertinage des mœurs, du libre examen, du sarcasme voltairien, du sentimentalisme rousseauiste ; les Jésuites s'y opposent par l'austérité de leur discipline, leur fidélité à Rome, leur solidité doctrinale.
Avec saint Jérôme ils répètent que « la Foi pure ne souffre aucun retard et dès que le scorpion paraît, il doit être écrasé ».
Quelle coexistence peut-il y avoir entre deux armées totalement fidèles à des principes aussi contraires ?
La Révolution passe à l'action : les Jésuites sont les premières victimes de la grande tourmente qui commence. En France surtout, le complot des sociétés secrètes se resserre et l'on sait quelle place de choix les " philosophes " assignent à leur ennemi : l'Ordre des Jésuites, cette compagnie d'élite du Pape.
Cela commence par une immense campagne de calomnie, habilement orchestrée par la conjuration internationale des sectes. Elles trouvent des alliés inconscients dans la faiblesse des Cours européennes, les concessions coupables, le libéralisme des idées. On obtient alors la fermeture des écoles... puis l'interdiction des Communautés. C'est finalement l'attaque généralisée, habilement conduite de tous les points d'Europe à la fois.
Clément XIII tint bon, mais Clément XIV trompé, effrayé par les assauts redoublés céda. Le bref Dominus ac redemptor, signé le 21 juillet 1773, n'est promulgué à Rome que deux mois plus tard. Entre temps, le 15 août, Pierre de Clorivière se lie définitivement à cette Compagnie dont la cause paraît humainement désespérée.
Il épouse dès lors la vie errante des proscrits qui le mène à Bruxelles d'où il est chassé en septembre 1775... à Paris, où il partage sa vie entre le Carmel Saint-Denis (1) et les ermites de cette " montagne de Paris ". La Révolution devait mettre un terme à la tradition millénaire et balayer ces derniers anachorètes d'Occident.
Le Père de Clorivière écrit alors son " Directoire spirituel ", traité abrégé de l'oraison où les ermites reçoivent son enseignement sur les états de quiétude, les extases et les ravissements des plus hauts degrés de l'oraison auxquels il était parvenu, lui-même, au dire de ses compagnons.
Fin 1779, le Père quitte Paris, appelé par l'évêque de son pays natal qui lui confie la paroisse de Paramé où il combat victorieusement le Jansénisme. C'est à cette époque qu'il se trouve subitement guéri d'une infirmité dont il demandait depuis son enfance au Ciel de le libérer : son bégaiement. Il peut dès lors se livrer à cet apostolat de l'enseignement vers lequel il s'est toujours trouvé spécialement porté ; inlassablement, il dénonce les auteurs de la Révolution, attaquant en chaire « les philosophes » dont il discerne à travers le verbiage la perversité des doctrines. René Bazin cite (2) notamment ce passage de l'un de ses discours en faisant remarquer son caractère quasi-prophétique : « si jamais par un juste châtiment de notre tiédeur, Dieu permettait que cette philosophie prévalût, que la voie de Jésus-Christ fût exilée, le flambeau presque éteint, alors vous verriez les ténèbres du paganisme couvrir de nouveau la terre. Ses temples détruits ou changés en temples d'idoles, le vice régner à découvert, le sang des fidèles couler de nouveau et ensanglanter les autels. Priez mes frères, je le répète, veillez sur vous-mêmes, craignez, instruisez-vous de votre religion. »
Dernière édition par le Ven 26 Jan - 17:32, édité 1 fois | |
| | | Abbé Grossin Sénéchal
Nombre de messages : 1023 Localisation : Par grâce et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir...dans la beauté ! Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Père de Clorivière S.J. Ven 26 Jan - 17:29 | |
| Sa vie cachée pendant la tourmente
Mais les événements révolutionnaires se précipitent : suppression par l'Assemblée des vœux de religion et du fait même suppression des ordres religieux... ordre aux fonctionnaires, et par assimilation aux ecclésiastiques, de prêter serment de fidélité à la Nation, au roi, à la Constitution future. Clorivière repousse le serment et attaque en chaire les lois impies. On le dénonce, il refuse de se rétracter. On l'expulse de la ville, le forçant à reprendre ses pérégrinations errantes, pour aboutir finalement dans une cachette de la rue Cassette à Paris, tout près des Carmes où, le 2 septembre 1792, plus de deux cent prêtres sont massacrés en haine de la religion. C'est dans cette cachette qu'il prie et écrit. Ses amis louent alors sa prudence : aucune bravade inutile, en effet, de sa part ; n'est-ce pas une forme très remarquable du courage et de l'espérance que de renoncer à participer à l'événement lorsqu'il n'apparaît pas possible d'y exercer une action directement efficace, et de se livrer à fond, de tous ses moyens, à la préparation des conditions nécessaires à la future reconstruction ? La Révolution bat son plein. Elle corrompt les âmes et les intelligences. Elle pille, elle tue. Clorivière porte, comme il le peut, secours à tous ceux qu'il peut atteindre, mais surtout il réfléchit et rédige quantité d'études qui peuvent aujourd'hui nous apporter le plus grand profit. Il faut citer surtout : "Vue sur le temps présent et sur les temps à venir" et une étude sur les "doctrines de la Déclaration des droits de l'homme".
Le Serviteur de Dieu empêché de participer directement au sauvetage de la Société, se fait au fond de sa cachette l'artisan des temps plus lointains où l'on pourra entreprendre d'une façon plus organique, plus systématique et plus lucide, le combat contre la Révolution. René Bazin dit à ce sujet : « Il est de ceux, bien rares, que la Révolution n'a pas trompés en un seul moment, et de ceux plus rares encore qui savent qu'on ne la trompe pas ; il faut la combattre et l'abattre. Les finasseries ne servent de rien. Il a vu, comme Joseph de Maistre, et il a dit qu'elle est satanique ; il a signalé ses causes prochaines, libertinage de l'esprit, libertinage des mœurs, complicité des peureux, demi-mesures et tentatives imprudentes de conciliation des esprits faibles, car la Révolution se fait faire des concessions de principes et ne renonce jamais à aucun des siens ; tout au plus en suspend-elle l'exécution. Pierre de Clorivière aperçoit un autre caractère de ces événements qui bouleverse la plus belle nation du monde : il annonce que la Révolution franchira les limites du pays où elle a été d'abord organisée par la franc-maçonnerie ; elle est "générale".» (3)
Lorsque viennent les jours meilleurs, Clorivière peut quitter sa rue Cassette, et on le trouve jusqu'en 1804 voyageant à travers la France, notamment en Provence prêchant les Exercices de saint Ignace et des Missions. | |
| | | Abbé Grossin Sénéchal
Nombre de messages : 1023 Localisation : Par grâce et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir...dans la beauté ! Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Père de Clorivière S.J. Ven 26 Jan - 17:30 | |
| Son « internement administratif »
Mais n'oublions pas que lors même qu'elle a rentré ses griffes, la Révolution sait reconnaître et poursuivre ses véritables ennemis... Elle est par ailleurs tenace dans sa haine et sa rancune : le Père de Clorivière arrêté en mai 1804, par ordre du Premier Consul, est gardé prisonnier jusqu'en 1809. Que lui reproche-t-on ? Il n'en saura rien officiellement, puisqu'il ne sera jamais appelé devant aucun tribunal. Son arrestation est des plus arbitraires... Il est "suspect", en raison de sa parenté très voisine avec un bon nombre de Chouans bretons qui luttèrent en Bretagne pour la défense de leur foi, et c'est là un prétexte suffisant.
" Peut-il y avoir de sort plus honorable que celui qui donne plus de ressemblance avec Jésus souffrant et humilié", écrit-il alors, lui qui sait lire à travers l'arbitraire du Pouvoir l'expression de la volonté divine.
La divine Providence, en effet, a bien ses vues, car il est sorti de ces années d'emprisonnement des travaux imposants qu'il faudra également un jour exhumer : "Explication des épîtres de Saint Pierre", publiées en 1809, "Commentaire sur l'Apocalypse" commencé dans le réduit de la rue Cassette et auquel il dit avoir dépensé près de vingt années. « J'avais lu diverses fois, disait-il, des commentaires sur l'Apocalypse elle-même sans y trouver ce que j'y cherchais l'histoire prophétique de l'Eglise. Dix années s'écoulèrent sans qu'il me vint seulement à l'esprit de percer les ténèbres de ce livre, mais la Révolution arriva ; je crus y voir des indices de la défection de la gentilité chrétienne. Les horreurs auxquelles on s'est porté contre notre sainte religion, le massacre des prêtres en 1792, me confirmèrent dans cette pensée... »
Dans les « Méditations sur l'Apocalypse » on trouve ces lignes : « Il ne paraît pas douteux que dans l'âge où nous entrons il doive se produire de grands changements qui entraîneront aussi de grands devoirs à remplir... Ceux qui seront témoins des événements qui doivent se dérouler seront en état de précautionner les fidèles... »
« ... La Révolution que nous avons vu se déchaîner présente, indiqués d'avance par les saints Livres, trois principaux caractères. Elle a été subite, elle est grande, elle sera générale. Par son objet elle s'étend à tout, rien n'est respecté, pas même les premiers principes de la loi naturelle. Les idées les plus universelles sont comptées pour rien ; et les droits les plus imprescriptibles violés pour en forger de nouveaux; ces droits nouveaux tendent à la suppression de toute espèce de joug naturel, religieux, divin même, comme à l'abolition de tout pouvoir légitime; quoique la destruction totale de la religion chrétienne soit le but principal que se proposent dans la Révolution présente les puissances des ténèbres ainsi que les agents en chef dont elle se sert pour l'opérer, cependant c'est avec le soin de ne pas montrer au grand jour cette intention perverse. On la laisse seulement entrevoir assez pour encourager les hommes sans mœurs et sans religion, et on ne fait entrer dans le secret que ceux dont on se croit bien assurés. » Et toujours le Père de Clorivière revient sur l'impérieux devoir de combattre la Révolution. Il semble qu'il soit plus terrifié par la pusillanimité des bons que par la perversité de l'ennemi. Aussi rappelle-t-il les grâces d'exception réservées aux troubles exceptionnels. L'histoire dévoilera des faveurs divines « entremêlées aux calamités publiques ».
René Bazin écrit : « De surprenantes clartés illuminent ces textes. Nous n'avons pas le droit de les qualifier de prophétiques, mais ne peut-on pas parler de la clairvoyance du génie philosophique uni à la sainteté ? Après l'épreuve sanglante qu'il a traversée, Clorivière en aperçoit une autre, « plus terrible encore, lorsque les chrétiens devenus infidèles ne se contenteront point de renoncer à quelques points de la religion catholique, mais les attaqueront tous à la fois. Quelques désirables qu'il soit que ceux qui, alors, garderont le dépôt de la Foi, aient toute une égale constance, une parfaite unanimité, on ne peut l'espérer tout à fait... Les Souverains Pontifes ne se borneront pas à exhorter vivement et d'une manière touchante ces incroyants qui paraîtront tenir encore extérieurement à l'Eglise, mais ils lanceront contre eux l'anathème, parce que l'Eglise qui aura longtemps souffert dans son sein ses membres gangrenés, voulant préserver ses autres enfants d'une contagion d'autant plus dangereuse qu'ils sont exposés à être trompés par l'extérieur d'un même culte, sentira la nécessité de rejeter ceux qui s'obstineront dans leurs erreurs. » | |
| | | Abbé Grossin Sénéchal
Nombre de messages : 1023 Localisation : Par grâce et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir...dans la beauté ! Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Père de Clorivière S.J. Ven 26 Jan - 17:31 | |
| La reconstitution de la Compagnie de Jésus en France
Le Père de Clorivière avait 74 ans lorsqu'il fut libéré en avril 1809 de son « internement administratif ». Commença alors une dernière étape de son existence qui eût justifié à elle seule la disponibilité et les forces d'un homme de 40 ans : En août 1814 Pie VII publiait la Bulle « Solicitudo omnium ecclesiarum » rétablissant la Compagnie de Jésus dans tout l'univers. Le Père eut alors à organiser la reconstitution de la Compagnie en France, qu'il dirigea jusqu'à l'âge de 83 ans, abandonnant la direction de la province de France dont il s'occupa de 1809 à 1814 et qui comprenait alors 75 prêtres, 28 scolastiques, 44 frères coadjuteurs.
Six ans plus tard, Dieu le rappelait à lui.
Voici comment René Bazin relate ses derniers instants : le 9 janvier 1820, s'étant levé un peu plus tôt que d'habitude ... ( il s'est toujours levé à 3 heures du matin! ), « il descendit malgré le froid très vif dans la chapelle domestique pour faire sa visite au Saint-Sacrement ... Au bout de peu de temps il fléchit sur lui-même ... Pierre de Clorivière, bon combattant, ami fidèle de Dieu, était mort en adoration » (10) | |
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